PARIS (MPE-Média) – Après le constructeur japonaisToyota, qui s’est félicité de la décision du gouvernement français et du Ministre du Redressement productif de traduire leur plan de soutien à l’automobile en plan de soutien quasi exclusif à la mobilité électrique et hybride, c’est au tour du transporteur allemand DHL via sa filiale française de se féliciter de voir encourager ce qu’il présente comme un choix déjà ancien chez lui. A se demander à qui va profiter le plan de soutien à l’automobile … made in France ! Ironie du sort, ou manque d’analyse par nos gouvernants de la réception possible de la mesure et du risque de récupération d’image ?
Toyota a salué par un communiqué émanant de son PDG pour la France, le récent soutien apporté par le gouvernement aux véhicules hybrides dans son plan pour la filière automobile : « L’élargissement du bonus écologique hybride aux véhicules de société et l’augmentation du bonus pour les hybrides (il cite ici ses marques) représentent un signal fort qui nous encourage dans notre offre de véhicules toujours plus respectueux de l’environnement », a déclaré M. Pascal Ruch, président de Toyota France, dans un communiqu
Toyota a recouvré la première place mondiale des constructeurs d’automobiles globaux en termes de ventes au premier semestre de 2012, avec 4,97 millions de véhicules écoulés (+ 34 % ; marques Hino et Daihatsu incluses), place qu’il avait perdue il y a deux ans, annonçait récemment le Comité des Constructeurs Français d’Automobile (CCFA) dans sa lettre du jour.
Avec Nissan et Mitsubishi motors, Toyota fait partie des premiers constructeurs à s’être intéressé de façon directe à la voiture hybride puis à la voiture électrique. Au point de construire à l’étranger des usines performantes pour y vendre ses modèles concurrents des grands constructeurs globaux, y compris bien sûr de Renault et de PSA. Ainsi, Toyota a-t-il racheté l’usine Renault de Valenciennes où le groupe va à présent construire ses Yaris hybrides pour viser … le marché américain, annonçait récemment la firme.
« Véhicules électriques : DHL Express passe à la vitesse supérieure »…
Même réaction très marketeuse chez le postier et transporteur d’outre-Rhin DHL Express, qui vient d’envoyer à toute la presse un communiqué qui se réjouit ouvertement de la mesure de prime à l’achat de véhicules électriques, vantant ses propres choix : « Alors que le Gouvernement français vient d’annoncer des mesures en faveur des véhicules électriques, DHL Express tient à renforcer son engagement en faveur du développement de l’utilisation d’utilitaires propres dans le cadre de ses activités. Dans les 18 prochains mois, DHL Express France va ainsi intégrer 20 véhicules électriques à son parc et se fixe comme objectif à l’horizon 2015 d’atteindre 30% d’utilitaires électriques dans sa flotte », explique DHL.
Pour atteindre cet objectif ambitieux, DHL Express France dit avoir multiplié les tests grandeur nature. Depuis le début de l’été, l’entreprise a notamment expérimenté sur le terrain plusieurs utilitaires 100% électriques comme le « Mooville » en juin sur sa tournée urbaine de Rouen (76) ou le « Colibus » dans le centre de Toulouse (33) début juillet.
L'utilitaire électrique Mooville est sorti l'an dernier (ph CJ MPE-Média)
« Mooville » est un petit utilitaire made in région parisienne imaginé et construit par un pool d’ingénieurs constitué en société, visant un développement mixte du côté des collectivités locales, des entreprises, principalement, Colibus étant aussi un petit constructeur français du Sud-Ouest visant aussi le segment dernier tronçon vers l’usager utilisateur des marchandises.
Michel Akavi, le PDG de DHL Express France, explique que « DHL Express a la ferme intention de développer rapidement une importante flotte de véhicules propres. En France, nous menons de nombreuses expérimentations en ce sens et nous sommes les premiers à avoir adopté les triporteurs pour livrer des centres-villes. Ces initiatives s’inscrivent le cadre du programme GoGreen de notre groupe DHL, qui a pour objectif de réduire ses émissions de CO2 de 30% à l’horizon 2020 par rapport à 2007 ».
DHL fait partie de Deutsche Post DHL. Le groupe a réalisé plus de 53 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2011. DHL ne profitera pas directement de la manne étatique, ne produisant pas de VE ni de VH, mais pourra en bénéficier en achetant d’autres véhicules que des Peugeot ou des Renault, vendues en France par des firmes qui n’ont aucunement besoin de l’aide financée par le gouvernement, donc par des usagers assujettis par l’impôt dont un nombre croissant ne parvient plus à acheter « français », ni même « première main », et risque de se rabattre sur les « entrées de gamme » électriques ou hybrides pas forcément made in France.
Un marché encore difficile
En fait, l’autre question découle de la plus simple observation de ce qui se passe ailleurs, en particulier outre-Atlantique, où les débuts du marché du véhicule électrique s’avèrent pour l’instant difficiles : « Les dernières études des résultats commerciaux des grands constructeurs nord-américains sur la vente de leurs modèles électriques et hybrides sont très décevantes, ils sont très en dessous de leurs prévisions, au point de vouloir repenser le modèle économique », nous confiait à la fin 2011 le Professeur Roland Geyer, un chercheur californien expert du domaine.
De quoi relativiser l’engouement suscité par l’annonce des primes à l’achat des voitures électriques ou hybrides.
Jo Gatsby

Mis à jour (Mercredi, 26 Octobre 2016 13:09)