LONDRES/PARIS/MONDE (MPE-Média) – Le London Metal Exchange (LME) proposait le 19 octobre à ses membres une conférence en ligne en lieu et place de sa conférence annuelle sur les mines et métaux non ferreux, avec plusieurs présentations d’experts analystes du LME et de grandes institutions bancaires globalisées. Détails.

Le London Metal Exchange ayant choisi de transformer sa "semaine des métaux du LME" d'octobre en séminaire en ligne, présentant les principales tendances de marché perçues dans le monde par les analystes, traders, industriels du secteur des mines et métaux, nous vous proposons ici une synthèse de ces interventions suivies ce lundi 19 octobre, disponibles ensuite à la demande sur le site du LME.

Après les prises de parole de la nouvelle Présidente du LME Gay Huey Evans, du Ceo du LME Matthew Chamberlain, les discours de Sanjeev Gupta, Président de GFG Alliance et de la chef économiste d’HSBC monde Janet Henry parlant de « la fin du commencement de l’après pandémie », plusieurs panels en ligne présentaient l’état des marchés des métaux non ferreux et l’évolution des cultures d’entreprises du secteur des mines et métaux ce lundi 19 octobre, pour remplacer la fameuse « LME week » reportée physiquement à des jours meilleurs.

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Les analystes réunis par le LME en panel de six professionnels échangeant à distance avec notre consoeur Andrea Hotter (Fastmarkets/Metal Bulletin, New-York) à propos des marchés des non ferreux,  (Capture d’écran LME)

 

Modéré par Andrea Hotter (Fastmarkets), ce webinaire du LME aura permis de suivre les évolutions récentes des marchés de l’aluminium, du cuivre, du plomb, du zinc, de l’étain, tous impactés plus ou moins fortement par la pandémie en cours de la mine aux usines.

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L’analyste de CRU Eoin Dinsmore note que la seule production d’aluminium du Yunnan (Chine) égalera la production russe en 2021 à plus de 4 millions de tonnes de métal blanc (Capt. D’écran CRU/LME)

 

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La ressource en minerai de cuivre aura chuté de 2,1% (1,6Mrd tonne) en 2020 et devrait rebondir de 3,8% entre 2021 et 2023, explique Natasha Kaneva, Directrice exécutive chez JP Morgan (Capture d’écran LME/JPM)

 

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JP Morgan estime que la croissance de la demande chinoise remontera à +0,5% sur un an en 2020 malgré la forte baisse liée à la pandémie (Capture d’écran LME/JPM)

 

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Les ventes de voitures restent en-dessous des niveaux d’avant la pandémie, sauf en Chine où elles se sont reprises dès avril 2020 (Capt. D’écran AMC/LME)

 

Rien qu’à observer la baisse des ventes de voitures légères (plus de -20% globalement, -30% en Europe), on comprend qu’il s’agit ici d’une crise inédite : « Nous observons un grand nombre de surcapacités dans les stocks de métaux de base normalement achetés par ces industries », note Tom Mulqueen (AMT), qui conclut que la perspective à moyen terme pour l’automobile est molle et de plus menacée par la mobilité électrique.

 

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Les prix du zinc remontent à la faveur d’une forte reprise de la consommation chinoise (Capt. d’écran Citi R/LME)

 

Evoquant le marché du zinc, Max Layton (Citi Research manager) a relevé que la reprise chinoise a été largement tirée par le crédit mais freinée par la baisse des exportations : « en dehors de la Chine, la plupart des marchés d’utilisateurs finaux restent très ralentis », dit-il.

 

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La résilience des métaux au stress durant la pandémie, avant et depuis (capt. d’écran LME/Stone X/Bloomberg)

 

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Évolution de la production d’or de 1970 à 2019 (capt. d’écran LME/Stone X)

 

Parlant du marché de l’or, Rhona O’Connel (Stone X) explique que celui-ci hésite à présent entre la couverture du risque et l’or commodité utilisée par l’industrie et la joaillerie, et se demande si nous allons vivre de nouveau un scénario proche de celui de 2013 où l’or avait chuté après la hausse qui a suivi la crise financière de 2008.

 

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Prudence requise quant à l’impact de la mobilité électrique sur le prix du nickel et des autres métaux non ferreux : Les voitures électriques doivent d’abord exister sans subventions, doivent être moins chères, plus vertes, leur recyclage et la gestion des scraps restent un problème, la technologie des batteries pourrait changer aussi, les gouvernements doivent faire face à un retour négatif de leurs politiques qui pourrait bien freiner le développement des voitures électriques, estime Edward Meir, ex analyste du LME devenu consultant (capt. d’écran LME/ED&F)

 

En réponse à des questions d’Andrea Hotter sur le verdissement des industries mondiales et sur le développement de la mobilité électrique et ses effets sur les marchés des métaux, Edward Meir (consultant ED&F) s’est montré lui aussi très mesuré : « Au stade où en est la demande hors Chine, ou même en Californie, aux Etats-Unis, pour ces véhicules électriques, il semble clair que cela prendra encore du temps ».

