PARIS (MPE-Média) – Tout est loin d’être achevé chez Rio Tinto Alcan (RTA) et ses filiales françaises pour accomplir dans les règles la cession-reprise au groupe allemand Trimet des sites industriels de Saint-Jean-de-Maurienne et de Castelsarrasin, respectivement situés en Savoie et dans le Tarn-et-Garonne, confirment nos sources. Explications.

Reste notamment à mener dans un premier temps la « procédure d’information consultation auprès des instances de représentation du personnel » qui peut prendre plusieurs mois et débutera cette semaine par une première réunion du Comité central d’entreprise prévue jeudi 18 juillet à Voreppe (Isère, siège de Rio Tinto Alcan Europe), explique la porte-parole du groupe Mme Séverine Gérardin.

Cette première réunion à l’échelle des délégués du groupe sera suivie par la réunion extraordinaire du Comité d’établissement à Saint-Jean-de-Maurienne vendredi 19 juillet, poursuit la même source.

Un agenda des échéances légales à suivre et des périodes durant lesquelles les avis et questions des personnels pourront être examinés par la direction du groupe devrait ensuite être rendu public en interne.

Rio Tinto Alcan est présidé depuis Montréal par Mme Jacinthe Côté, la division métal primaire Europe Moyen-Orient Afrique dont fait partie SJDM et Castelsarrasin étant présidée par M. Arnaud Soirat, également basé à Montréal.

L'équipe de négociation de RTA

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M. Heinz-Peter Schlüter, Président du directoire de Trimet AG (ph SD Trimet)

Une équipe dédiée de négociation (fusion-acquisition) dirigée en interne par M. Simon Pelletier a mené les discussions initiales entre les deux groupes Rio Tinto Alcan et Trimet, jusqu’à l’annonce de l’offre de reprise samedi dernier par le Président de Trimet M. Heinz-Peter Schlüter (photo), suite à un début d’accord non encore finalisé à notre connaissance dans ses détails et engagements précis à moyen et long terme avec le groupe EDF et le gouvernement français.

Entamée au printemps 2012 avec plusieurs repreneurs possibles - dont le groupe Trimet et le consortium français Aluminium des Alpes (AdA) dirigé par M. Jean-Paul Aussel, ancien cadre de Pechiney devenu conseiller du commerce extérieur français en région Rhône-Alpes et qui avait obtenu le soutien de l'dx Fonds Stratégique Industriel (FSI) - la négociation est devenue exclusive entre Rio Tinto Alcan et Trimet AG en mars dernier.

Aluminium des Alpes (AdA) proposait notamment de s'engager à conserver Rio Tinto Alcan comme fournisseur d'alumine et d'oxide d'alumine, était aussi entré en discussion avec la direction commerciale d'EDF qui demandait alors un prix de 34€/MgWh après 2014 au lieu de 42€/MgWh selon le barême Exeltium. AdA avait fait une première offre à la direction de Rio Tinto Alcan à la fin septembre 2012 avec le soutien du FSI et de deux fonds d'investissement français, son dossier ayant été validé par les conseils de Mc Kinsey et de Deloitte. Les discussions entre RTA Europe et AdA ont été interrompues en mars 2013 par la procédure dite de négociation exclusive entre RTA et Trimet, sans explication donnée aux porteurs du projet AdA par les pouvoirs publics ou par RTA Europe sur les raisons de cette préférence.

Un différent entre l’ex FSI et BPI France

Les représentants en région Rhône-Alpes d’Oséo et de l’ex Fonds Stratégique Industriel (FSI) devenu Banque Publique d’Investissement (BPI France) le 12 juillet, à la veille de l’annonce de la reprise, ont également travaillé sur ce dossier depuis 2012. Un différent sur le mode et le niveau d’engagement – comme auparavant sur le choix du candidat à la reprise - subsiste selon nos sources dans l’approche du dossier entre les cadres du FSI directement inspirés par les réalités de l’industrie et ceux de la nouvelle BPI France que dirige M. Nicolas Dufourcq, ancien inspecteur des finances et cadre financier chez France telecom et Cap Gemini, dont les représentants en région doivent encore finaliser leur entrée dans le dispositif. Contactée par nos soins, BPI France ne souhaite pas communiquer à ce propos.

Le Ministre du Redressement productif M. Arnaud Montebourg et celui des Affaires européenes M. Thierry Repentin, savoyard de surcroît, évoquaient ensemble un investissement « de plus de 200 millions d’euros sur six ans » du groupe « accompagné » par l’Etat avec BPI France, elle-même pouvant être aidée dans certains cas selon d’autres sources par la Banque européenne d’investissement (BEI) signataire d’un accord récent avec la Caisse des Dépôts, nouvelle holding de la BPI France.

Une longue procédure à suivre

La cession-reprise de ces sites entre Rio Tinto Alcan et Trimet AG sera définitive et transposable dans le droit social et économique seulement à l’issue de ce parcours de plusieurs mois, a minima durant ou à la fin de l’automne 2013 selon toute probabilité et dans le meilleur des cas.

« Ainsi, nous ignorons tout de la façon dont le repreneur acceptera ou pas de transposer les accords d’entreprise actuellement en vigueur chez Rio Tinto Alcan ou cherchera à les renégocier sur une base plus proche de ceux qui existent au sein du groupe, en Allemagne », fait remarquer un délégué central d’entreprise joint par téléphone ce lundi.

La FGMM CFDT a pris les devants cette année en allant à la rencontre de ses homologues syndicalistes allemands de l’IG BCE à Essen (Rhur) « avant même que le Ministre du RP ne leur rende visite ». 

Un autre round de discussion entre les partenaires sociaux français et leurs futurs dirigeants allemand devrait avoir lieu une fois la cession-reprise officiellement et juridiquement actée, au mieux d'ici à la fin de l'année.

Christophe Journet

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Mis à jour (Samedi, 05 Novembre 2016 14:13)