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PARIS (MPE-Média) - Brice Lalonde, ancien ministre de l’Environnement et président d’Équilibre des Énergies, recevait récemment en public Pierre Cazeneuve, député des Hauts-de-Seine (92), membre de la Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire et rapporteur du projet de loi sur l’accélération du déploiement des énergies renouvelables. Détails.
GD : Brice Lalonde, ancien ministre, Président d’EDEN, Pierre Cazeneuve, Député des hauts-de-Seine, membre de la Commission du développement durable (Capture d’écran)
Le Président d’Équilibre des énergies Brice Lalonde et le Député des Hauts-de-Seine (92) Pierre Cazeneuve, membre du Conseil national de la transition énergétique, conseiller municipal àà Saint-Cloud, débattaient autour du thème « Renouvelables et nucléaire : la stratégie de la France pour sa transition énergétique » : L’électricité décarbonée est appelée à jouer un rôle important dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre en France avec l’électrification attendue de plusieurs secteurs clés comme les transports et le bâtiment.
« Pour réussir cette transition énergétique, il reste cependant à assurer la disponibilité en quantités suffisantes de l’électricité décarbonée. A cette fin, deux textes ont été proposés et adoptés au cours de l’année 2023 pour accélérer le déploiement des énergies renouvelables et la construction des réacteurs nucléaires », explique la porte-parole d’Équilibre des énergies (EDEN).
Comprendre quelle sera la contribution de ces textes à la décarbonation du mix énergétique et sur les prochaines étapes possibles de la stratégie de la France pour l’énergie et le climat était au centre de cet atelier d’EDEN.
GD : Brice Lalonde, Pierre Caszeneuve (capture d’écran EDEN/MPE-Média)
« L’objectif, c’est d’être net zéro en 2050 (…), maintenant, il faut qu’on délivre une solution, on a un défi opérationnel. Savoir quelle est l’enveloppe budgétaire qu’on met derrière, savoir comment on embarque les gens dans ce processus », stresse Pierre Cazeneuve.
Répondant au Président d’EDEN Brice Lalonde notant la difficulté de cette transition et évoquant l’électrification du bâtiment, des voitures, des usages, le Député des Hauts-de-Seine Pierre Cazeneuve a expliqué que les constructeurs automobiles ont confirmé qu’il n’y aurait plus de voitures thermiques en 2030, un signal fort, qu’on a eu un effet sobriété « assez fort », même si l’électrification est encore longue à venir, « mais c’est en marche ».
Questions – réponses avec le public
PUBLIC - « L’acceptation du nucléaire, comment allez-vous régler le problème ? Quid du sujet de l’eau avec les centrales nucléaires ? »
PC – « Le discours qu’on a eu sur le nucléaire pour l’énergie, il faut qu’on l’ait à propos de l’eau et de notre rapport à l’eau. Le niveau des fleuves va forcément baisser. L’industrie nucléaire a le sujet en tête, sait que ça aura un impact sur la production, plutôt l’été où on a un peu moins besoin d’électricité (…). Globalement, l’acceptabilité du nucléaire est bonne aujourd’hui, y compris à proximité des centrales. C’est compliqué de mettre une centrale là où il n’en existe pas déjà ».
EDEN – « Il y aura aussi les SMR – Small Modular Reactors NDLR ? »
PC – « Oui, mais quoiqu’il en soit, on parlait avant de la grande bataille contre le nucléaire, c’est vrai, mais ça a changé, je suis très proche de Maud Bregeon – autre Députée Renaissance NDLR - qui était ingénieur dans le nucléaire. Il y a eu un rebasculement dans l’opinion, on a fait comprendre aux gens que c’est une chance extraordinaire d’avoir une énergie décarbonée, Agnès Pannier-Runacher a fait un travail extraordinaire là-dessus. »
EDEN – « Quels programmes de financement sont-ils en cours » ?
PC – « Tous les programmes ne sont pas encore établis. Mais on va donner tous les moyens à EDF pour pouvoir agir rapidement et aussi pour réduire sa dette. Il y a encore des sujets à lever mais sur la structuration d’EDF, sur la suite de L’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH), ça avance ».
FRANÇOIS-MICHEL LAMBERT (consultant, ancien Député écologiste) - « Comment aura-t-on les moyens de produire des poids lourds électriques, de régler la question de la disponibilité du cuivre au niveau mondial, à la hauteur des besoins ? Concernant la biomasse, ses usages, comme à Gardanne par exemple, pourquoi y êtes-vous opposé, que proposez-vous ? »
PC - « Pour l’approvisionnement en matériaux, des questions de disponibilité mondiale, je pense qu’il faut recreuser en France. Se dire que les mines c’est seulement dans les autres pays, l’hypocrisie derrière le outsourcing, c’est fini. Refaire de la mine en France de façon beaucoup plus propre, c’est extrêmement important. Deuxièmement, la dimension sobriété va se développer. Il y aura un enjeu. On est à des années de ce qu’on doit faire pour le réemploi, le recyclage, un gisement extraordinaire ; Il y a un business model à créer en faisant la plus grande unité de recyclage du monde en France et en y retraitant des déchets d’autres pays. La question va se poser pour le photovoltaïque, pourl’éolien aussi, mais il faut arrêter le tabou de ne pas creuser en France, développer le réemploi et le recyclage (…) Concernant la biomasse et Gardanne, je ne sais pas quoi vous dire, étant loin du sujet ».
