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STRASBOURG (MPE-Média) - La secrétaire d’Etat Brune Poirson a réuni récemment à Strasbourg des élus, des ONG, des représentants des fabricants de produits pour « mettre en œuvre la consigne en France », sans attendre l’avis des recycleurs, majoritairement opposés à cette décision.
Brune Poirson (à gauche au premier plan) signant en janvier dernier à Limay le contrat de filière déchets aux côtés d'Agnès Panier-Runacher secrétaire d'Etat à l'économie en présence des dirigeants de la Confédération des Métiers de l'Environnement (Ph archives MPE-Média)
L'annonce du voyage en Alsace et en Allemagne ce 19 juin de la secrétaire d'Etat pour relancer la consigne en France, en calquant le modèle pratiqué dans certaines régions outre-Rhin - mais pas pour tous les contenants NDLR - a été faite à la presse la veille au soir, ce qui ne facilite pas l'organisation d'un reportage, comme c'est souvent le cas venant des ministères.
« Pendant la réunion qui a duré près de deux heures, Brune Poirson a eu l’occasion d’exprimer aux membres du comité la mission qui serait la leur », explique un porte-parole de la secrétaire d’Etat :
- Définir le type d’emballages qui sera concerné : les bouteilles en plastique, les canettes en métal, les bouteilles en verre ?
- La consigne sera-t-elle pour recyclage ou pour réemploi ?
- Comment seront repartis les financements afin qu’aucune collectivité ne soit lésée ?
- Qui aura la gestion de l’argent disponible (cautions en attente de leur déconsignation) ?
- A qui appartiendront les emballages qui seront déconsignées ?
- Qui paiera pour déployer les dispositifs de déconsignations qu'utiliseront les Français ?
Des conclusions avant l’automne
La secrétaire d’Etat a demandé que des premières conclusions soient rendues mi-septembre afin d’enrichir le débat parlementaire à venir sur le projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire qui comprendra une disposition pour autoriser le principe de la consigne sur le territoire, poursuit la même source.
Jacques Vernier, co-président du comité de pilotage, Président du comité des filières REP (Responsabilité élargie des producteurs), procédera à des auditions et mènera d’ici septembre l’ensemble des concertations nécessaires.
La secrétaire d’Etat parle « d’atteindre 90% de collecte en 2029 quand nous ne collectons aujourd’hui même pas 6 bouteilles en plastique sur dix », chiffre différent des données récentes des professionnels de la gestion des déchets qui déplorent l’inexistence d’un véritable observatoire des plastiques et autres matières indépendant de leurs producteurs et des services étatiques.
Les dirigeants du Groupement La boîte boisson se sont déclarés surpris et de la méthode et du raisonnement, craignant que la consigne provoque des baisses de la consommation de boissons. Ceux de la Fédération des entreprises du recyclage (FEDEREC) doivent s’exprimer lundi prochain à ce sujet.
Un retour vers une contrainte punitive
La création d’une consigne sur les bouteilles est perçue par ces acteurs du recyclage comme étant totalement contraire au développement de la collecte, du tri et du recyclage pour lequels des investissements lourds ont été réalisés depuis plusieurs décennies tant par les collectivités locales que par les entreprises privées. « C’est un retour vers une contrainte punitive, qui a peut-être une visée fiscale cachée opérable lors du paiement des consignes aux usagers », note une de nos sources.
Interrogée à ce sujet par nos soins en janvier dernier lors de la signature du contrat de filière déchets, Mme Poirson n’avait pas souhaité répondre à nos questions.
"Ils feraient mieux de mettre des containers à verre dans le 1er arrondissement de Paris", réagit un patron de restaurant situé à moins d'un km de la Mairie de la capitale, montrant comment Coca-Cola avait fini par abandonner la consigne voici plusieurs décennies dans un pays où rien n'était prévu pour rembourser le retour des bouteilles vides.
Christophe Journet
Rédacteur en chef de MPE-Média
Mis à jour (Mardi, 02 Juillet 2019 16:15)