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PARIS (MPE-Média) – « L’économie circulaire des plastiques en Europe », tel était le sujet de la présentation d’un nouveau rapport annuel proposée récemment par le Directeur général de PlasticsEurope à Paris Jean-Yves Daclin. Une perspective plus circulaire de 2018 à 2022 heurtée depuis par la guerre en Ukraine et par les variations de prix des matières premières et issues du recyclage. Détails.
Jean-Yves Daclin, Directeur général de PlasticsEurope en France (Ph CJ)
L’Europe (Union européenne + Norvège, Royaume Uni et Suisse) représente 40% des 400,3 Millions de tonnes de la production mondiale de matières plastiques pouvant approcher les 480 Mt y compris élastomères et textiles, note Jean-Yves Daclin ouvrant sa présentation.
La croissance de la demande s’est faite surtout en Asie : La Chine pèse 32% de la production globale, le reste de l’Asie pesant 19% de la production. Du coup, l’investissement va vers l’Asie. Le Moyen-Orient a aussi vu sa production de matières plastiques augmenter nettement, +9% incluant l’Afrique, les pays d’Amérique du nord voyant aussi leur production continuer à augmenter (+17%), l’Europe des 27 + 3 pays dont le Royaume-Uni voyant sa production augmenter dans une moindre mesure. Depuis 2021, et depuis deux ans, la production européenne baisse de près de 10% l’an.
La France se distingue par une légère hausse en 2021 (+2,5%) et de +4% en 2023, selon Eurostat, sans doute grâce à une moindre dépendance de l’hexagone du gaz russe comparée à celle de ses voisins, et à des prix de l’énergie moins élevés : « il est possible que nous ayons bénéficié en 2023 d’un meilleur rapport à certains producteurs de Nafta ou de pétrole », note J.-Yves Daclin.
(Source PlasticsEurope)
Si la production européenne a exporté 37,2 Mrds€ en 2022 contre 26 en 2020, c’est surtout suite à la hausse des prix des matières vendues, les importations étant aussi sur une courbe haussière en valeur (31,8 Mrds€) et les « surplus » à l’export diminuant d’une année sur l’autre. Par secteur de consommation, si l’automobile remonte en Europe depuis la chute liée au Covid-19 de 2020 à 2021, elle s’est reprise depuis.
(Source PlasticsEurope)
« L’économie des plastiques est de plus en plus circulaire », note le Directeur de PlasticsEurope, expliquant que le tri et le lavage des produits en fin de vie provoque des pertes de matières dont l'impact selon une nouvelle règle de calcul européenne réduit es taux de recyclage des plastiques à 8%, tous secteurs consommateurs confondus.
Le rapport 2024 sur l’économie circulaire des plastiques
En quatre ans, la circularité de la production de matières plastiques européenne a augmenté de 30,3% pour 58,8Mt en 2022, les pays leaders étant l’Allemagne (13Mt), la Belgique (7,3Mt), les Pays-Bas (6,2Mt), la France (5,5Mt), l’Espagne (5,4Mt), la part du recyclage mécanique variant sensiblement d’un pays à l’autre. L’utilisation de recyclé mécanique a augmenté de 67,5% depuis 2018, l’emploi de fossiles ayant baissé de 8,2% dans la même période. L’emballage demeure le premier secteur consommateur (39%) suivi par le secteur de la construction (22,9%).
(Source PlasticsEurope)
(Source PlasticsEurope)
En 2023, on utilise 70% de recyclé de plus qu’en 2018, deux fois plus dans l’emballage, 2,8 fois plus dans la construction : « si on maintient ce rythme de croissance, l’objectif de la Circular Plastics Alliance (10 Mt de matières premières issues du recyclage) est atteignable », explique J.-Yves Daclin. Le contenu en recyclé post consommation atteint 37,5% dans l’agriculture, 22,7% dans la construction.
Toutefois, la consommation européenne de produits en plastique a baissé de 4% en quatre ans, la baisse ayant été plus marquée dans l’emballage (-12,4%, -2,7Mt), suite à beaucoup de facteurs différents, les secteurs de l’électricité et des produits de la maison continuant à augmenter en volume.
« Mesurer la quantité de déchets plastiques demeure difficile. On estime à environ 32,3Mt ce volume dont 8,7Mt sont envoyés au recyclage (+22,5% depuis 2018), la collecte sélective des plastiques (poubelle jaune) ayant dépassé pour la première fois la collecte mélangée en 2022 (poubelle grise). Le seul secteur de l’emballage pèse 18,5Mt de déchets dont 59,8% peuvent être recyclés après tri à la source, contre 0,1% seulement s’ils sont en mélange. »
(Source PlasticsEurope)
49,6% des déchets de plastiques sont valorisés énergétiquement mais encore 23,5% sont enfouis en décharge. Mais pour la première fois on recycle plus de plastiques en fin de vie depuis 2020 qu’on en enfouit. Par pays, les leaders en recyclage sont la Belgique, l’Espagne, les Pays-Bas mais ceux qui ont réduit le plus la mise en décharge sont la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Suède : « l’idéal étant de garder en tête la priorité définie par l’Union européenne, recycler, d’abord, valoriser en énergie, ensuite, n’enfouir qu’en dernier choix ».
