ROME (MPE-Média) - Le parquet italien de Tarente (Italie, région des Pouilles) a finalement condamné les dirigeants du groupe Riva dans le cadre de l’affaire de pollution de l’air aux environs de l’aciérie ILVA de Tarente, plaçant sous séquestre plus de 8 milliards d’euros de biens appartenant aux dirigeants du groupe, MM. Emilio et Fabio Riva et à une société leur appartenant, Rivafire Spa. Retour sur les faits.

Le parquet de Tarente a condamné les dirigeants du groupe Riva, premier producteur d’acier italien, 3e producteur européen ce vendredi 24 mai du chef « d'association criminelle pour activités contre l'environnement », plaçant sous séquestre l’équivalent de 8,1 milliards d’euros de leurs biens industriels – ceux de la filiale ILVA basée à proximité de Tarente.

Le groupe Riva précise sur le site internet d'Ilva, www.ilvataranto.com que le Conseil d'administration d'Ilva Spa doit se réunir ce week-end pour tirer les conclusions de cette décision de justice, notant que l'intégralité des actions de la société faisaient l'objet d'une saisie.

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Le haut-fourneau n°5 d'Ilva/Riva à Tarente (ph SD Ilva archives MPE-Média)

Leur est reproché outre plusieurs dizaines de décès de riverains sur une période de trois décennies au mois, un manque d’investissement requis par la justice à plusieurs reprises pour remettre d’urgence aux normes environnementales industrielles actuelles d’émissions de gaz jugés toxique l’aciérie Ilva de Tarente.

Un long feuilleton entamé dans les années soixante-dix trouve ici une conclusion délicate dans le contexte économique et social que connaît l’Italie tout comme plusieurs pays d’Europe. L’été dernier, une juge du parquet de Tarente avait exigé que soient placée sous séquestre plus d’un million de tonnes de produits en acier encore en sortie d’usine, dont la livraison a finalement pu avoir lieu la semaine passée à l’issue d’un vrai marathon judiciaire.

Echéancier programmé l'an dernier

Entretemps, un échéancier précis de fermetures définitives et provisoires de plusieurs des haut-fourneaux et d’autres parties du site intégré Ilva ainsi que de prévisions de travaux de rénovation avait été validé par les dirigeants du groupe, après une première série d’investissements concédés à la fin 2011 pour tenter d’éteindre les plaintes à l’examen à Tarente.

Au début mars dernier, le parquet de Tarente avait réussi à faire appliquer une mesure de fermeture provisoire de l’aciérie, mettant au chômage technique plus de 3.000 employés du site qui compte cinq haut fourneaux et est doté d’une capacité maximale de près de 10Mt/an d’acier brut, la plus importante en Europe devant l’aciérie ArcelorMittal de Dunkerque, capable de produire plus de 7Mt/an.

Le Président du groupe Riva M. Emilio Riva, arrêté par la police italienne en juillet dernier, a été placé en résidence surveillée à son domicile. Son fils Fabio, Vce-Pdt du groupe, était en Angleterre lorsque Scotland Yard lui a signifié qu’il devait se mettre à la disposition des enquêteurs et rester à son domicile londonien, suite à un mandat d’amener international émis par la justice de Tarente.

La justice italienne a évalué à plus de 8,1 milliards d’euros la pénalité qui frappe les dirigeants du groupe et leurs sociétés, à l’issue d’une expertise chargée de déterminer le coût des travaux indispensables pour réduire l’impact environnemental léthal du site et permettre d’indemniser les familles des victimes, à l’issue d’un procès aux conséquences sociales régionales douloureuses sur le plan de l’emploi et de l’avenir industriel de la région des Pouilles.

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L'aciérie vue de la baie de Tarente (Ph SD Ilva/Riva archives MPE-Média)

Au point que M. Mario Monti était intervenu à la fin 2012 pour empêcher par décret gouvernemental la fermeture pure et simple du site demandée par la juge d’instruction du parquet de Tarente. M. Monti avait émis une mise en garde en défense de l’ensemble de la filière acier italienne déjà ébranlée par la crise et par plusieurs fermetures d’aciéries de moindres dimensions l’an dernier.

A n’en point douter, la caractère jurisprudentiel européen de la décision du parquet de Tarente pourrait enfin inspirer des démarches analogues à celles des familles de la région de Tarente dans d’autres villes industrielles d’Europe. Toutefois, il semble que l’engagement pour l’établissement d’activités durables et respectueuses de leur environnement de la plupart des grands groupes producteurs d’acier en Europe puisse épargner à d’autres pays et régions d’Europe de connaître les mêmes inquiétantes péripéties.

Au début avril dernier, plus de 5.000 personnes ont manifesté dans le centre de Tarente en criant qu’il était « inadmissible d’opposer la santé des hommes au travail », demandant l’abrogation du décret étatique de la fin 2012 baptisé « Salva-Ilva ». Seuls deux politiques connus en Italie participaient à cette manifestation, un secrétaire de Refondation communiste et un député du « mouvement 5 étoiles » de Beppe Grillo.

C.J. avec G.B. (Italie)

Plus de détails sur:

www.ilvataranto.com

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Mis à jour (Samedi, 05 Novembre 2016 16:28)