PARIS (MPE-Média) - Que retenons-nous à l'issue de cette 2e Conférence environnementale nationale d'hier et de ce samedi 21 septembre 2013? Ni le Président de la République ni le Premier ministre ne nous ont laissé de propos impérissables ou même simplement d'annonce de décisions qu'ils n'avaient pas exprimé avant la Conférence. Un espoir toutefois, qui nous amène à donner le prix MPE-Média du meilleur TWIT sur #Confenvi à Serge Orru, facilitateur de la table ronde sur l'économie circulaire, dont il a donné en peu de mots une excellente définition. Editorial post Conf environnementale.

SERGE_ORRU"L'économie circulaire, c'est la réduction drastique de notre empreinte écologique et le développement du social et de l'emploi", a twitté Serge Orru (photo SD Twitter) en fin de conférence ce samedi comme pour faire un peu oublier l'absence de véritable annonce dans le discours du premier ministre Jean-Marc Ayrault (à voir sur le site de Matignon en podcast). 

Les dispositions rendues publiques par nos dirigeants avant la conférence pour soutenir l'efficacité énergétique, confirmer les choix concernant la transition énergétique - dont on peut craindre qu'ils ne soient sous-budgetés, notamment les 30 milliards d'euros pour développer les renouvelables qui coûtent beaucoup plus cher que prévu - et l'annonce de la création d'une agence de la biodiversité là où nombre de spécialistes attendaient un choix dynamique concernant l'économie circulaire à mettre en oeuvre, n'auront supris personne, quand bien même on peut se demander quel trésor de guerre permettra de financer cette agence. Parions que BPI France va envoyer un courrier de demande de subvention à la Banque Européenne d'Investissement pour lui demander un coup de main. Par chance, c'est un français qui dirige la BEI.

Quid de l'écodiversité, de la diversité économique et de la prise de conscience du coût de l'analyse des cycles de vie des matières, indispensable à faire émerger à court terme? Quid des flux des matières en fin de première vie à la surface du globe, comme le montre le graphique ci-dessous, d'Europe et d'Amérique vers l'Asie et la Chine en particulier? Quid du financement de l'éducation à l'environnement?

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Routes connues et soupçonnées du trafic de DEEE pour en faire monter le prix avant recyclage à bas coût en Asie (Source BOFA ML/ISWA/Silicon Valley Coalition/ETBC 2013)

Actuellement, le Bureau International du Recyclage (BIR) de Bruxelles tire les sonnettes d'alarme sur plusieurs continents pour tenter de faire reculer la fraude dans les transports de matières à recycler en containers, ainsi que les vols de déchets métalliques et de DEEE. Les douanes de plusieurs pays côtiers d'Europe et des organisations professionnelles de l'électronique ont constaté les dérives favorisées par l'absence de gestion développée dans nos pays du recyclage des DEEE - exception faite selon l'ADEME d'une démarche expérimentale en cours en France chez Véolia, nous ne connaissons pas de vraie solution à l'échelle des besoins dans l'hexagone.

 

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Tableau des éléments utilisés pour fabriquer des téléphones portables, marqués en rouge, terres rares, zinc, cuivre, nickel, etc. (source BOFA ML)

Quid de l'harmonisation des choix et des pratiques avec nos voisins européens? Quid de la finalisation de l'entrée dans la loi française de la "fin de l'ère de déchet" sans laquelle certaines professions resteront toujours un tant soit peu au rencart des autres en terme d'image et de fiscalité professionnelle? Patience et longueur de temps...

Quid des déchets de l'industrie nucléaire?

Pourtant, le gouvernement, l'Etat semblait être sur la bonne voie, dans l'intention du moins. Dieu sait qu'il est grand temps. Ne serait-ce que pour modifier la carte mondiale des flux de déchets électriques et électroniques à recycler qui partent pour une large part en Asie, faute de moyens suffisants en Europe pour les traiter sur place. Les téléphones portables, smartphones, en particulier, sont désossés et recyclés dans des conditions épiques par de très jeunes ouvriers chinois.

Plus grave : on pouvait raisonnablement penser à une annonce sur la suite donnée par l'Etat à la grave question du choix définitif d'un mode de traitement ou d'enfouissement géologique des déchets nucléaires. Mais là encore, rien n'a été dit sur ce grave sujet, qui aurait du faire l'objet d'un débat national en 2013, programmé par le précédent gouvernement. Trois ministres de l'Ecologie plus tard, silence radio-actif sur ce point.

Il y aura donc une 3e conférence environnementale pour oser enfin donner raison à ceux qui à droite comme à gauche et chez les écologistes réclament à juste titre qu'on prenne le taureau par les cornes et les choses dans l'ordre : le développement de l'économie circulaire n'est pas un luxe, c'est une absolue nécessité qui va tout à fait de part avec la bonne santé de l'industrie et de nos PME : un modèle de prospérité durable est à notre portée, à condition de cesser de tourner autour du pot.

Christophe Journet

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