BRUXELLES/PARIS (MPE-Média) – Les grandes Fédérations ou Unions industrielles de la chimie et de l’acier se déclarent satisfaites de la décision de l’Union Européenne de rejeter la teneur d’une directive « ETS » (Exchange Trading System) visant à augmenter le prix des quotas de CO2 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES ou greenhouse gas en anglais).

L’Union des Industries Chimiques (UIC) s’est déclarée peu après l’annonce de l’UE ce mardi « satisfaite du rejet de la proposition de backloading » - retour à la hausse sur le prix des quotas de CO2 - par le Parlement européen, par 334 voix contre 315. Eurofer, l’Association européenne des producteurs d’Acier a émis un message analogue dès mardi soir.

« Cette proposition visait à retarder de plusieurs années la mise aux enchères d’une quantité significative de quotas carbone, dans le cadre de la directive ETS, pour augmenter le prix de ces quotas, jugé actuellement trop bas par la Commission », note la porte-parole de l’UIC.

Une décision de « bon sens »

L’UIC se félicite de cette décision de « bon sens ». En effet, « en augmentant artificiellement les prix de l’énergie, cette mesure ne pouvait avoir qu’un impact négatif sur la compétitivité des industries européennes, déjà fortement affectées par le coût de l’énergie » explique Jean Pelin, directeur général de l’Union des Industries Chimiques.

« Le marché du quota carbone fonctionne correctement et le prix bas actuel s’explique avant tout par la diminution rapide des émissions de CO2 due notamment à la baisse de la production industrielle et aux subventions massives octroyées aux énergies renouvelables », ajoute l’UIC qui déclare souhaiter sans plus attendre que l’UE procède à la définition des objectifs post 2020 de réduction des émissions de gaz à effet de serre

Pour Eurofer aussi

Pour le Directeur général d’Eurofer, M. Gordon Moffat, « il est à présent clair que la Commission ne devrait pas intervenir dans un marché qui fonctionne bien. Le mécanisme de marché des ETS est la seule partie des politiques européennes climatiques qui fonctionne correctement dans la période ». Et d’ajouter que « le principal défaut des ETS est que des prix élevés du carbone entraînent la désindustrialisation de l’Europe à terme plus ou moins long. Il n’existe pas encore de technologie permettant à l’industrie d’atteindre l’objectif de réduction de 80 à 95% des GES fixé par la feuille de route de la Commission poour 2050 », a précisé M. Moffat, comme le confiait déjà M. Wolfgang Eider, le Président d’Eurofer en juin 2012 à MPE-Média lors du « Steel Day ».

La Banque Européenne d'Investissement chargée de vendre ou revendre quelques 3 millions de quotas de CO2 dont elle attendait 3,5 à 4 milliards d'euros, se disait déçue fin 2011 de ne pas pouvoir disposer d'une recette lui permettant d'abonder correctement au budget du programme NER300 pour financer les programmes expérimentaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, projets sobres en carbone et de développement des renouvelables, l'obligeant alors à recaler certains dossiers de demandes d'aides de l'UE tels que le programme ULCOS 2 envisagé alors pour l'aciérie ArcelorMittal de Florange et reporté depuis aux calendes grecques à cause de l'insuffisance de la demande d'acier en Europe.

Pour l'industrie chimique, confrontée à une recrudescence de la concurrence internationale tant nord-américaine qu'asiatique, notamment du côté de la production de nouveaux polymères par de nouveaux "crackers" aux Etats-Unis, la décision de l'Union était aussi une question de survie à moyen ou long terme et doit être complétée par d'autres mesures susceptibles de renforcer la compétitivité internationale des producteurs français et européens, notamment sur le plan de leur fiscalité propre.

Christophe Journet

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Mis à jour (Dimanche, 06 Novembre 2016 10:19)