PARIS (MPE-Média) - Introduit par Philippe Darmayan, le rendez-vous annuel d’ArcelorMittal avec la presse économique européenne intitulé « l’acier pour un futur durable » a permis à huit cadres du géant mondial de l’acier d’exposer la stratégie du groupe en pleine période de restructuration de l’acier européen, un mois après la création de sa filiale italienne et l’acquisition d’ILVA à Tarente. Détails.

Evoquant la recyclabilité optimale de ce matériau, le directeur de la stratégie du groupe David Clarke a présenté des éléments de comparaison entre l’acier, l’aluminium, d’autres métaux et les plastiques : « l’acier est le matériau le plus recyclable sur la planète », a-t-il affirmé avant de présenter « STELIGENCE », une nouvelle marque de produits pour la construction durable, utilisés notamment ces temps-ci pour construire le futur siège social du groupe à Luxembourg.

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Philippe Darmayan, Président d'ArcelorMittal France, Pdt de l'Union des industries des métaux et métallurgiques (UIMM) ouvrant la conférence de presse à propos de l'acier durable (Ph CJ MPE-Média)

Depuis 1990, la consommation des produits de toutes sortes incluant le ciment, la fibre de verre, l’aluminium, les plastiques, l’acier a triplé dans le monde, « pesant lourdement sur les ressources primaires », à l’opposé de la montée en force de l’emploi de ferrailles d’acier « pour produire l’acier dont le monde a besoin », poursuit David Clarke.

De plus, le directeur de la stratégie et des technologies d’ArcelorMittal souligne que la production primaire d’acier nécessite beaucoup d’énergie pour réduire le minerai de fer, avec du charbon métallurgique, dont la captation des émissions de gaz à effets de serre est devenu une priorité : l’acier primaire est devenu l’un des matériaux les moins émetteurs de CO2, note-t-il, comparant les émissions constatées pour produire une voiture en acier ou en aluminium.

 

La demande d’acier en croissance vers le 3 Mrds de tonnes jusqu’en 2050

Or « la demande d’acier va continuer à croître et les émissions de CO2 de nos aciéries à baisser », note M. Clarke. Et l’engagement mondial des acteurs industriels à réduire leurs émissions est à présent significatif, l’Europe s’étant fixé des objectifs ambitieux, notamment pour la production d’énergie et les transports, grâce à un soutien public important et au développement des énergies renouvelables qui ont augmenté de 30% de 2010 à 2015. Si des incertitudes subsistent quant à l’avenir des politiques publiques, la production d’acier mondiale actuellement évaluée à près de 1,7 milliard de tonnes devrait encore augmenter jusqu’à 2,5 à 3 Mrds de tonnes en 2050 et les émissions se réduire encore grâce à l’utilisation de la captation et du stockage de carbone en Europe, jusqu’à 200 millions de tonnes par an, tout en développant la production de bio-fuels (70 Mtpa), de bio-coke (35 Mtpa), un réel challenge technologique.

« La production d’acier électrolytique - déjà mise au point par les chercheurs du groupe à Maizières-lès-Metz NDLR - ouvrira ensuite de nouvelles perspectives, à condition de produire d’une façon durable assez d’énergie pour le faire », ajoute David Clarke : « nous n’attendons personne pour résoudre ces enjeux écologiques », insiste-t-il, tant sur les plans technologique que pour les investissements nécessaires pour y parvenir.

 

Captation, stockage, transformation du CO2 en "steeanol" déjà en oeuvre 

L’aciérie de Gand (Belgique) travaille sur la captation de CO2 et son stockage, ainsi que sur la production de bio-fuels à partir du CO2 ainsi capté. La phase 4 du programme européen des ETS (emissions trading system) impactera l’acier européen à compter de 2020, dans le cadre d’un programme de hausse du prix de la tonne de CO2 industriel imposant de développer les énergies renouvelables et d’obtenir des incitations pour financer la recherche pour une production plus durable, note M. Clarke, reprenant les objectifs développés à Bruxelles par EUROFER.

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ArcelorMittal Gand a mis en oeuvre la transformation du CO2 en "Steelanol" utilisable pour l'industrie chimique, la valorisation énergétique chez les cimentiers, dans les hauts-fourneaux (Source ArcelorMittal R&D)

Sur ce chemin vers la production d’acier « bas carbone », dont le directeur des stratégies technologiques Carl de Mare a parlé ce mardi à Paris, la notion de « responsabilité des producteurs » est essentielle, tout comme la garantie de disposer de volumes importants d’énergie à bas coût incluant l’hydrogène, le gaz à haute température, un mix établi par le programme SIDERWIN travaillé par les chercheurs du groupe. L’exemple des rénovations en cours dans l’aciérie ILVA de Tarente (Italie) présenté par son directeur Matthieu Jehl le confirme aussi en termes de coûts d’investissement et de moyens engagés.

« Ce n’est pas de la théorie, c’est de la pratique, dans notre projet de démonstrateur de Gand, le gaz (COH2) est transformé en eau et en éthanol (C2H5OH) puis en fuel et en plastique valorisable énergétiquement » détaille Carl de Mare, évoquant le « steelanol » produit à la hauteur de 64 000 tonnes par cet outil industriel expérimental : « la preuve est faite que la conversion des déchets gazeux en produits chimiques est réalisable et fiable », conclut-il, ajoutant que le bénéfice pour l’environnement de ce type d’équipement est aussi productif que 100 000 voitures électriques mises sur le marché. Tout comme le recyclage de CO2 par injection dans les hauts-fourneaux testé à Dunkerque par ArcelorMittal (projet IGAR).

Le Ceo d’ArcelorMittal Europe, directeur financier du groupe Aditya Mittal, fils du Président du géant de l’acier Lakshmi Mittal devait ensuite prendre la parole. Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions.

Christophe JOURNET

Rédacteur en chef

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Voir aussi sur : www.arcelormittal.com

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Mis à jour (Lundi, 17 Décembre 2018 18:24)