ROME (MPE-Média) – Après Ilva à Tarente, c’est au tour de la vénérable aciérie italienne de Piombino d’être frappée par une menace de fermeture pure et simple faute d’une solution viable économiquement et socialement d’ici septembre, apprend-on de source locale. Détails.

L'avenir de l'aciérie italienne plus que centenaire de Piombino (Italie, Toscane, située au sud de la province de Livourne, au nord-ouest de Rome sur la côte méditerranéenne), la deuxième de par sa production après celle d'Ilva à Tarente, est actuellement considéré comme compromis pour des raisons à la fois économiques et environnementales, un délai de deux mois ayant été accordé courant juillet aux dirigeants du groupe Lucchini, filiale du holding russe Severstal pour rechercher une solution viable.

PIOMBINO

L'aciérie de Piombino au coucher du soleil (ph SD Lucchini) 

Ancienne aciérie d'état, comme celle d'Ilva à Tarente, l'aciérie de Piombino emploie à ce jour près de 4.000 personnes directement et fait vivre autour d'elle des milliers d'autres au nord-est de Rome, dans la vallée de Cornia. Acquise depuis une dizaine d'années par le groupe Lucchini, lui-même adossé à une pléïade d'organismes bancaires italiens ou internationaux (Mps, Intesa Sanpaolo, Bpm, Unicredit, Bnl-BNP-Paribas, CariFirenze, Credito Bergamasco, cités par la presse italienne) puis en 2005-2006 par le groupe russe Severstal, propriété du magnat de l'acier russe Alexei Mordashov, l'actuel président de worldsteel, Piombino fait l'objet depuis plusieurs mois d'un plan de réorganisation dirigé par le Commissaire Enrico Bondi, celui qui était déjà intervenu dans le dossier d'Ilva à Tarente à la demande de l'Etat italien, pour éviter une casse sociale sans précédent dans le sud de l'Europe. Comme ArcelorMittal à Florange, Severstal juge le site non rentable et souhaite le fermet ou le faire sortir de son périmètre.

Piombino produit principalement des produits longs en acier pour l’industrie, la construction, le ferroviaire (rails, ronds à bétons, billettes, fil machine, treillis, aciers pour la soudure). Lucchini dispose aussi d’entités situées à Trieste, Bari, Condove et Lecco. Le site comprend aussi une cokerie, trois convertisseurs, 4 fours électriques, 4 lignes de coulée continue dont l’une dédiée à la production de brames d’acier. Sa capacité est évaluée à 2,5 millions de tonnes d’acier par an, dont 1,8Mt de produits longs.

Recherche d'un repreneur

La recherche d'un repreneur pour Piombino susceptible de relever l'aciérie a débuté en décembre dernier, après nomination d'un administrateur extraordinaire rompu à ce type d'exercice par le Ministre italien de l'Economie, lequel n'a pas abouti « compte tenu de possibilités limitées d'intervention », a reconnu le Commissaire M. Piero Nardi lors d'une rencontre récente avec le dirigeant du syndicat maison de Piombino M. Gianni Anselmi, explique le quotidien en ligne Il Fatto Quotidiano.

Evalué à 970 millions d'euros, le site n'a pas trouvé de repreneur et l'administrateur provisoire a déclaré récemment devoir anticiper une fermeture de l’unique haut-fourneau et des lignes de coulée continue du site (qui emploie près de 800 personnes à elle seule) d'ici au 30 septembre prochain au plus tard. Comme à Ilva ou à Florange, l'histoire semble se répéter à Piombino, lieu symbole de l'acier italien, ce qui pousse les unions syndicales dans leurs retranchements, au point de suggérer que la société gestionnaire entre en synergie avec l'aciérie Ilva de Tarente où les problèmes environnementaux impliquent une forte réduction de la production du côté de la phase à chaud, ce qui permettrait d'envisager que Piombino fournisse des brames d'acier pour Ilva, malgré la distance qui sépare les deux aciéries du centre et du sud-est italien.

L'Ialie sans producteur d'acier

Le sous-secrétaire d'état à l'économie italien M. Claudio De Vicenti étudie actuellement cette proposition en lien avec les gérants provisoires du site de Piombino et de celui de Tarente. Les sénateurs italiens sont intervenus de leur côté pour défendre Lucchini et souligner que sans Piombino et avec les problèmes d'Ilva à Tarente, l'Italie pourrait bien se retrouver sans production d'acier autonome, relève la presse italienne qui ajoute que les syndicats jugent le projet de fermeture pure et simple de Piombino « irresponsable ».

Réponse dans les jours qui viennent, avec les conséquences qu’on peut imaginer pour l’ensemble de la filière acier en Italie et dans une partie de l’Europe du sud, où travaillent des clients, des fournisseurs ou … des concurrents de Piombino.

Jo Gatsby

Voir aussi sur :

www.lucchini.it

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Mis à jour (Vendredi, 04 Novembre 2016 15:59)