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VALENCIA/Espagne (MPE-Média) – La session d’ouverture de la Convention de printemps 2025 du Bureau International du Recyclage avait lieu ce lundi 26 mai à la Feria de Valencia, réunissant près de 1 900 professionnels de ces activités provenant de 63 pays, dont une cinquantaine d’exposants. Un record inégalé. Détails.
Le Centre des conventions de la Feria de Valencia, situé en bordure de la cité méditerranéenne à proximité de l’aéroport international via les voies expresses locales est construit sur cinq niveaux comprenant auditoriums, salles d’expositions et bureaux de networking (Ph CJ MPE-Média)
De l’Australie à l’Uruguay dans l’ordre alphabétique, incluant une forte représentation d’entreprises européennes, américaines, asiatiques, Bangladesh et Iran inclus, ces pays connaissent tous des conditions de marchés rendues complexes et volatiles par les impacts des conflits militaires en cours et des guerres de « tarifs » douaniers réactivées cette année par les décrets hyper protectionnistes signés par un certain Donald Trump. L’Espagne, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni et les États-Unis représentant le « top 5 » des 63 pays représentés à Valencia.
Susie Burrage, Présidente du Bureau du recyclage ouvrant la Convention de Valencia (Ph CJ)
Prenant la parole pour ouvrir la Convention, la Présidente du « Bureau » Susie Burrage a expliqué que plus de 300 nouveaux membres ont adhéré au BIR durant les deux années de son mandat. « Sans matières premières issues du recyclage, il n’y a pas d’industrie possible », a-t-elle rappelé.
Brian Henesy, président américain du comité en charge des Conventions du BIR, a annoncé le choix de Bangkok pour la prochaine convention d’octobre 2025 du BIR. Puis Ibrahim Aboura, président du comité en charge de la communication du Bureau basé Bruxelles et de la revue « The Recyclist » éditée par le BIR, a présenté le premier « keynote speaker » de cette Convention globale, le communiquant Michael Maslansky (Maslansky & Partners).
« Trouver les mots positifs et les images qui parlent vraiment aux autres »
Appelant à faire la distinction entre les messages qui semblent bon et ceux qui passent bien, à bien distinguer ce que l’on pense de ce que les personnes pensent dans les entreprises, « leur vérité », Michael Maslansky note que l’important n’est pas tant ce que l’on dit que ce que les autres entendent. Qu’il s’agisse de construire une image, de résoudre des situations de crise, il souligne que l’objectif premier de toute industrie est que plus de gens l’utilisent, l’apprécient, que de moins en moins la critiquent. Proposant un vrai master class de communication, Michael Maslansky insiste : « vous devez rendre vos messages faciles à comprendre » !
Michael Maslansky, keynote speaker de cette convention 2025 (Ph CJ)
Prenant l’exemple des discours à propos des déchets (« scraps »), il explique que le thème est forcément perçu négativement, d’où l’importance d’en parler positivement, idem pour la notion de « recyclage » qui doit être associée selon lui à ses impacts positifs pour l’industrie et pour l’environnement. L’empathie l’emporte toujours sur l’aspect strictement éducatif des propos, stresse-t-il. « Mieux vaut dire qu’on soutient le libre-échange et le pratiquons d’une façon qui protège les emplois que de dire que les tarifs douaniers vont provoquer du chômage et faire reculer l’industrie », ajoute-t-il. Enfin, il note que « privilégier l’écoute positive permettra toujours d’être mieux entendu, mieux compris par les autres ».
Le conseil du commerce international du BIR : Méditations sur les incertitudes
GD : Robin Wiener (Pdte US Recycled Materials Association - REMA), Emmanuel Katrakis (Galloo, BIR), Dhawal Shah (Metco Ventures, BIR), Murat Bayram (EMR Ltd, BIR), Philippe Chalmin (CyclOpe)
Dans la foulée de la session d’ouverture de cette convention record, le BIR accueillait Philippe Chalmin, économiste expert en histoire des matières premières fondateur de CyclOpe, la somme annuelle des marchés de ces matières présentée récemment à Paris (lire nos éditions précédentes). Le Professeur Chalmin a expliqué comment la crise du multilatéralisme, le futur incertain des principaux accords commerciaux – le Mercosur, US/Mexique/Canada, Chine/Corée/Japon, etc. – et ... les fameux « Tarifs » sauce Trump, comment ces faits têtus affectent nos économies. Il rappelle que trois épisodes précédents de hausses brutales des taxes américaines ont eu lieu depuis le 19ème siècle. Il détaille les différentes taxations imposées par la Maison Blanche selon les pays, de 10 à 145% selon les cas, les probables ripostes tarifaires de 20 à 50% dès juillet 2025 (25% pour l’acier et l’aluminium importé aux states sans exemption (hormis pour le Royaume-Uni) ; enfin les taxes à venir sur l’entrée dans les ports américains de cargos chinois.
« La Chine a les moyens de riposter avec une menace d’embargo sur l’exportation de ses métaux stratégiques, alors que le Japon, la Corée du Sud, l’Inde tentent encore de négocier, l’Union européenne se trouvant dépourvue côté moyens de défense », détaille Philippe Chalmin. Il pense qu’un scénario de « stagflation » n’est pas à écarter pour l’économie américaine, avec croissance négative, un dollar affaibli, à parité avec l’Euro contre 1,12$/1€ actuellement, un ratio de la dette américaine qui pourrait encore augmenter durant ce mandat trumpien en diable.
