Accueil Industrie Les Actus Le Bureau international du recyclage à Budapest

BUDAPEST (MPE-Média) - Ouverte par son président Tom Bird et son directeur général Arnaud Brunet, la convention d'automne du Bureau International du Recyclage (BIR) réunit plusieurs centaines de professionnels du recyclage venus des cinq continents pour faire le point sur l'état de leurs marchés (ferrailles ferreuses, non ferreuses, papier-cartons, plastiques, textiles, DEEE, etc.). Des marchés jugés "plus que difficiles" par les acteurs dans la période.

Le Bureau International du Recyclage réunissait ce lundi et pour trois jours ses membres à Budapest pour une convention d'automne marquée par l'état critique de la plupart des marchés des matières premières recyclées dans le monde, contagion des conflits commerciaux globaux oblige. 2019, ou l'année des "illusions perdues", dans une période où l'économie mondiale et les marchés des matières premières sont marquées par les guerres et les conflits commerciaux internationaux, notamment entre la Chine et les USA, a déclaré d'entrée de jeu le Professeur Philippe Chalmin (Dauphine, Cyclope) ouvrant la session plénière de cette réunion.

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Philippe Chalmin, historien des matières premières, faisant le tour du monde des commodités 2019 (Ph MPE-Média)

Ses interrogations sont géopolitiques, globalement éonomiques, qu'illustre la guerre commerciale opposant les Etats-Unis à l'Europe via Airbus et les vins français,  Philippe Chalmin estimant à propos du Brexit, de la montée des barrières douanières et des incertitudes financières frappant le commerce international qu'une issue possible serait "une paix des braves, une sorte d'armistice" entre la Chine et les USA, d'ici à la fin de l'année, car il n'y aura pas de gagnant si cette guerre se poursuit jusqu'à la fin du mandat de Donald Trump.

"L'Europe n'est pas dans une situation brillante non plus", modère l'historien des matières premières, avec un Brexit qui entraînera mécaniquement une baisse du PIB britannique mais aussi des autres pays européens. Toutefois, "le produit intérieur brut mondial moyen par personne augmente toujours. Nous sommes probablement dans une récession industrielle, en particulier pour le secteur automobile, mais les prévisions de croissance mondiale restent autour de 2,9% l'an, celui des USA quelque part entre 2 et 2,5% de croissance, avec 130 000 emplois créés en septembre : mais l'indice de confiance des directeurs d'achats américains chute de nouveau à son niveau de 2009, l'humeur est plutôt sombre chez eux", explique P. Chalmin.

Les prévisions du Professeur Chalmin

Alors, "soft landing" ou atterrissage plus difficile de la Chine après les pics de 2010 et sa forte croissance économique de l'après crise financière de 2008, interroge l'expert?

"Pour l'instant, la Chine va encore plutôt bien. Ce qui ne va pas c'est chez nous, en Europe, avec un climat des affaires en chute en Allemagne dont l'industrie automobile est en crise, ce qui m'amène à anticiper une croissance sans réelle récession aux USA, à 2% de croissance, un soft landing en Chine à +6%, des temps difficiles et un point faible en Europe avec 0,5% de croissane, le chaos au Royaume-Uni (0,5% peut-être), enfin un petit 0,5% au Japon, business as usual chez eux".

Observant que le taux de change effectif du dollar monte encore face à l'Euro à 1,08 au lieu de 1,25 auparavant, que le cours de l'once d'or fin continue à monter à Londres, que l'or, le palladium et le nickel restent des exceptions au sein des marchés des matières premières, Philippe Chalmin insiste sur le caractère faible de la demande globale, sur les volumes de matières élevés et un dollar fort engendré par le protectionnisme ambiant. 

Enfin côté marchés de l'énergie, l'économiste note que le marché du pétrole est surcapacitaire, toujours en croissance hors OPEP de 1,3 million de barils/jour, trop plein que l'OPEP devra gérer, malgré les crises en Iran et au Vénézuela, avec une production hégémonique des États-Unis, anticipant un baril probablement en-dessous de 60$ en 2020. Pendant ce temps, il remarque le gaz naturel liquide est devenu "'une vraie commodité" avec de nouvelles capacités créées aux USA, en Australie, avec des prix très bas, à part une brève remontée pour le brent en septembre lors de l'attaque subie par Saudi Aramco.

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GD : Graëme Cameron (Sims Metal Management), David Chiao (Pdt division métaux non ferreux, Uni-All US), Greg Schnitzer (Pdt métaux ferreux, Schnitzer Steel US), Michaël Lion (ITC), Tom Bird (Pdt du BIR), Martin Böschen (Pdt division textiles BIR, TTAG) - Ph MPE-Média

Côté métaux non ferreux, P. Chalmin dit que le cuivre dort, que les cours de ces métaux sont globalement en déclin hormis le nickel, côté acier, que le minerai de fer revient à ses prix de janvier dernier, que les ferrailles souffrent des quotas chinois, ajoutant que le crash du cobalt et du lithium ces derniers temps à cause de la mobilité électrique qui n'a pas encore fait ses preuves. Mais un plancher a sans doute été atteint pour les non ferreux.

Les matières premières agricoles voient aussi leurs prix moyens chuter, notamment ceux du café à leur plus bas niveau. En résumé, "illusions perdues", conclut l'orateur, très applaudi par les participants de cette convention du BIR.

Durant la table ronde dédiée au commerce global suivant cette présentation, sept cadres du Bureau du recyclage ont tenté de dresser à leur tour un état précis d'un marché jugé déprimé par nombre de professionnels présents à Budapest : "pas de raison d'être pessimiste non plus, car c'est toujours dans ces moments-là qu'il faut faire preuve de réalisme pour rebondir, donc d'optimisme", déclare Murat Bayram, négociant chez EMR au Royaume-Uni. 

"Ne paniquez pas! surtout ne paniquez pas", renchérit Michael Lion, Président d'ITC basé en Asie, modérant cette table ronde en prélude à 3 jours de discussions par secteurs d'activité

"Ne sous-estimez pas non plus les initiatives de la Chine, ses politiques commerciales sont porteuses de dynamisme", répond David Chiao, président de la division non ferreux du BIR. "Il y a tellement de facteurs que nous ne pouvons pas contrôler et que personne ne peut vraiment mesurer que nous ne devons pas nous arrêter aux problèmes du jour", ajoute Tom Bird, Président du BIR depuis mai dernier. Et ce n'est pas le soleil éclairant le palais royal et la cathédrale de Budapest de l'autre côté de la salle de conférence et du Danube qui inciterait à penser le contraire. Et Michael Lion d'enfoncer le clou en rappelant que "les recycleurs ne sont pas le problème, mais représentent la solution tant pour le climat que pour la planète".

Christophe Journet

Rédacteur en chef de MPE-Média


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