(Source PlasticsEurope)
(Source PlasticsEurope)
La courbe d’exportation des déchets plastiques d’Europe a nettement baissé depuis 2016 (2,6Mt) pour atteindre 1,1Mt en 2022 soit 3% du volume généré. Les destinations sont la Turquie, l’Asie du Sud-Est, la Convention de Bâle limitant depuis peu l’export hors Europe de ces déchets.
L’emballage reste le secteur qui recycle le mieux ses déchets plastiques. La France est mauvaise élève en matière de gestion des déchets de l’emballage (23% traités par recyclage réel).
Des progrès encourageants pour la France
Pour 5,49Mt de granulés produits en France en 2022, 5Mt utilisées et 6,3Mt consommées dont plus de 1,3Mt importées, moins de un Mt provient de MPiR dans les produits neufs. La part des plastiques « circulaires » a augmenté fortement, l’incorporation de plastiques recyclés ayant atteint 12,2% en 2022, contre 6,4% en 2018, le problème français restant lié à la gestion des collectes sélectives, la France n’ayant pas décidé d’interdire la mise en décharge des plastiques.
(Source PlasticsEurope)
« Il faudrait rendre plus pénalisant les fins de vie de produits qui posent problème d’un point de vue écologique », stresse Jean-Yves Daclin. En près de 25 ans, la mise en décharge des plastiques en fin de vie n’a diminué en France que de 24%, note-t-il. Toutefois, la France est numéro 1 en Europe pour le recyclage des plastiques automobiles en fin de vie (39%) et pour ceux du secteur agricole.
(Source PlasticsEurope)
En résumé, PlasticsEurope note la hausse de 70% du contenu en recyclé post-consommation en quatre ans, de 4,9Mt à 7,7Mt de 2018 à 2022. Parmi les freins qui perdurent, le rapport de PlasticsEurope note la collecte en mélange des déchets, un cadre règlementaire qui évolue trop lentement, « l’acceptation règlementaire du recyclage chimique et l’imposition de taux obligatoires d’incorporation de plastiques issus du recyclage devant être des jalons clés pour les industriels ».
(Source PlasticsEurope)
Côté français, l’incorporation va plus vite qu’ailleurs en Europe, mais la collecte en mélange des plastiques demeure un souci, dans un pays où « le plastique bashing est incohérent avec les objectifs nationaux et européen de décarbonation » et où « les dispositions telles que la loi AGEC peuvent être contraires aux dernières règlementations européennes. Il sera intéressant de voir comment les autorités françaises chercheront à harmoniser leurs règles avec celles en gestation à Bruxelles », conclut J.-Yves Daclin.
Christophe JOURNET
Rédacteur en chef de MPE-Média
Le rapport The Circular Economy of Plastics « A European Analysis » est accessible ici.
L’économie circulaire des plastiques enregistre des progrès notables en Europe et en France, malgré un contexte économique morose et des freins réglementaires
PARIS (MPE-Média) - Plastics Europe a publié le 19 mars son rapport bisannuel The Circular Economy of Plastics réalisé par un consultant indépendant : « A European Analysis ». Cette édition inaugure un nouveau format, considérablement augmenté, qui inclut des données sur la production, la transformation et la consommation (nouveau) de plastiques tant issus de ressources fossiles que de ressources circulaires (nouveau). Le traitement des déchets plastiques y est analysé plus en détail. Verbatim du communiqué de PlasticsEurope.
La production de matières plastiques européenne en difficulté
Avec 56 Mt1 produites en 2022, la part de l’Europe2 dans la production mondiale de matières plastiques (400,3 Mt) est tombée à 14% contre 22% en 2006 (53,9 Mt sur 245 Mt). Outre que la croissance de la production mondiale n’a pas bénéficié au Vieux Continent, l’évolution de sa production ces 2 dernières années (-10,3% en 2022 et -10,5% en 2023) montre que son industrie connait une perte de compétitivité préoccupante. Si la France semble mieux tirer son épingle du jeu en 2023 (+4% contre -11,3% en 2022), ce pourrait être dû à des éléments conjoncturels : moindre dépendance au gaz russe, contrats d’énergie long terme, bouclier tarifaire ?
Cette perte de compétitivité de la production européenne de matières plastiques se traduit par une balance commerciale, certes encore excédentaire, mais dont les excédents ont enregistré une baisse de 43% en 2 ans (2020 – 2022). D’ordre structurel, ce phénomène pourrait, à terme, compromettre la capacité des producteurs européens et de leurs partenaires aval à pleinement opérer leur transition circulaire.
La circularité des plastiques enregistre des progrès notables en Europe
Principal enseignement du rapport, en Europe, la production de recyclé post-consommation a connu une hausse de + de 57,1% en 4 ans (de 4,9Mt / 2018 à 7,7 Mt / 2022 entre 2018 et 2022), alors même que la production de matières plastiques enregistrait une baisse de 5,6%.
