PARIS/SAINT-SAULVE (MPE-MÉDIA) - La signature d’un accord industriel pour fournir de « l’acier vert » plus écologique pour la fabrication des rails a été annoncée ce 25 novembre chez ASCOVAL Saint-Saulve (Nord), après finalisation des actes commerciaux entre l’ex usine ASCOVAL de Saint-Saulve, son repreneur Olympus holding européenne de l’ex Bristish Steel, l’aciérie BSFR d’Hayange productrice de rails et SNCF Réseau, apprend-on d’une source proche du dossier d’ASCOVAL.

La confirmation d’un nouveau contrat de vente de semi-produits en acier d’ASCOVAL Saint-Saulve, destinés à la production de rails en Moselle chez une autre filiale du holding récemment rachetée par un groupe chinois a été actée ce lundi 25 novembre officiellement sur site à Saint-Saulve (Nord), a-t-on appris par le CEO de Laplace Conseil Marcel Genet, facilitateur de cette négociation susceptible de pérenniser de nombreux emplois. Bercy n’a pas encore confirmé l’opération ni ne l'a commenté, mais l’Agence France Presse venait de l’annoncer au moment où nous éditions cette nouvelle.

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La presse était informée d'un comité de suivi, pas de l'annonce elle-même avant ce lundi (Source Bercy)

Lors du comité de suivi d'ASCOVAL et de la visite ce lundi à l’aciérie de Saint-Saulve, M. Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie et des Finances, Mme Agnès Pannier-Runacher, Secrétaire d’Etat, ont participé à l’annonce des derniers développements commerciaux positifs de l’usine, confirme la porte-parole d’ASCOVAL : « Un accord avec l’usine BSFR d’Hayange (Moselle) a été signé pour fournir 140 000 tonnes/an de demi-produits (blooms ou billettes longues et rectangulaires ou ronds selon les usages visés - NDLR) destinés à être transformés en rails pour SNCF Réseau. Ce contrat qui prend effet à partir de septembre 2020 pour 4 ans jusqu’en octobre 2024, s’ajoute aux 136 000 tonnes de commandes prévues avec d’autres clients pour 2020 sur la gamme de produits habituels d’ASCOVAL, marque commerciale héritée de l’ex filiale de Vallourec dans les Hauts-de-France.

« A partir de septembre 2020, l’aciérie de Saint-Saulve qui garde son nom commercial ASCOVAL, sera la seule usine en Europe à produire via la filière électrique des produits longs destinés aux rails par le recyclage de ferrailles d’acier et non par la technique des hauts fourneaux jusqu’ici utilisée pour ces produits hauts de gamme », poursuit la même source.

« Ce nouveau mode de production plus écologique favorise une réduction importante des émissions de CO2 et permet, compte tenu de l’augmentation constante de la taxe carbone, de réaliser des économies significatives sur les coûts. Il s’inscrit également dans une économie circulaire par opposition à l’approvisionnement en minerai de fer et de charbon à coke importés de régions lointaines. C’est un axe à la fois écologique et compétitif de redéploiement important pour l’usine nordiste et toute la filière concernée » explique Cédric Orban, le PDG d’ASCOVAL.

 

Consolider une filière industrielle française, plus écologique que la filière fonte

 

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Les sidérurgistes d'ASCOVAL Saint-Saulve disposent d'une usine HQE au top niveau technologique (Ph MPE-Média)

« Je suis heureux de la signature de ces accords avec SNCF Réseau et Ascoval qui permettent de mettre en œuvre et de consolider une nouvelle filière industrielle française, alternative et plus écologique que celle des hauts fourneaux, » ajoute Gérard Glas, Président de BSFR Hayange, qui vient de passer sous pavillon chinois le 11 novembre dernier, le groupe chinois JINGYE ayant annoncé à cette date le rachat du groupe britannique, en faillite depuis le mois de mai dernier, ex holding de BSFR Hayange.

