PARIS (MPE-Média) - Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, chargée de l’Industrie, ont organisé une table ronde des industriels énergo-intensifs touchés par la situation de tension sur les prix d’approvisionnement en énergie, ce 19 octobre 2021. Détails.

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La réunion avec les énergie-intensifs de ce mardi (Ph SD MTE)

La hausse massive et brutale du prix du gaz en Europe impacte à la fois les ménages et les entreprises. Le MWh de gaz a connu une hausse particulièrement marquée. La livraison à terme pour 2022 a quintuplé, et atteint 69€/MWh au 6 octobre 2021, contre 14€/MWh en 2020 en moyenne pour la livraison 2021. La hausse des combustibles fossiles et du carbone a également un effet immédiat sur la formation des prix de l’électricité, qui ont atteint pour la livraison 2022 jusqu’à 168.4€.MWh, soit plus de trois fois le prix moyen pour une livraison 2021 (45€/MWh).

La situation illustre l’impact de la dépendance au gaz. Elle montre que le choix français d’un mix électrique décarboné, sans recourir à de nouvelles centrales fossiles, est le bon.

Cette table ronde visait à construire avec les filières un diagnostic partagé de la situation et de ses impacts, et à identifier les leviers d’action à court et moyen terme pour mieux protéger les activités industrielles énergo-intensives essentielles à notre résilience face à cette situation de choc gazier.

 

L’aluminium, la chimie, l’agro-alimentaire touchés par le coût des énergies

Des membres de l’UNIDEM et d’Excelcium, fédérations des électro-intensifs étaient représentés dans cette réunion. Les secteurs les plus touchés réunis ce mardi sont les producteurs d’aluminium, de silicium, la chimie lourde (chlore) ou organique, côté électricité, certaines activités agro-alimentaires, le verre, la chimie des engrais azotés côté gaz. Certaines activités sont plus touchées que d’autres par cette hausse des coûts de l’énergie.

A l’issue de cette rencontre, un débrief presse téléphonique était organisé par le ministère en présence du directeur adjoint du cabinet de Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique et du conseiller industries de base, de l'énergie et éco-industries au cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie.

La situation affecte tous les consommateurs d’énergie et particulièrement les industriels électro-intensifs, en France comme en Europe, précise l’un des deux conseillers, qui note que la régulation des prix en France incluant le tarif pour le nucléaire permet de réduire l’impact des hausses des coûts de l’électricité et du gaz.

La tension sur les prix de l’énergie en Europe, en Asie, mais pas en Russie, au Moyen-Orient affecte moins l’acier dont les prix ne sont que très peu remontés à la hausse. Pour l’aluminium, très touché par le prix de l’électricité, le prix des produits a beaucoup monté. Pour les polymères, les tensions sont plutôt calmées mais subsistent suite à la hausse récente des prix du pétrole brut.

 

Mécanisme de compensation des coûts indirects du carbone

L’idée de cette réunion était de donner aux industriels des informations sur les mesures envisagées par le gouvernement pour réduire les impacts de ces hausses tant pour les particuliers que pour les industriels : L’État a fait voter par l’Assemblée nationale un budget exceptionnel de 200M€ pour aider les industriels, en complément d’une aide spéciale allouée aux industriels concernés par « les fuites de carbone » - importations de pays tiers, mécanisme de compensation des coûts indirects du carbone via ceux de l’électricité utilisée en production dans les pays importateurs NDLR.

Concernant les moyens et longs termes, la volatilité des prix de l’électricité et du gaz arrivés récemment à des niveaux jamais atteints jusqu’ici pose un problème pour les achats d’électricité, souligné par les industriels, notamment pour leurs investissements en électrification des usines. Le sujet sera réabordé dans les semaines à venir, précise un conseiller. Pour le long terme, un groupe de travail sur les modulations du marché de l’électricité devant remplacer l’ARENH actuellement en vigueur juqu’en 2025, associera les industriels, côté régulation des prix comme pour l’élaboration des contrats long terme.

Une baisse de la fiscalité pour l’électricité a déjà été actée récemment dans le projet de loi de finances en fonction de la puissance utilisée par chaque industriel. Les entreprises non concernées par ces baisses ou qui ne subissent pas de perte de compétitivité sur leurs concurrents étrangers (hormis les très électro ou gazo-intensifs) bénéficieront d’une réduction fiscale dans le cadre de la loi de finances à venir.

« Ce que montre la situation à ce jour c’est que le système d’échange d’énergie en vigueur en Europe ne résout pas ce type de cas de figure sur les marchés de l’énergie, Bruno Le Maire l’a dit le 4 octobre », ajoute un des conseillers.

La France importe la totalité de son gaz naturel et n’a que peu de levier sur ce prix, confirme un conseiller.

Les ministres suivent quelques cas de risques de fermeture de sites dont un producteur de zinc dans le nord de la France, mais la plupart continuent à produire.

Des contacts gouvernementaux sont en cours avec les fournisseurs de gaz à Bruxelles, pour obtenir une hausse du volume des fournitures de gaz norvégien et d’autres fournisseurs possibles pour obtenir une baisse des prix. Le prix spot du GNL est à ce jour autour de 90€/MWh et autour de 60€/MWh à terme en 2022, des tarifs très élevés dans les deux cas note le Ministère de la transition écologique.

 

Christophe JOURNET

Rédacteur en chef de MPE-Média

BANNIERE_@MPE-MEDIATWIT

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