ROME (MPE-Média) – L’aciérie Ilva du groupe Riva située à Tarante (Italie du sud) est totalement à l’arrêt depuis ce mardi, hauts-fourneaux et site intégré ainsi que les expéditions, suite à une série d’injonctions juridiques émises par une juge d’instruction italienne du parquet régional des Pouilles, dans le cadre d’enquêtes portant à la fois sur des questions sanitaires, environnementales et des infractions financières. Rappel des faits.

ILVA_ALTOFORNO_5

Le haut-fourneau n°5 d'Ilva/Riva à Taranto (ph SD Ilva)

Plusieurs membres de la direction exécutive et générale du groupe Riva ont été interpellés, placés en détention, parmi lesquels l’un des fils du Président du groupe M. Fabio Riva.

L’aciérie Ilva de Tarante fait l’objet de mesures de fermeture depuis le mois d’août dernier (lire nos précédents articles sur notre site) mais ses responsables pensaient pouvoir poursuivre la production d’acier à faibles capacités, afin de pouvoir servir leurs clients.

Un bras de fer opppose une juge d’instruction du parquet de Tarante instruisant des plaintes déposées par des familles de la région et la direction du groupe Riva, suite à plusieurs décès intervenus à proximité de l’aciérie et depuis près de vingt ans voire davantage selon les médecins à cause de l’ingestion de substances toxiques émises par l’aciérie au fil des années – notamment des dioxines et d’autres substances interdites par les règlementations de type SEVESO en Italie.

L’affaire s’est soldée récemment par une injonction de fermeture du site sidérurgique, malgré les investissements réalisés par tranches de plusieurs centaines de millions d’euros et qui ont amené les dirigeants du groupe à tenter d’apporter des solutions rapides depuis plusieurs années (fermeture progressive des hauts-fourneaux pour travaux de refonte, captation des gaz émis par les cheminées, réfection de la cokerie, etc.).

Matières premières sous séquestre

De plus, le parquet local a fait mettre sous sequestre en fin de semaine dernière les matières premières sidérurgiques et les produits en acier en sortie d’usine d’Ilva afin de donner des gages aux familles des plaignants, malgré les protestations d’une partie des syndicats de la métallurgie et la crainte des dirigeants de la filière métallurgique italienne que des ruptures d’approvisionnement puissent se produire en Italie.

Le Président du groupe Riva M. Emilio Riva est actuellement placé sous contrôle judiciaire à domicile et interdit de déplacement, la justice italienne enquêtant sur des infractions financières liées selon nos sources à des accusations de corruption dans le cadre commercial et dans une affaire de financement d’un parti politique bien connu en Italie.

L’aciérie Ilva de Tarante produisait jusqu’à 10 millions de tonnes d’aciers plats au carbone avant la crise financière de 2008, pour à peine moins de 30 millions de tonnes d’acier produites à l’époque en Italie chaque année.

Une autre aciérie occupée

Un second site appartenant à l’aciériste est actuellement occupé par les sidérurgistes du groupe pour réclamer l’intervention du chef du gouvernement M. Mario Monti qui devait rencontrer les délégués des personnels et des élus locaux ce jeudi.

Interrogé à ce propos, un analyste bancaire qui préfère rester anonyme estime que la fermeture d’Ilva à Tarente et la mesure de blocage des produits destinés à sa clientèle ne devrait pas entraîner de pénurie sur le marché italien, compte tenu des surcapacités existant encore en Europe.

Certains fournisseurs tentent d’instrumentaliser la situation en demandant à leurs clients d’accepter une hausse de prix d’environ 20 à 30 euros la tonne, prétextant que la fermeture de cette grande aciérie italienne ferait déjà monter la pression sur les prix des aciers plats pour l’automobile, ce qui semble inexact selon nos sources, la demande n’augmentant pas ces jours-ci.

C.J. avec G.B. en Italie

ACIERIE_ILVA_RIVA

(ph SD Ilva/Riva group)

Retour vers le haut

Mis à jour (Mardi, 25 Octobre 2016 09:09)