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PARIS (MPE-Média) – L’aluminium bas carbone était le sujet premier de la récente et 10ème édition des « rencontres Aluminnov » organisée par Aluminium France dans les murs du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) à Paris. Détails.
Denis Ferrand (au centre) directeur de REXECODE débattant avec Constance Maréchal-Dereu (DGEC) et Olivier Luansi (Mines-Paris-Tech, consultant - Ph CJ)
Ouvrant ces rencontres, le Président d’Aluminium France Guillaume de Goÿs a parlé du rôle clé de l’aluminium dans cette transition en cours vers un monde plus durable, qui implique d’utiliser une énergie décarbonnée pour produire en réduisant la consommation d’énergie, en recyclant davantage, grâce à de nouvelles chaînes de recyclage, dont une inaugurée récemment par Constellium dans l’Est de la France, à Neuf-Brisach, moyennant 150M€ de CAPEX, pour 135 000 tonnes de capacités annuelles.
Capture du carbone via le projet « C4Capture », capacités de recyclage, financements de la transition et maintien de la compétitivité de la filière étaient donc les thèmes des exposés et tables rondes proposées durant ces rencontres.
Le projet C4 Capture (prononcez Sea For Capture) présenté par le Directeur général de Trimet France, partenaire de FIVES, de Rio Tinto et d’Aluminium Dunkerque dans ce projet consiste à capter les gaz et poussières (CO2, SO2) en sortie d’usine et des cuves d’électrolyse, en « nettoyant » les gaz avant de les déshydrater et de les comprimer avant stockage. Lequel stockage est envisageable dans des poches sous-marines en mer du Nord, en collaboration avec ArcelorMittal Dunkerque. Un pilote du procédé C4Capture doit être finalisé avec le soutien de l’ADEME et des producteurs.
Les producteurs d’aluminium travaillent aussi sur un nouveau procédé d’anodes inertes améliorant la production elle-même du métal blanc. Globalement, ces nouveaux procédés impliquent des coûts plus élevés du métal et un risque de perte de compétitivité de l’industrie européenne qui doit être protégée face à des concurrents globaux dont les exigences écologiques ne sont pas les mêmes.
Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF ou CBAM en anglais) suffira-t-il à réduire le risque d’importations de métal plus carboné en Europe ? « Tout le monde n’est pas taxé de la même façon sur l’ensemble de la chaîne de valeur », note le Président d’Aluminium France.
Le recyclage : « Une partie de la solution »
Côté recyclage, le DG d’Aluminium France Cyrille Mounier met tout de suite les choses au clair : « Ce sera une partie de la solution si nous avons les tonnages de déchets à recycler. Et de garantir aussi les mêmes qualités d’alliages en fonction des secteurs d’utilisation visés ». Le problème étant que 500 000 tonnes de déchets d’aluminium sont exportées depuis l’hexagone chaque année contre 300 000 tonnes importées. La société Coralium, fonderie pouvant produire des billettes d’aluminium bas-carbone élue dans le cadre du programme France 2030 doit démarrer ses activités en 2025 pour produire 40 000 tonnes de billettes bas carbone/an destinées à des applications BTP. Coralium aura demandé 42M€ d’investissements dont 9M€ de prêts et subventions étatiques. Une autre société, Aluminium Foundry France doit produire à partir du S2 2025 près de 80 000 tonnes de billettes bas carbone/an grâce à 50M€ d’investissements. Ces deux projets représentent ensemble près de 150 emplois à créer.
Le nouveau centre de recyclage ouvert la veille par Constellium à Neuf-Brisach permettra de réduire nettement les émissions du groupe en recyclant des boîtes boissons et des pièces automobiles en aluminium en fin de vie.
Intervenant dans le public, Tess Pozzi (cadre en charge de ces sujets chez Derichebourg, également membre d’EuRIC à Bruxelles) a noté que les problématiques techniques d’intégration d’aluminium recyclé dans des produits neufs sont en voie de résolution mais demandent une collaboration étroite entre producteurs et spécialistes du recyclage pour aboutir.
La France premier pays d’exportation vers l’Asie du sud-Est
Directeur programmes de l’ADEME, David Marchal a rappelé quelques données sur les flux, rappelant que les tarifs à l’export sont plus attractifs, faisant de la France le premier pays européen exportateur d’aluminium vers les pays d’Asie du Sud-Est. Et souligné que les deux scénarios envisagés pour réduire l’empreinte carbone du secteur incluent l’impact du recyclage dans leurs modèles. L’ADEME soutient l’électrification des nouvelles fonderies, la réutilisation de métaux reyclés, aide au développement de l’éco-conception des produits futurs.
Du câble électrique aérien contenant du recyclé a été posé pour la première fois récemment par RTE dans deux régions françaises, avec une conductivité optimale, a annoncé Stéphane Heurtault, expert et cadre de ce groupe en charge de la distribution d’énergie dans les territoires. RTE et Nexans ont contractualisé récemment un engagement de production de câbles comprenant du métal recyclé.
Un cadre de l’éco-organisme CITEO est revenu sur le thème de la consigne des cannettes en aluminium, sujet très controversé que CITEO avait commencé par refuser, avant d’avoir des garanties lors de la conception de la loi AGEC sur le rapport budgétaire dont l’éco-organisme pourrait profiter via les filières REP.
En fin de conférence avait lieu un débat autour des financements de la transition et de la compétitivité de la filière, avec une responsable de la direction générale des entreprises, un dirigeant d’un organisme d’études économiques, REXECODE, un expert enseignant chez Mines-Paris-Tech.
Christophe JOURNET
Rédacteur en chef de MPE-Média
Voir aussi via https://www.aluminium.fr
Mis à jour (Mercredi, 25 Septembre 2024 10:23)