PARIS/LONDRES (MPE-Média) – Les marchés miniers et de commodités importantes pour l’industrie mondiale sont entrés dans une période de volatilité plus ou moins forte selon les matières dans les semaines qui ont suivi la reprise chinoise et des autres régions du monde, avec de réelles variations selon les régions et les applications d’usage considérées. Détails et graphiques.

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La pression haussière sur les marchés de l'or se maintient (Source World Gold Council Hub)

 

L’or tient toujours la rampe à la hausse dans le monde, note le Conseil mondial de l’or de Londres et les importations chinoises d’argent remontent.

Le comptoir national de l’or (Paris) a émis récemment un nouveau constat à propos de la tendance haussière des prix de l’or nominal et réel, les investisseurs mettant la pression sur les marchés globaux des contrats à terme sur cette matière précieuse, la plupart du temps adossés à des stocks réels dans la période, ce que confirme le Conseil mondial de l’Or (WGC) dans ses notes récentes faisant état d’un prix en dollars des futures légèrement inférieur toutefois à ceux du pic de la pandémie en Europe, à près de 1 950,00$/l’once.

 

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Le marché de l'or est marqué par une forte volatilité cet été (Source BOFA ML/Bloomberg)

Le blocage de la mine d’or indonésienne de Grasberg (Freeport Mc Moran) en août et l’arrêt de celle en chantier de Pascua Lama (Chili-Argentine) pour infraction au code de l’environnement chilien qui sanctionne la filiale Nevada SpA de Barrick Gold pourrait ajouter de la pression au marché selon quelques analystes.

Bank of America parlait récemment d’une détèrioration du sentiment des investisseurs sur le marché de l’or, ainsi que d’une hausse des ressources en or secondaire (scraps).

L’argent est dopé par la production de panneaux solaires en Chine, qui en importe davantage en réponse à la hausse de la demande, mais aussi par la demande des producteurs de cartes pour l’électronique et la joaillerie, comme l’or.

 

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Les contrats à terme sur l’aluminium sont remontés récement à leur niveau de février 2020 après un point bas historique au printemps dernier (Source CME)

Plusieurs commodités comme l’aluminium primaire – mais aussi certains alliages d’aluminium ou le cuivre et le nickel continuent à être sous pression, malgré les baisses de production dans l’automobile et d’autres secteurs d’activités. L’espoir d’un développement rapide de la mobilité électrique voire du véhicule à l’hydrogène et/ou autonome explique en partie cela.

 

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Les analystes de Banque d’Amérique ont dégradé leur prévision de croissance mondiale à – 2,7% contre + 0,3% au printemps, soit « bien pire que la récession de 2008-2009 » (Source BOFA recherche)

 

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Les prévisions de prix des commodités de BOFA pour la fin 2020 restent prudentes pour les prix de l’énergie, bien en-dessous des 50$/baril de Brent, en dessous des 45$/b. pour le west texas intermediate, les prix de l’aluminium, du cuivre, du nickel, du zinc à la tonne continuant à augmenter, ceux de l’or et de l’argent, du palladium aussi, le platine étant également soutenu (source BOFA recherche)

 

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La production d’acier inoxydable consommatrice de nickel inférieure en volume à celle de 2019 de 5,8% jusqu’en juillet 2020…

 

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… a créé un surplus sur le marché du nickel qui a continué à voir sa production globale augmenter avant l’été …

 

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… En partie à cause d’une reprise du nickel indonésien en 2020 (Source BOFA Recherche)

 

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La disponibilité du minerai de nickel est resté assez bonne en 2020 malgré le ban indonésien sur les exports en 2019 et les problèmes rencontrés par les producteur néo-calédoniens, grâce à la hausse du minerai philippin en réponse à la demande chinoise dont elle pèse les ¾ en 2020 (Source BOFA)

 

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Comme il y a plus de dix ans, la Chine a renforcé fortement l’usage de déchets de nickel et d’acier inoxydable dans la composition de ses aciers inoxydables (nickel pig giron ou NPI) afin de compenser les coûts et la moindre disponibilité temporaire du nickel indonésien provoquant la hausse des volumes de NPI dans sa production d’inoxydables. En conséquence, l’offre et la demande mondiale de nickel de bonne qualité est redevenue positive en 2020 mais devrait se dégrader à nouveau en 2021, provoquant une forte hausse du prix du métal du diable bien au-dessus des 15 000$/tonne (source mixte)

 

 

BALANCE ENTRE OFFRE ET DEMANDE POUR QUELQUES COMMODITÉS :

 

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La production mondiale de nickel a augmenté de presque 430 000 tonnes en 5 ans, celle de zinc de presque 900 000 tonnes, faisant chuter le prix du zinc l’an dernier et cette année (source mixte)

 

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La production mondiale d’aluminium a nettement augmenté de 6 395 000 tonnes en 5 ans, celle d’alumine de spécialité de 174 000 tonnes soit plus que la hausse de la consommation globale dans les deux cas (source mixte)

 

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En hausse jusqu’en 2019, la production mondiale de cuivre a baissé en 2020 de 3,3%, tandis que sa consommation chutait de 5,4% mais son prix est resté sous pression haussière à Londres et à Shanghaï ; celle de plomb a augmenté de 2,3% sur un an cette année, créant une offre supérieure à la demande et une petite baisse du prix LME (source mixte)

 

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Pour les marchés du cobalt et du lithium poussés sous les feux de l’actualité de la mobilité électrique partout dans le monde, la balance offre/demande est négative côté consommation pour le cobalt d’où une petite baisse du prix spot en 2020 et positive pour le lithium dont la consommation est en forte hausse de près de 25% sur un an au point que les analystes évitent de se prononcer sur la réalité des prix demandés dans la période (source mixte BOFA/ compagnies/CRU)

 

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Le marché du platine a vu la production mondiale chuter de 17% en 2020 en même temps que la consommation par l’industrie, mais son prix moyen rester stable ; du côté du palladium, la chute de la vente de voitures et donc de pots catalytiques a provoqué des baisses équivalentes de production et de demande mondiale mais pas de chute du prix dépassant 2 200$/tonne en moyenne sur l’année (source mixte)

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Retenons que l’incertitude domine sur l’ensemble de ces marchés, tant à cause de la chute prévisible sur les secteurs de l’aéronautique civile, de l’automobile, mais que les prix des aciers construction et des ferrailles en amont restent soutenus depuis la fin de l’été après le point bas faisant suite à la pandémie entre mars et juin.

 

De fortes inconnues subsistent aussi du côté des prix de l’énergie, fossile comme renouvelable, la seule source d’énergie décarbonée ne voyant pas ses prix de vente augmenter - ce qui est un vrai paradoxe au moins en Europe – étant le nucléaire, inférieur ou égal à 40 euros/mégawatt à Paris contre plus de 140€/MW pour l’éolien terrestre et offshore subventionnés en France et toujours soutenus par Bruxelles. Et l’autre inconnue est liée au renvoi régulier aux calendes grecques de la fixation d’un prix du carbone, décidement bien gênante pour les politiques comme pour les industriels de l’ancien monde. Ce que la filière hydrogène européenne et mondiale a bien compris en obtenant le soutien des européens pour développer l’hydrogène vraiment vert à base d’électrolyse, opération qui nécessite du nickel pour monter en puissance en produisant des électrolyseurs d’une façon industrielle, retour à la case départ.

 

Christophe JOURNET

Rédacteur en chef de MPE-Média

 

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Mis à jour (Jeudi, 15 Octobre 2020 22:14)