PARIS (MPE-Média) - Le contrat stratégique de la filière nucléaire, représentant pas moins de 2 600 entreprises dont plusieurs multinationales, près de 220 000 emplois directs ou indirects sera signé lundi 28 janvier au matin au Ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES) par les deux ministres concernés et le Président de la dite filière. Détails.

MM. François de Rugy, ministre d’Etat, ministre de la Transition écologique et solidaire, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances et M. Dominique Minière, président du Comité Stratégique de la Filière (CSF) Nucléaire, signeront lundi 28 janvier, le contrat stratégique de la filière nucléaire, apprend-on par un communiqué ministériel le jour même de la publication de la programmation pluriannuelle de l'énergie.

La filière de l’industrie nucléaire civile française est une filière intégrée, dont les activités, avec l’appui de la recherche et du développement (R&D), se structurent autour du cycle de vie du combustible, de l’exploitation des réacteurs électronucléaires et des activités de démantèlement, de gestion et de stockage des déchets radioactifs.

 

A ce titre, la filière nucléaire représente :

- 2 600 entreprises (85% TPE-PME),

- 220 000 emplois directs et indirects,

- 50 milliards d’euros de chiffre d’affaires (dont 22% à l’export).

 

Conformément à l’orientation donnée par le Conseil national de l’industrie (CNI), la filière nucléaire française a élaboré un plan d’actions portant sur des projets structurants à forts enjeux et propose à l’État un contrat de filière, regroupant un ensemble d’engagements réciproques visant à accompagner la réalisation de ces projets organisés autour de 4 axes :

- L’emploi, les compétences et la formation,

- La transformation numérique de la filière Nucléaire,

- La Recherche et Développement (R&D) et la transformation écologique de la filière,

- L’international.

 

« 50 % de nucléaire à l’horizon 2035 » c'est inscrit dans la PPE

 

Cette signature intervient deux mois après la présentation à la presse des orientations de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), définie comme « un outil de pilotage de la politique énergétique de la France ». Elle a été créée par la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015, élaborée à partir de juin 2017 en associant de très nombreux acteurs. La PPE a fait l’objet d’un débat public entre mars et juin 2018 (voir nos articles précédents en ligne).

 

L’objectif « 3 » de la PPE est énoncé de la façon suivante :

« Diversifier le mix énergétique : La diversification du mix énergétique passe par le développement des énergies renouvelables (EnR) et par la réduction du nucléaire.
Le Gouvernement prévoit un doublement des capacités installées en termes d’EnR électriques d’ici 2028. Pour y parvenir, la PPE décline les objectifs généraux et les mesures par énergie renouvelable : augmentation des aides financières pour la chaleur renouvelable (fonds chaleur de l’Ademe), nouveau calendrier d’appels d’offres pour les EnR électriques, consolidation de l’obligation d’achat à tarif réglementé pour le gaz renouvelable » peut-on lire dans les documents officiels présentés en novembre 2018.

 

« Parallèlement, le Gouvernement se fixe l’objectif d’atteindre une part du nucléaire au sein du mix électrique de 50 % à l’horizon 2035. L’atteinte de cet objectif implique la fermeture de 14 réacteurs nucléaires, dont 4 à 6 réacteurs d’ici 2028 (y compris les 2 de Fessenheim). »

 

« Nous sommes devant un mur nucléaire »,

expliquent ensemble MM. Minière et Lalonde devant EDEN

 

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De gauche à droite : Dominique Minière et l’ancien ministre Brice Lalonde (Ph CJ MPE-Média)

 

M. Dominique Minière, président du Comité Stratégique de la Filière (CSF) Nucléaire, Directeur exécutif du groupe EDF, participait la semaine dernière à un atelier débat organisé par Equilibre des énergies (EDEN) en présence de Brice Lalonde, ex ministre en charge de l’écologie, qui a ouvert la réunion en précisant que « nous sommes devant un mur nucléaire, que la question du pour ou du contre ne m’intéresse pas », proposant d’entrer dans une perspective sans a priori sur le thème.

« En France, nous avons des rejets en CO2 extrêmement faibles, les français ne savent pas toujours que les centrales nucléaires sont zéro émission », a déclaré M. Minière lors de cet atelier d’EDEN.

La nécessité d’augmenter la part d’électricité bas carbone, au service des villes, est un enjeu clé, continue M. Minière : « le mix nucléaire renouvelable hydraulique nous permet d’être flexibles, nous avons besoin de ce mix pour accompagner la montée des ENR. Le Président de la République nous a dit en 2018 que l’avenir, l’enjeu numéro un était de faire monter l’électricité dans la consommation d’énergie ».

Comment éviter une vraie falaise nucléaire?

Cela peut se faire par différents moyens : Pompes à chaleur, autres moyens de production d’énergie, EDF a entrepris de prolonger la vie des centrales nucléaires à 60 ans : « si on les arrête toutes à 60 ans, nous aurions à faire face à une vraie falaise nucléaire, avec 30 Térawatts/heure en moins. Le plan industriel que nous avons défendu est d’arrêter plutôt à 50 ans pour pouvoir étaler la transition », explique M. Minière, « en arrêtant des réacteurs dès 2027, avec une dizaine de fermetures entre 2027 et 2035. Nous sommes dans un scénario proche de ce qui est proposé par le projet de PPE qui repose avant tout sur le grand carénage - le programme de rénovation des centrales actuelles NDLR - et sur le fait d’aller au-delà de 40 ans et au plus à 60 ans », précise le Directeur exécutif d’EDF et Pdt du Comité Stratégique de la Filière (CSF) Nucléaire.

D’où l’importance du contrat signé lundi 28 janvier à l’Hôtel de Roquelaure avec les ministres, malgré les zones d’ombres subsistant pour la sécurisation de l’offre énergétique française et européenne bas carbone suite aux attaques idéologiques subies par la filière nucléaire depuis plus de trois décennies sous la pression des lobbies écologistes, très mal informés sur le niveau réel actuel de sûreté des installations nucléaires françaises, ainsi que sur le devenir des technologies à l’oeuvre et les opportunités existantes de création de nouveaux réacteurs qui permettraient de réduire encore plus la dépendance aux énergies fossiles tout en résolvant la problématique des actuels déchets nucléaires.

« Il y a dix ans, je pensais que l’idée de base était de transformer les déchets à vie longue et le CEA s’y était opposé, je pense que c’est une erreur politique, oui », a déclaré M. Lalonde aux participants à la réunion d’EDEN la semaine dernière.

 

Christophe Journet, Rédacteur en chef

 

NDLR - Le récent survol d’une centrale d’ORANO à La Hague par un drone piloté par des militants de Greenpeace ce vendredi illustre bien ce décalage entre les acteurs d’une filière nucléaire responsabilisés par des décennies de pratique de production et les écologistes de cette ONG, cherchant à provoquer des peurs et à réveiller la paranoïa des publics en instrumentalisant le thème du risque terroriste grâce aux relais médiatiques.

 

Voir aussi sur :

https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr

http://www.sfen.org  à propos de la Convention 2019 de la Sté française d’énergie nucléaire en mars prochain près de Paris.

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/energie-la-strategie-francaise-suspendue-a-une-forte-hausse-des-exportations-electriques-805213.html

 

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Mis à jour (Mardi, 12 Février 2019 18:01)