PARIS (MPE-Média) – « Les prix effectifs du carbone », tel est le titre d’une étude rendue publique récemment par L'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) peu après une conférence internationale à propos du changement climatique donnée à Londres au début octobre par son Secrétaire général M.Angel Gurria. Explications et lien vidéo en ligne.

Pour M. Gurría, « il n’y a qu’une voie à suivre : les gouvernements doivent mettre en place la panoplie de mesures optimale pour mettre fin aux émissions provenant des combustibles fossiles dans la seconde moitié du siècle. On ne pourra pas s’en sortir en choisissant quelques mesures faciles. »

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Les prix estimés du carbone dans le secteur des transports routiers, par pays (source OCDE 2013)

Les taxes carbone et les systèmes d’échange de droits d’émission constituent les moyens les plus économiques pour faire baisser les émissions de CO2 et devraient être la clé de voûte des efforts gouvernementaux de lutte contre le changement climatique, expliquent les auteurs de cette nouvelle étude de l’OCDE.

Intitulée « Prix effectifs du carbone », cette étude montre que les taxes et systèmes d’échange sont préférables à d’autres moyens d’action comme les tarifs d’achat, les subventions et les instruments réglementaires. Elle indique que le coût moyen de réduction d’une tonne d’émission de carbone dans le secteur routier peut être jusqu’à huit fois plus élevé lorsque des instruments autres qu’une taxe sur les carburants sont utilisés (voir graphique ci-dessous), explique la même source.

« Les pays tarifient le carbone de multiples façons, pas toujours les plus efficaces », constate le Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurría.

Une situation des plus confuses

« Les initiatives de taxation et de réglementation des émissions de carbone sont légion, se traduisant par des prix trop élevés ou trop bas, et les résultats obtenus laissent beaucoup à désirer. C’est une situation des plus confuses, de laquelle n’émerge aucun signal clair et qu’il faut corriger », ajoute le patron de l’OCDE.

L’étude tire les enseignements des politiques en matière de changement climatique appliquées par 15 pays dans certains des secteurs qui figurent parmi les plus gros émetteurs de carbone : production d’électricité, transport routier, pâtes et papier, ciment et consommation d’énergie des ménages.

L'étude souligne que si les taxes carbone ont un coût évident – ce qui en fait une cible facile pour leurs opposants –, d’autres instruments entraînent des coûts plus élevés pour la société par tonne de CO2 évitée, dans de nombreux cas sensiblement plus élevés, continue la même source.

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Les coûts comparés des mesures fiscales particulières appliquées aux transports routiers par pays (source OCDE)

Le rapport confirme qu’en appliquant des instruments plus « intelligents », fondés sur le marché, les pays pourraient probablement abaisser dans des proportions plus importantes leurs émissions pour un coût moindre.

Dans le secteur de l’électricité, les subventions d’équipement représentent un coût moyen de 176€ par tonne d’émissions de CO2 évitées ; ce coût est de 169€ dans le cas des tarifs d’achat (contrats à long terme pour les producteurs d'énergie, généralement sur la base du coût de production de l'énergie renouvelable) mais de seulement 10€ dans celui des systèmes d’échange de droits d’émission. Pourtant, les subventions d’équipement et les tarifs d’achat sont bien plus répandus en dépit d’être plus coûteux, concluent les auteurs de l’étude.

L'écotaxe PL en France NDLR

NDLR - Un document à consulter au moment où le gouvernement français vient de changer de décision à propos de la fameuse « écotaxe poids lourds », après que la rue bretonne – et sa campagne – se soit publiquement exprimée contre la fiscalisation de la décarbonnation du fret routier.

L’occasion enfin de rappeler que les résultats d’un « stress test » commandé par Bruxelles sur le rendement des Emissions Trading System (ETS) pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre n’ont toujours pas été rendus publics. Ces résultats seraient-ils si négatifs qu’on a pu le supposer lorsque les quotas ont été modifiés à la fin 2012 ?

Christophe Journet

Voir aussi sur (en anglais) :

www.keepeek.com/Digital-Asset-Management/oecd/environment/effective-carbon-prices_9789264196964-en#page3

Lire la vidéo d’Angel Gurria, SG de l’OCDE sur :

www.oecd.org/fr/env/the-climate-challenge-achieving-zero-emissions.htm

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Mis à jour (Jeudi, 03 Novembre 2016 15:29)