« Je me réjouis que SNCF Réseau, en consolidant sa relation avec son partenaire historique, Hayange, permette l’émergence de cette filière vertueuse en France. La décarbonation du rail est l’un de nos enjeux majeurs en termes d’émission de CO2 de nos chantiers. Nos équipes vont désormais pouvoir travailler ensemble sur un modèle d’économie circulaire permettant l’utilisation de rails français usés pour produire intégralement en France des rails qui seront posés en France. » précise Patrick Jeantet, Président de SNCF Réseau.

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La filière électrique se développe graduellement dans le monde comme à Valenciennes (Ph MPE-Média)

Cet accord de production et de vente de 140 000 tonnes d’acier par an jusqu’à la fin 2024 s’ajoute ainsi pour ASCOVAL au carnet de commandes de 136 000 tonnes prévu pour 2020 et aux contrats à venir par la suite, à raison de 2 nouveaux clients en moyenne par mois à l’automne.

MM. Patrick Jeantet, Président de SNCF Réseau, Gérard Glas, Président de BSFR Hayange, autre filiale de British Steel en Europe et Cédric Orban, CEO d’ASCOVAL, étaient présents aux côtés de M. Bruno Le Maire et Mme Agnès Pannier-Runacher pour rendre public cet accord stratégique engageant BSFR Hayange à s’approvisionner, à hauteur de 140 000 tonnes par an jusqu’en octobre 2024, en blooms rectangulaires pour la fabrication de rails pour SNCF Réseau via la filière électrique d’ASCOVAL.

 

Une opération soutenue par la Région des Hauts de France et Valenciennes

 

Cette nouvelle gamme de produits et les ressources induites vont s’ajouter aux 16M€ investis en 2019 dans l’outil de production notamment grâce au soutien financier sous forme de prêts de l’Etat, de la Région des Hauts-de-France, et de la Métropole de Valenciennes.

« Cet engagement de 140 000 tonnes par an ajouté aux 136 000 tonnes de commandes prévu pour 2020 avec d’autres clients sur notre gamme habituelle de produits (aciers spéciaux en produits ronds) est à mettre en perspective avec le volume moyen de production de 200 000 tonnes/an de ces dernières années », précise Cédric Orban. La capacité d’ASCOVAL St-Saulve est théoriquement trois fois supérieure dans une période de forte demande d’aciers spéciaux et de blooms issus de la filière électrique.

Le développement commercial de la gamme de produit actuelle se poursuit. ASCOVAL compte à ce jour une quinzaine de clients principalement en Europe : « ASCOVAL détient chez la plupart de ces nouveaux clients une part de marché de 25 à 50%, ce qui témoigne de la qualité des produits et des services offerts grâce à l’implication et au savoir-faire de ses 270 salariés » ajoute-t-il.

 

Autre nouvelle positive pour l'aciérie nordiste :

Une ligne de 45 M€ d’affacturage signée par ASCOVAL avec la Banque Postale

La société a contractualisé début octobre 2019 avec La Banque Postale Leasing et Factoring la mise en place d’un programme d’affacturage. « Ce dispositif est opérationnel à ce jour et permet de mettre à disposition du site une ligne de financement pouvant aller jusqu’à 45 M€, pour continuer d’accompagner notre développement commercial », explique Cédric Orban. Enfin, la société a changé sa raison sociale pour « ASCOVAL Saint-Saulve » et conserve sa marque commerciale « ASCOVAL », précise-t-il. « Avec le maintien du nom, la société a tenu à pérenniser ses succès commerciaux récents et en particulier l’excellente image de qualité des produits, de réactivité, et de confiance que lui renvoient ses clients et ses partenaires, » tient à préciser le Pdg d’ASCOVAL Cédric Orban.

