PARIS (MPE-Média) – Plus d’une centaine de cadres de groupes et d’entreprises impliquées dans l’appel d’offres français « éolien en mer » participaient récemment à un colloque organisé et animé par Assystem et son partenaire britannique Atkins dans « N.Triple.A », JV créée l’an dernier: une scène où la réduction des coûts de mise en œuvre des fermes éoliennes marines tient la vedette et s'avère essentielle pour leur développement.

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GD: MM. Martin Grant (Atkins) et Hubert Labourdette (Assystem) présentant les enjeux de l'éolien offshore (ph CJ-MPE-Média)

Assystem (9.700 personnes) et Atkins (18.500 personnes) ont fondé en 2011 « N.triple.A » pour mettre en commun leurs moyens d’expertise dans le secteur de l’énergie, ce qui correspondait à la décision du conseil d’administration d’Assystem d’étendre ses activités à l’international mais aussi d’améliorer ses capacités d’audit et de conseil en France, comme c’est à présent le cas pour le programme éolien en mer lancé l’an dernier par le gouvernement.

« Les estimations portent sur une production de 6.000 MW d’ici à 2020, ce qui correspond à 1.200 éoliennes et à 3,5% de la consommation d’électricité du pays, contribuant à respecter les engagements du Grenelle de l’Environnement. En décembre 2011, un premier pic de production d’électricité par des éoliennes offshore été atteint, représentant 4.636MW soit 8% de la consommation française », expliquait Olivier Dunand, dirigeant d’Assystem aux représentants de plusieurs dizaines d’enteprises et de groupes venus participer au 2e colloque de la spécialité organisé par son cabinet.

Bien recenser les difficultés à prévoir

Là aussi, le nerf de la guerre est avant tout financier : « les consortiums doivent s’organiser autour des projets qui leur seront attribués dans quelques semaines, suite à l’appel d’offres auquel ont répondu EDF énergies nouvelles, GDF-Suez, Iberdrola, associés par projet à d’autres entreprises pour les cinq zones concernées. Il faudra trouver près de dix milliards d’euros pour les parcs éoliens français, en faisant appel aux investisseurs, aux consortiums eux-mêmes et aux compagnies projets », souligne M. Dunand.

Son alter ego anglais d’Atkins M. Martin Grant, responsable des dossiers « énergie » pour sa firme et son collègue John Foley, en charge des 13 projets éoliens offshore au large du Royaume-Uni – dont dix sont déjà en production, soit l’équivalent de 15GW en capacités de production – ont mis méthodiquement l’accent sur les difficultés rencontrées : « nous avions besoin de sécuriser cet apport d’énergie, qu’il faut toujours diviser par trois pour garantir l’opérationnel », note M. Foley. Les fermes éoliennes pèsent environ 6.000 tonnes chacune, les plate-formes offshore réseaux près de 3.000 tonnes chaque : « au Royaume-Uni, le coût des navires utilisés pour les installer est considérable et les moyens maritimes ad hoc notoirement insuffisants », ajoute Martin Grant. « Peu de bateaux peuvent supporter d’embarquer 3.000 tonnes d’un seul tenant », assure John Foley.

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Ce qui suppose dans bien des cas la construction de bateaux spéciaux. Et leur financement, ce qui fait dire à Martin Grant que « la question du coût au final reste le problème n°1 de l’énergie éolienne offshore ».

Si la tour Eiffel pèse 7.500 tonnes, une éolienne offshore en pèse presque la moitié et une plate-forme offshore peut peser de 3.000 à 12.000 tonnes, qu’il faut parfois assembler en mer !

 

Plate-forme Galoper (Ph SD)

Fonds marins

« Il faut aussi se poser la question des fonds marins. Ce qui se passe en sous-sol est déterminant. Ces études coûtent très cher, cela varie selon la profondeur, la nature des sols. Ensuite, il faut poser à la faune, aux phoques, aux lions de mer, aux saumons et aux dauphins qui transitent ou vivent là où vous voulez construire votre ferme éolienne », explique John Foley, avant d’aborder ce qu’il appelle le « challenge AC versus DC », le transport de l’énergie produite, et enfin la fabrication des « jackets » (structures de sous-bassement de l’éolienne) et le choix des meilleures turbines.

Cas d’éole…

Pour faire comprendre aux futurs membres des consortiums concernés par les projets offshore français, Assystem et Atkins avaient aussi convié quelques spécialistes maison ou externes de grands projets éoliens ou analogues dans d’autres spécialités, comme Thierry Périchon pour la réalisation clé en main d’usine automobile, Hubert Labourdette et Bernard Blanc pour la construction du centre d’expérimentation nucléaire ITER du site CEA de Cadarache (Bouches-du-Rhône), Michel Trousseau pour une centrale d’épuration de l’eau réalisée à la fin du siècle dernier en région parisienne, Bernard Guitton pour évoquer la question du transport en mer des structures éoliennes, pétrole ou gaz offshore, des experts du groupe hollandais Royal Haskoning pour d’autres aspects liées aux infrastructures portuaires nécessaires à ces projets spéciaux.

ITER, de 2008 à ce jour

L’exemple d’ITER prouve selon Hubert Labourdette « la nécessité absolue de constituer des équipes intégrées : ITER fédère 250 personnes de dix nationalités. Il faut benchmarker, s’adapter au projet, gérer les interfaces en communiquant en permanence pour garantir la cohérence d’un lot à l’autre. L’équipe de gestion du projet en réfère régulièrement au comité de pilotage et au conseil d’administration », précise-t-il.

Dans le cas d’ITER, le plus grand projet mondial de création d’un réacteur nucléaire de recherche et développement de la ressource, les européens travaillent en permanence avec des japonais, des coréens, des indiens, des chinois, des russes et des américains, pour construire 35 bâtiments avec un pôle d’architecture basé en Espagne. La procédure entamée en 2008 précédait de deux ans la signature effective préalable au lancement, obtenue un an après la première réunion de coordination et d’information de l’ensemble des acteurs.

Viennent ensuite la définition de règles dans l’organisation des tâches à respecter de A à Z, la gestion du temps et le respect des calendriers définis sans connaissance des aléas de la météo marine, mais surtout, insiste l’ex chef de projet de Suez et de EDF énergie, « il faut toujours envisager le pire pour qu’il n’arrive pas. C’est un travail relationnel incessant, en interne, vers les entreprises, vers le client final. Il faut se voir souvent, même sans besoin a priori, pour partager ensemble les joies et les peines si l’on veut réussir de tels projets ».

Christophe Journet

http://www.assystem.com

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Mis à jour (Jeudi, 10 Novembre 2016 15:52)