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PARIS (MPE-Média) – Introduit depuis San Francisco par Greg Schnitzer, Président de la Division métaux ferreux du Bureau international du recyclage (BIR), le webinaire consacré au recyclage des ferrailles ferreuses et aux marchés de l’acier était centré sur l’analyse de l’évolution de la production entre minerai de fer et ferrailles d’acier proposée par Renate Featherstone (Wood Mackenzie). Détails.
En 2019, comparé à 2018, l’usage de ferrailles a chuté avec la production d’acier en Europe des 28 mais a fortement augmenté en Chine (Source BIR)
Le recyclage des ferrailles a permis d’économiser en 2019 près de 950 millions de tonnes de CO2 dans le monde, explique Rolf Willeke, statisticien de la division « ferrous » du BIR en présentant les dernières données disponibles sur ces marchés en ouverture du webinaire.
L’usage de ferrailles a augmenté de 3,4% dans le monde l’an dernier et de 15% en Chine seule (Source BIR)
Les chiffres proposés dans la foulée par la consultante Renate Featherstone (Wood MacKenzie) indiquent une forte chute de la demande d’acier anticipée en 2020 ( -16% hors Chine) et confirment qu’un nouveau pic de la production mondiale d’acier est intervenu l’an dernier à plus d’un milliard de tonnes : « Mais la baisse est moins importante en 2020 que ce que l’on craignait au début de l’année », précise Renate Featherstone.
La demande globale apparente d'acier contractée de 8% sur un an en 2020 (Source Wood Mackenzie)
En Chine, la production d’acier électrique à partir de ferrailles a continué à augmenter en 2019. La production globale d’acier ne devrait pas retrouver son niveau de 2019 avant 4 ou 5 ans, poursuit Renate Featherstone. « La ferraille constitue bien sûr une partie vitale de la sidérurgie verte et durable », souligne l’oratrice. « C’est une partie essentielle des conditions de la réduction des émissions de gaz à effets de serre », ajoute-t-elle.
L'importance de l'usage des ferrailles dans le monde comparée aux autres technologies à haut fourneau ou avec du minerai de fer réduit avant emploi (Source Wood Mackenzie)
Le choix des technologies réduisant les émissions d’ici à 2040 passera par différents scénarios et répartitions de matières premières et d’énergies (charbon à coke, électricité ou gaz naturel, hydrogène) entre haut-fourneaux et aciéries élèctriques selon les pays observés, jusqu’à diminuer les émissions de plus de 750Mt/an de CO2 durant les vingt prochaines années, explique Renate Featherstone (joignable par mail via Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. )
Choix entre minerai de fer et ferrailles d’acier
Répondant à une question de Georges Adams (SA Recycling USA) sur les impacts d’une éventuelle chute des prix du minerai de fer sur le développement de l’usage de ferrailles dans la production d’acier, Renate Featherstone estime que « bien sûr, cela pourrait faire reculer l’acier électrique, mais à présent on peut mettre clairement en balance le choix de nouvelles énergies et leurs coûts, la réduction des émissions ainsi qu’une meilleure qualité d’acier brut sorti des aciéries électriques récentes que de la filière traditionnelle ».
Demandant à l’oratrice si la demande réelle pourrait augmenter à court terme pour diminuer sur le moyen et le long terme, le Pdt du BIR Tom Bird s’entend répondre qu’il y a bien « un risque notamment du côté de la production chinoise d’acier. Mais chez Wood Mackenzie, on n’anticipe pas de chute brutale de la production d’acier par la suite. »
Evoquant la situation difficile de l’Inde, Zain Nathani parle d’un « impact très dur pour le pays, pour la production automobile, c’est un vrai défi pour les dirigeants des firmes. Le gouvernement hésite encore entre protéger plus les populations ou réouvrir l’économie car le virus progresse encore ».
Pour Denis Reuter, correspondant européen du BIR, « le maintien du libre échange demeure la question clé pour les scraps comme pour les autres matières ». Il s’interroge aussi sur la possibilité de rester compétitive de l’Europe dont l’industrie de l’acier est plombée par le système de quotas d’émissions de gaz qui n’existe pas ailleurs. « Il y a un risque de voir augmenter les exportations de ferrailles vers les régions où la production est plus compétitive », répond Renate Featherstone qui pense toutefois que « l’ajout de scraps dans l’acier primaire sera de plus en plus important en Europe aussi ».
Christophe JOURNET
Rédacteur en chef de MPE-Média