En parallèle, l’incorporation de recyclé post-consommation dans tous les secteurs, a enregistré une augmentation de 70% pour atteindre une moyenne de 12,6% de matières plastiques incorporées dans les produits, soit 6,8 Mt (même période). Si cette dynamique se maintient, l’objectif de la Circular Plastics Alliance d’incorporer 10 Mt de plastiques recyclés en 2025 est atteignable.
L’ensemble des plastiques circulaires (recyclé post et pré-consommation + biosourcé + capture de carbone) a représenté 19,2% des matières plastiques utilisées en Europe (et 19,7% de la production) en 2022.
Que ce soit pour les déchets post-consommation au global ou pour les seuls déchets d’emballage, les volumes collectés séparément ont été pour la 1ère fois supérieurs à ceux collectés en mélange. Ce qui a nul doute contribué à ce que, pour la 1ère fois aussi, le taux de recyclage (26,9%) des plastiques a enfin dépassé celui de leur mise en décharge (25%).
La collecte, vrai maillon faible de la circularité dans une France qui marque néanmoins quelques bons points
A l’opposé, en France, le volume des déchets post-consommation collectés en mélange est toujours bien supérieur (2,315 Kt) à celui de la collecte sélective (1,760 Kt). En conséquence, la courbe du recyclage, bien qu’elle progresse (20,5%) n’a toujours pas croisé celle de la mise en décharge, sauf, de peu, pour l’emballage.
Alors que dans l’Hexagone, seul 1,7% des déchets plastiques collectés en mélange est recyclé contre 45,3% de ceux issus de la collecte sélective, la généralisation de cette même collecte sélective apparait, là comme partout en Europe, comme un des défis majeurs de la transition circulaire de tout l’écosystème.
Les chiffres de la collecte contrastent avec les bonnes performances nationales en matière d’incorporation de recyclé post-consommation. Avec un taux moyen de 12,3%, l’Hexagone fait jeu quasi égal avec l’Europe (12,6%). Dans certains segments (emballage, automobile, équipements de la maison et EE&E), ce taux est même supérieur. Au total, les volumes incorporés ont presque doublé en 4 ans. Soulignons que cette progression de 87,5% est plus importante que les 70% comptabilisés pour l’Europe.
Ces résultats expliquent que la part des plastiques circulaires dans la production (18,3%) et dans la transformation (18,7%) nationales de matières plastiques soit également proche des valeurs enregistrées au niveau européen.
Un cadre réglementaire encore inadapté et pas toujours cohérent
Si les chiffres 2022 montrent que le virage de la circularité est clairement pris et s’intensifie, beaucoup d’interrogations perdurent.
En premier lieu, la dégradation structurelle de la compétitivité de l’industrie européenne des matières plastiques, essentiellement face aux US et à la Chine, appelle à des mesures urgentes afin de préserver l’outil industriel et les capacités d’investissements sans lesquels la transition circulaire ne pourra se faire.
L’acceptation du recyclage chimique, un accès facilité à la biomasse et aux gisements à recycler, l’imposition de taux obligatoires d’incorporation de matières plastiques circulaires qui tirent ces nouveaux marchés sont parmi les blocs constitutifs d’un cadre réglementaire propre à déclencher les investissements des industriels, mais qui, pour l’heure, tardent à être mis en place. Sans leur adoption, c’est l’ensemble de l’écosystème des plastiques qui ne pourra atteindre les objectifs ambitieux de l’Union en matière de circularité et de décarbonation.
Pour investir dans la transition circulaire, les producteurs de matières plastiques, mais aussi leurs partenaires de la chaine de valeur, ont besoin de visibilité à long terme. Celle-ci n’est non seulement pas encore là, mais l’horizon est brouillé par un plastic bashing de plus en plus prégnant. Il se traduit par des politiques publiques (objectif 2040 de la loi AGEC de fin de mise sur le marché d’emballages à usage uniques, interdiction des emballages à usage unique pour les fruits & légumes, absence de neutralité entre matériaux…) incohérentes avec ces mêmes politiques publiques en matière de lutte contre le gaspillage alimentaire, contre la production de déchets ou encore de décarbonation…
« Dans un contexte de compétitivité fragilisée, notre industrie enregistre des progrès importants tant du côté du recyclage que de l’incorporation de recyclé dans les produits. L’objectif de la Circular Plastics Alliance de 10Mt incorporé en 2025 est à notre portée. La dynamique est donc bien là, mais elle exige d’être soutenue par un cadre réglementaire adapté et cohérent qui tarde à émerger. Nous allons continuer à dialoguer avec nos partenaires de la chaine de valeur et les autorités publiques car ce n’est qu’ensemble que nous pourrons atteindre un écosystème européen des plastiques qui soit circulaire et zéro émission nette3 ainsi que proposé dans notre feuille de route pour 2050 The Plastics Transition », explique Jean-Yves Daclin, Directeur général de Plastics Europe pour la France.
Voir aussi via https://plasticseurope.org/knowledge-hub/the-circular-economy-for-plastics-a-european-analysis-2024/
Mis à jour (Vendredi, 22 Mars 2024 11:10)