Marcel Genet, le CEO de Laplace-Conseil qui suit ce dossier depuis plusieurs années et était intervenu dès 2018 pour rechercher des solutions suite à l’abandon par le groupe Vallourec de son ancienne filiale alors couplée à son usine de production de tubes premium sans soudures pour l’industrie du pétrole et du gaz toujours présente sur le même site de Saint—Saulve nous a confié sa satisfaction à l’occasion de cette heureuse conclusion : « Il faut féliciter tout le personnel d’ASCOVAL, son Directeur général Cédric Orban, sa direction ainsi que l’ensemble du personnel et ses délégués syndicaux, sans oublier son premier actionnaire Olympus, pour leur courage, leur détermination et leur résilience pendant quatre longues années, afin de démontrer la pertinence industrielle, économique et sociale de leur usine de Saint- Saulve dans les Hauts de France », nous a-t-il confié dans un communiqué en réaction à cette annonce dont il a fait part à MPE-Média en temps réel.

M. Genet adresse aussi ses félicitations aux « pouvoirs publics nationaux et régionaux, en particulier le Ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, la Secrétaire d’État Agnès Pannier-Runacher et le Président du Conseil Régional des Hauts-de-France Xavier Bertrand, qui ont cru au projet d’ASCOVAL et soutenu financièrement le redéploiement de cette usine technologiquement avancée », poursuit-il.

« Bravo aussi à SNCF Réseau, le client final de cet accord tripartite, qui accorde sa confiance à cette nouvelle filière de production et sécurise ainsi ses approvisionnements en rails, produits hautement stratégiques. La France, grand pays ferroviaire par sa géographie et son histoire, retrouve ainsi un peu plus son indépendance industrielle », ajoute la même source qui associe les dirigeants de l’ex British Steel Hayange et son nouvel actionnaire, qui diversifie ainsi ses sources de demi-produits pour plus de flexibilité et de compétitivité.

 

Un succès directement lié à la qualité des recycleurs de ferrailles d’acier fournisseurs du site

M. Marcel Genet explique également que ce succès est aussi lié « à la qualité de la filière du recyclage qui alimentera l’usine avec 150 000 tonnes de ferrailles de qualité, récoltées dans la région même, enfin à EDF qui par sa technologie, permettra de fournir à l’usine près de 100 GWh d’une électricité décarbonée parmi les moins chère d’Europe. Cette opération « gagnant-gagnant » permettra de sécuriser tous les emplois existants, directs et indirects à Saint Saulve, et de créer un grand nombre de postes supplémentaires, mais aussi de réduire les émissions de CO2 de plus de 220 000 tonnes, soit l’équivalent des émissions de 12 000 foyers français et d’améliorer la balance commerciale française de 60 millions d’euros. »

Après quelques hésitations aux conséquences lourdes pour le précédent candidat à la reprise d’ASCOVAL, le groupe franco-belge ALTIFORT en difficulté ces dernières semaines, alors qu’il est clairement à l’origine par ses propositions fion 2018 et au début 2019 d’un regain de confiance dans la possibilité de trouver des solutions commerciales fortes pour l’aciérie nordiste, le Ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire a fini par croire lui aussi qu’ASCOVAL pouvait retrouver un volume suffisant d’activité. Bercy n’a pas cherché cette fois à écarter Bristish Steel au printemps dernier alors que sa situation financière au Royaume-Uni était encore plus critique que celle du précédent repreneur écarté en février 2019 à cause d’une mauvaise gestion de l’information financière à propos d’ALTIFORT émanant à la fois de la Banque de France, du délégué interministériel aux restructurations de l’époque, toutes choses que nous avons comprises et écrites à l’époque dans nos supports.

Vendredi 22 novembre, Bercy annonçait sa participation à une réunion ce lundi à Saint-Saulve, pour la réunion où a été confirmée cette nouvelle : « Ce comité de suivi sera l’occasion de faire un point d’étape sur l’avancement commercial et industriel du plan de reprise. Avec son développement commercial en cours et les futurs outils permettant la diversification de ses marchés, ASCOVAL confirme la qualité de son appareil productif et sa capacité à avoir des débouchés solides », avait déclaré à la presse M. Le Maire, comme si besoin était encore d’une telle confirmation.

