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PARIS (MPE-Média) – La Commission des affaires économiques du Sénat entendait ce mardi Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance à propos de la situation économique actuelle de la France. Extraits.
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance (Capture d’écran MPE-Média)
Questionné sur un grand nombre de sujets par la présidente de la commission des affaires économiques du Sénat Sophie Primas, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a d’abord déclaré que « la France a une capacité de rebond exceptionnelle », évoquant une récession moins importante que prévu en 2020 : « L’économie française a des fondamentaux qui sont solides et que nous avons considérablement développés depuis trois ans (…) Ayons confiance ».
M. Le Maire estime toutefois que les français doivent « travailler encore davantage pour éviter l’appauvrissement de la France et garantir aux générations à venir un niveau de vie correct ».
Plan de relance : Le ministre se dit surpris que le Sénat l’ait trouvé insuffisant, même si approuvé lors d’un vote récent. Ajouter ce qu’il appelle « des milliards fictifs » aux milliards déjà engagés n’a pas de sens selon lui, citant les primes qui marchent bien et les programmes comme celui pour digitaliser l’économie qui donnent des résultats.
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance (Capture d’écran MPE-Média)
L’endettement : « Il est raisonnable de s’endetter aujourd’hui, parce que le coût de l’endettement est faible, avec un taux négatif à -0,33% ; et parce que nous avons besoin d’investir aujourd’hui, c’est le rôle de la puissance publique ». Mais il n’est pas favorable à de l’endettement pour soutenir autre chose que les entreprises : « Recréer des dépenses pérennes de fonctionnement dégraderait la puissance publique ».
Réfléchir sur les chaînes de valeur françaises
M. Le Maire estime que cette crise est une opportunité unique pour réfléchir sur « les chaînes de valeur françaises », qui ne sont pas assez nombreuses : L’agroalimentaire, l’aéronautique, le luxe, la chimie. Mais l’aéronautique est clouée au sol. L’automobile ? Oui, si c’est pour créer une usine de batteries pour voitures électriques. L’hydrogène ? « Nous avons décidé de faire de l’hydrogène une chaîne de valeur considérable pour notre pays ». Il cite aussi l’électronique, les biothérapies, pour lesquels le plan de Relance a prévu des milliards sur projets. Les critères retenus sont l’existence d’un marché, une base solide pour ne pas partir de rien sur chaque projet, l’existence d’industriels pouvant répondre aux sujets retenus. Exemple : Air Liquide et MacPhy pour l’hydrogène.
« Il manque un lien plus étroit entre recherche et développement industriel pour ne pas se faire doubler par les concurrents chinois ou américains », précise le ministre, qui insiste sur le fait que l’unité de déprt pour ces investissements est a minima le milliard d’euros. Et sur la nécesssité de jouer collectif avec les partenaires européens.
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance (Capture d’écran MPE-Média)
Chantiers de l’Atlantique : Bruno Le Maire revient sur le dossier, de la faillite du coréen STX en 2016 au projet de 2017 avec le groupe italien Fincantieri récemment stoppé, malgré un accord récent entre l’Italie et la France, à cause de la situation du marché de le croisière et du tourisme très affecté par la Covid : « Nous voulons étudier les projets possibles sans précipitation ».
À propos du Mercosur, M. Le Maire ne trouve pas raisonnable de signer un accord avec cette entité sud-américaine à cause du risque de déforestation qui est latent.
L’opposition à la cession de Carrefour à un groupe canadien lui a été dictée par la nécessité de protéger le premier employeur français (plus de 105 000 emplois).
« La fusion Veolia-Suez doit se faire à l’amiable »
L’affaire Véolia-Suez : Les enjeux sont importants pour les collectivités clientes, dit M. Le Maire, qui continue de penser que les deux groupes doivent fusionner et qu’une solution amiable « est possible à condition que les acteurs recherchent une solution amicale ».
Répondant ensuite aux autres questions des sénateurs membres de la Commission des affaires économiques, M. Le Maire s’est notamment dit « conscient de l’impact très lourd de la crise en cours pour les activités liées au tourisme, qui peuvent bénéficier du fonds de solidarité » (tourisme, restauration, sport, culture, 680 000 demandes reçues à ce jour pour le seul mois de décembre, pour des aides déplafonnées, doublées depuis les montants accordés en octobre 2020). Les contrôles sont automatisés pour des aides inférieurs à 30 000,00 euros, traitées par des personnels des finances au-dessus de ces sommes. Les 2/3 de ces demandes ont été rejetées à cause de tentatives de fraudes manifestes.
Concernant l’industrie et la baisse des impôts de production décidée par le gouvernement, M. Le Maire a déclaré qu’il était nécessaire de la soutenir, ainsi que le nucléaire, qui est « un atout pour la France, qui n’empêche pas de développer des énergies renouvelables ou l’hydrogène : Est-ce que oui ou non nous sommes prêts à dire aux jeunes que l’industrie est un secteur d’avenir, pour développer l’industrie de demain ? », a martelé le ministre évoquant la nécessité d’un « vrai choix collectif ».
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance (Capture d’écran MPE-Média)
Le ministre a annoncé avoir pris contact avec la nouvelle secrétaire d’État américaine en charge des questions de taxes sur les exportations françaises pour avancer sur les dossiers des métaux, des vins et des spiritueux lourdement taxés depuis 2017 par l’administration Trump pour obtenir une baisse de ces taxes.
À propos d’EDF, du projet Hercule et de la réforme de l’énergéticien, M. Le Maire refuse « tout malentendu ». Il a rappelé que « l’ambition du gouvernement est de permettre à EDF de se développer comme les autres grands énergéticiens européens dans les années à venir, en assurant les coûts de maintenance et de développement du parc nucléaire et des renouvelables, en accélérant l’électrification des usages sans que le prix de l’électricité explose ». Et que « le niveau d’endettement d’EDF l’empêche actuellement de se développer sereinement ».
À propos enfin du remboursement des prêts garantis par l’état, M. Le Maire a rappelé qu’un étalement sur quatre ans est possible et qu’une durée plus longue pourra être négociée à six ans après accord de la Commission européenne. Le ministre a rappelé que le nombre de faillites d’entreprises avait baissé en 2020 grâce aux aides mises en place par l’État.
Christophe Journet
Rédacteur en chef de MPE-Média
Mis à jour (Mardi, 02 Février 2021 21:02)