« L’incertitude, un vrai problème public et global »
De plus, la poursuite de la chute du prix du baril, l’incertitude sur le prix du gaz naturel liquide, les surcapacités pour l’acier, l’aluminium, le nickel, le cuivre, dans un période de quotas et d’embargos pour les métaux stratégiques ainsi que les changements « drastiques » sur les marchés agro-alimentaires dont le café annonçent selon lui d’autres situations très challengeantes. « Globalement, l’incertitude est devenu un vrai problème public », ajoute-t-il en cours de discussion avec le public.
Pour Mrs Robin Wiener, Présidente de l’association américaine des matières issues du recyclage (REMA), énumérant les conséquences possibles des mesures annoncées par Donald Trump, l’une des plus graves pourrait être celles concernant le fret maritime entre les USA et la Chine, la Chine et le reste du monde, ainsi que les limites posées avec le Canada.
Rappelant que l’Europe de l’acier est actuellement à la peine, Emmanuel Katrakis, Directeur des affaires publiques du groupe Galloo et Murat Bayram, cadre de European Metals Recycling Ltd ont souligné le paradoxe d’une crise qui touche un métal indispensable pour de très nombreux produits industriels, freinant la transition vers une économie plus circulaire.
« Tout ce qui arrive globalement, vu depuis l’Inde très dépendante de ses importations, dont 60% de matières à recycler venant d’Europe, en termes de recyclage et de circularité, de responsabilité élargie des producteurs, c’est que nous devons renforcer nos politiques publiques pour faire face à cet état de fait », réagit l’expert en métaux non ferreux et inoxydables Dhawal Shah.
Tout ça n’est pas sans rappeler le constat d’un Lakshmi Mittal disant en 2009 juste après la crise financière déclenchée par l’affaire des subprimes américaines - toujours l’Amérique NDLR - que les pays développés, les USA et l’Europe de l’ouest étaient en crise, mais pas l’Asie, pas l’Inde, pas la Chine. Mais aujourd’hui, l’étendue géographique des impacts s’est beaucoup élargie.
Christophe JOURNET
Rédacteur en chef de MPE-Média
Voir aussi via https://www.bir.org/en/
Recyclage/BIR :
Ferrailles et baisse de l’empreinte carbone
VALENCIA (MPE-Média) – La Division des métaux ferreux du Bureau International du Recyclage présentait ce lundi avec Rolf Willeke l’évolution de la production globale d’acier, de ferrailles, de leurs importations et exportations en 2024 comparées aux années précédentes. Détails.
Rolf Willeke, analyste expert des métaux ferreux du BIR (Ph CJ)
Notant l’importance croissante des importations indiennes de ferrailles dans ces marchés, Rolf Willeke a rappelé que la lecture attentive de ces statistiques annuelles – dont une mercuriale des prix des scraps d’acier à nette tendance baissière NDLR - permettait de constater d’importantes évolutions des flux globaux d’un pays à l’autre.
Les intervenants de la Division ferrailles du BIR (Ph CJ)
Pour Daniel Pietikaïnen, membre de l’équipe en charge des questions commerciales et environnementales du BIR, bien mesurer la production d’acier et de ferrailles d’acier des différents pays producteurs en termes d’empreinte carbone et de consommation réelle d’énergie évitée par l’usage de matière issue du recyclage indique que ces activités permettent de les réduire d’environ la moitié aux deux-tiers d’une production d’acier brut sans recours à la ferraille.
Listant les nombreux avantages de l’usage de ferrailles dans la production d’acier brut, l’universitaire et économiste allemand Frank Pothen spécialiste de ces marchés note le contraste entre l’Europe et l’Asie, la Chine en particulier dans les prévisions de disponibilité de volumes de scraps de métaux ferreux d’ici à 2050, faites à partir de données précises sur la demande totale d’acier recyclé de 2015 à nos jours. Des projections établies en tenant compte de l’évolution des technologies lui ont permis d’établir plusieurs scénarios pour les années à venir, incluant pressions des politiques climatiques, part déclinante des scraps de production industrielle, hausse de la demande en acier haute qualité.
Intervenant comme modérateur du débat en quasi-point d’orgue de cette session, George Adams (SA Recycling, USA) a su mettre l’accent sur les perspectives positives de ces marchés, en bon élève de Michael Maslansky !
Comité des Broyeurs : l’action antifeu et la qualité
Croiser les lances à eaux pour stopper les départs de feu (Source BIR)
VALENCIA (MPE-Média) – Présidée par Alton Scott Newell III (USA) la session « broyeurs » du BIR a permis à George Adams (SA recycling) de présenter la meilleure façon de réagir en cas d’incendie post broyage dans une cour de ferrailles.
« Bien se préparer à réduire le feu est encore la meilleure façon de l’empêcher », explique-t-il vidéos à l’appui, montrant notamment l’invention récente de cages à eau utilisées pour noyer les départs de feu avec précision et efficacité à l’aide de grues à cisailles. Puis Karl Hoffmann (Metal Recycling Steinert GmBh) a présenté plusieurs cas d’études sur des machines à broyer des ferrailles équipées de séparateurs de métaux et d’impuretés.
Manuel Andreis (Eriez Magnetic Europe Ltd) a ensuite exposé comment mieux séparer les résidus de cuivre des stocks de ferrailles, avec des séparateurs ballistiques, magnétiques distinguant les métaux et débris en fonction de leur densité en mouvement.
Christophe JOURNET
Rédacteur en chef de MPE-Média
Voir aussi via https://www.bir.org/en/