PUBLIC - « Les règlementations obligent à atterrir sur le terrain. C’est du bon sens. Toutefois sur ce même terrain, nous avons un maquis de règlementations contradictoires, et ce ne sont pas les juges administratifs qui vont nous en sortir ! Qu’en pensez-vous ? »
PC – « François Bayrou a engagé un grand chantier pour le plan. Les choses ne sont pas les mêmes dans tous les départements, avec des Préfets différents. Si vous avez un couple Maire-Préfet qui fonctionne, ça vous permet d’aller vite pour obtenir des dérogations. Il faut laisser à l’intérieur de la loi des différenciations possibles selon les départements. La loi peut être décentralisée ».
UNE RESPONSABLE D’ASSOCIATION - « En 2040, on s’attend à un prochain parlement européen qui sera beaucoup plus conservateur. Implémenter le green deal avant 2030, ça va être une façon d’obliger politiquement la future Commission à avancer. Qu’en pensez-vous ? »
PC – « Si on se retrouve en juin avec un parlement européen 100% nationaliste, je crois que l’important ce sera l’opérabilité des choses dans les territoires sur le plan des transitions. Sans financements, sans ingénierie et des gens derrière, on n’y arrivera pas. Le fait d’y aller ensemble est beaucoup plus puissant que d’y aller seul. Notre seule manière d’avancer est d’avancer ensemble. L’Europe, puissance financière, le fit for 55, les transports, l’énergie, tout ça est clé. Le rôle de l’Europe est massif. Dès que vous avez de la distorsion, vous avez des freins. Il faut éviter de surtransposer d’un pays à l’autre, même en allant un peu plus lentement ».
BRICE LALONDE – « Regardez ce qui se passe aux États-Unis entre états, et en Allemagne, où on décide de construire de nouvelles centrales à gaz » ?
PC – « Il faut distinguer les questions : Il faut être plus incitatif pour les voitures, plus directif pour le bâtiment. Les USA ont la capacité d’instaurer un acte anti-inflation, mais je ne suis pas sûr que leur modèle soit le bon, pour l’Europe qui a tendance à trop règlementer, je reste toutefois optimiste ».
UN CADRE D’ENEDIS – « On a un gap de compétences dans les filières. Il faut donner envie, adapter les formations, c’est essentiel ».
Pierre Cazeneuve (capture d’écran EDEN/MPE-Média)
PC – « Je suis en tous points d’accord avec vous. C’est essentiel ».
JEAN-PIERRE HAÜET (EDEN) – « En France on augmente les prix de l’énergie. On a surprotégé le consommateur français. Ça pose une question de politique générale. Êtes-vous plutôt libéral ou considérez-vous que l’énergie est un sujet essentiel, est-ce le rôle des pouvoirs publics de fixer les prix de marché ».
PC – « Heureusement qu’on a protégé le consommateur final en France, sinon on aurait eu affaire à des situations extrêmement graves. La priorité est la visibilité. Les tarifs réglementés de vente d’énergie sont essentiels ».
UN CADRE D’EDF – « Quels financements complémentaires ont peut imaginer pour parvenir à réaliser la transition énergétique, former des personnels qualifiés » ?
PC - « On ne peut pas dire aux français de s’électrifier, plus taxer l’électricité, sinon on est mort. Côté formation, va atteindre le seuil du million d’apprentis, on met en place la réforme du lycée professionnel, on va avoir des stages rémunérés. Quant au financement, continuons ce qu’on fait ».
UN JOURNALISTE D’EURACTIV – « Agnès Pannier-Runacher a quitté son rôle alors qu’elle a fait un travail important. Quid de la suite ? »
PC – « Je pense qu’il va y avoir un nouveau ministre. Les autres sujets restent chez Béchu. On a peu parlé de sobriété et d’efficacité énergétique, c’est un tiers du gâteau, un tiers important qui restera chez Béchu à l’écologie ».
MPE-Média - Le problème majeur étant toujours et de plus en plus le prix de marché trop élevé de l’électricité, comment ces nouveaux textes pourront-ils permettre outre le développement des usages de l’hydrogène, l’acception des voitures électriques par les ménages et les professionnels, le recyclage des déchets nucléaires ? »
PC - « C’est une question encore plus complexe, car là, on passe sur le market design. Il y a une règle simple, plus vous produisez d’électricité, moins elle coûte cher sur le marché. C’est une partie de la réponse. Notre vrai enjeu, c’est donc de produire suffisament pour éviter des dérapages de prix »
BRICE LALONDE – « N'oublions pas que l’électricité doit être utilisée lorsqu’elle est produite (…). Sur la question du prix, avec l’arrivée des renouvelables, il faut que le système électrique français s’habitue à cette flexibilité des prix, car si le consommateur est protégé, on ne peut pas compter sur les seules énergies renouvelables ».
Recueilli par Christophe JOURNET
Rédacteur en chef de MPE-Média
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