 

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La panel « durabilité » dans la transition vers une industrie durable incluait Chris Bayliss (Aluminium Institute), Andrew Karsh (CalPERS), Andrea Vaccari (en charge du développement durable chez Freeport-McMoRan), Harald Friedl (ONU, sherpa COP25 et 26 pour le climat), et le modérateur Neil Hume (FT – Capt. d’écran LME)

 

Réponse qui introduisait à merveille le panel suivant organisé par le LME à propos de la « durabilité, la route vers la transition vers une industrie respectueuse de l’environnement », avec plusieurs experts de l’aluminium, de l’ONU, du groupe minier Freeport-McMoRan), de CalPERS, panel modéré par un confrère du Financial Times, Neil Hume, en charge de la rubrique ressources naturelles.

Évoquant le cas de Rio Tinto obligé de demander la démission de ses deux principaux dirigeants du leader minier global et de sa division minerai de fer, à cause de leur mauvaise gestion du respect de vestiges archéologiques de l’art préhistorique de la minorité indigène en Australie, Harald Friedl a noté que de nombreux signes d’un changement réel chez les industriels pouvait générer un optimisme certain quant à des changements effectifs de pratiques environnementales chez les industriels de plusieurs secteurs, mineurs, aciéristes, producteurs de ciment, etc.

 

Respecter des obligations en exploitant les ressources minières

« Ce n’est pas facile d’extraire des ressources, de préparer les mines, de tenir compte de tous les impacts possibles mais la plupart des opérateurs ont intégré ces obligations et les respectent », ajoute Andrea Vaccari (Freeport-McMoRan).

L’ensemble des interventions de ces panélistes laisse à la fois entendre des progrès importants sans doute liés à une prise de conscience « post-Covid » mais aussi la réalité des questions antérieures liées aux fuites de carbone entre les pays développés de l’ouest et la Chine induisant une forte distorsion de compétitivité, les premiers acceptant de payer le prix du carbone et les seconds exportant à bas prix sans prendre en compte une partie au moins des règles de protection de l’environnement.

La nécessité d’obtenir des aides des gouvernements pour accélérer la transition écologique et la décarbonation des procédés de production a fait l’unanimité chez ces orateurs.

 

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Une autre partie du webinaire métaux du LME associait (GD/HB) la présidente du CA du LME Mme Gay Huey Evans, le PDG d’Anglo American Mark Cutifani, la consultante Pamela Jones de Genesis Consultancy l’associée de Brunswick Partner Carole Cable, parlant ensemble de l’inclusion et de la diversité dans les entreprises des mines et métaux (capture d’écran LME)

 

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Mrs Gay Huey Evans, la présidente du LME depuis 2018, première femme à la tête de la bourse des métaux de Londres, propriété de Hong Kong Stock Exchange à présent contrôlé par Pékin (capt. d’écran LME)

 

« Quand j’ai commencé à travailler j’étais la seule femme noire parmi les traders. Ensuite nous étions deux noirs, à présent les choses changent un peu, mais il reste beaucoup à faire pour atteindre davantage d’égalité entre hommes et femmes, blancs et noirs (..) Covid est là et cela change aussi des choses pour les jeunes, ils ne veulent pas seulement une place autour de la table, ils veulent faire partie d’une communauté vivante, avec des choses réelles à échanger entre eux », explique Pamela Jones.

« Je n’appartiens pas à un club de golf, je ne joue pas au rugby, un homme au travail est très différent d’une femme au travail », souligne Carole Cable non sans humour.

« Ce que nous avons appris en général pendant la pandémie, c’est que vous pouvez gérer le temps, les lieux de travail, les modes de pensée, les cultures d’une façon beaucoup plus créative, beaucoup plus flexible, avec des échanges positifs avec les unions syndicales, en aidant les gens à choisir leur façon de travailler, de voyager. Le Covid nous propose un challenge dans la façon dont nous travaillons tous », estime Mark Cutifani, qui ajoute que la diversité et l’inclusion « consistent à ajouter une respiration nouvelle à nos économies, là se trouve l’opportunité dans cette période ».

 

Christophe JOURNET

Rédacteur en chef de MPE-Média

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À suivre dans la 60ème lettre des matières premières et de l’énergie d’octobre-novembre 2020, disponible sur simple commande via :

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VOIR AUSSI VIA :

https://events.streamgo.co.uk/LME-Metals-Seminar/events

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