264 salariés à Saint-Saulve, 420 à Hayange, bassin sidérurgique historique de la "Fensch vallée"

Dans son article du jour l’AFP note qu’ASCOVAL compte aujourd'hui 264 salariés ; que sa production tourne cependant toujours « au ralenti », et que « les employés travaillent une semaine sur deux depuis juillet. » L’AFP précise aussi que l'usine BSFR d'Hayange, qui emploie environ 420 personnes, est désormais sous pavillon chinois, depuis la reprise de British Steel, en faillite, par le groupe chinois JINGYE. Une opération suivie «avec le plus grand intérêt et vigilance» par la France, a rappelé lundi matin sur Radio Classique Mme Pannier-Runacher, qui assure que l'État « a la possibilité de bloquer le rachat d'Hayange (...) si on estime qu’on n’a pas toutes les garanties».

Il n’en a pas été question ce lundi, en tout cas publiquement. L'Union européenne a été alertée de nouveau par EUROFER, la Fédération européenne des aciéristes sur la situation mondiale et sur le fait que la Chine ne respecte pas les règles du jeu commmercial global, puisqu'ils font du dumping sur l'acier aujourd'hui en Europe, précise aussi l’AFP. EUROFER martèle ce message depuis plusieurs années et nous a adressé très récemment un nouvel appel à l’intervention des Commissaires européens en charge de l’Industrie afin qu’ils décident des mesures de rétorsion commerciale pour freiner ou tenter de freiner les exportations d’acier chinoises vers l’Union européenne et également les retours des volumes d’acier initialement destinés aux Etats-Unis d’Amérique mais renvoyés vers l’Europe à cause des barrières douanières édictées par Donald Trump (mesures dites de la « Section 232 » et qui concernent aussi le négoce global d’aluminium).

Christophe JOURNET

Rédacteur en Chef de MPE-Média

NDLR - Nous reviendrons sur ce dossier en compagnie de M. Marcel GENET, Ceo de Laplace-Conseil le mercredi 15 janvier au soir lors du prochain Cercle MPE-Média spécial Métaux organisé à Paris. Inscriptions via Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

 

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A propos d’ASCOVAL - Basée à Saint-Saulve près de Valenciennes, Ascoval est l’une des aciéries les plus modernes d’Europe, spécialisée dans les aciers spéciaux (haute qualité) et affichant des performances environnementales qui la différencie des aciéries traditionnelles (recyclage de l’acier, faibles émissions de CO2). Créée en 1975, Ascoval est devenue un outil de production industriel moderne et hautement opérationnel après 150M€ d’investissements de rénovation réalisés ces dernières années. Ascoval emploie aujourd’hui 270 salariés dans la région Hauts de France.

https://www.ascoval.fr/

 

A propos de BSFR HAYANGE - Spécialiste de la fabrication de rails pour chemins de fer, métros et tramways depuis plus de 125 ans, l’unité de production basée à Hayange en Moselle (France) fait partie du groupe British Steel, l’un des principaux fabricants d’acier en Europe (3 millions de tonnes de produits par an). Avec 450 employés, BSFR Hayange a ses activités de production sur le site d'Hayange en Lorraine, et commerciales à Saint Germain-en-Laye en région parisienne.

https://british-steel-france-rail.business.site/

 

A propos de SNCF RESEAU - Au sein de SNCF, l’un des premiers groupes mondiaux de mobilité et de logistique, SNCF Réseau gère, maintient, développe et commercialise les services offerts par le Réseau Ferré National. Il garantit la sécurité et la performance de plus de 30 000 km de lignes, dont 2600 de Lignes à Grande Vitesse. Il est aussi le garant de l’accès au réseau et aux infrastructures de services pour tous ses clients dans des conditions transparentes et non discriminatoires. L’entreprise compte 54 000 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 6,3 milliards d’euros en 2018.

http://www.sncf-reseau.com

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Mis à jour (Mercredi, 04 Décembre 2019 10:08)