PARIS (MPE-Média) – Un colloque vient de permettre aux acteurs algériens du gaz de schiste de donner des points de vue qui confirment l’intérêt de ce pays pour une ressource réputée abondante dans son sous-sol. Témoignages via nos confrères du web algérien, dans un pays où le débat semble bien engagé.

Selon le chef de département d'analyse des bassins du groupe Sonatrach, M. Mohamed Kassed, cité par nos confrères de Lemaghrebdz.com, les coûts de réalisation d'un forage pour l'exploitation de gaz de schiste en Algérie varient entre 10 et 15 millions de dollars. M. Kassed parlait ici en marge de la deuxième journée du workshop international sur le gaz de schiste, organisé à Oran organisé par l’Association algérienne de l’industrie du gaz sous l’égide de l’Union internationale de l’industrie du gaz, avec le concours de la Cie algérienne Sonatrach.

Coûts plus élevés qu’aux USA

Ces coûts sont considérés comme étant élevés à l'heure actuelle, en comparaison avec certains pays dont les Etats-unis d'Amérique, qui activent dans ce domaine à un coût moindre, a indiqué le même responsible. M. Kassed a attribué le taux élevé des coûts de réalisation d'un seul forage, au niveau des champs de gaz de schiste, à plusieurs facteurs dont « ceux ayant trait aux technologies qui permettent la réduction des coûts et aux études exactes et approfondies d'évaluation nécessitant des moyens et de grands potentiels».

Le quotidien sur internet El Watan note de son côté que « l’idée d’exploiter le gaz de schiste en Algérie divise les experts qui se sont affrontés, à coups d’arguments, deux jours durant, lors d’un atelier qui a pris fin hier, au Centre des conventions d’Oran. Ce débat a permis un large éclairage susceptible d’aider à la prise de décision par les autorités».

D’un côté, poursuit El Watan, il y a ceux qui conseillent aux centres de décision de méditer «la réussite américaine en la matière ; de l’autre, ceux qui énumèrent les contraintes incitant à plutôt adopter une position de réserve».

Parmi les communicants, il y a ceux qui estiment que l’exploitation du gaz de schiste permettra à l’Algérie de doubler ses recettes d’exportation de gaz: «Il serait malheureux d’avoir une richesse et de ne pas l’utiliser», estime M. Husein Abdallah, ancien cadre de Sonatrach actuellement en charge des études chez le groupe espagnol Repsol.

Pour lui, «les études préliminaires et l’importance du potentiel que recèle le sous-sol algérien plaident pour une exploitation de cette ressource non conventionnelle».

«Pourquoi perdre du temps ?», s’interroge-t-il, estimant qu’il faut «prendre pour exemple les Etats-Unis, puisque, du point de vue technique, nous avons un même type de formation et un même potentiel important». Selon lui, «d’importantes quantités de gaz estimées à plusieurs centaines de TCF sont récupérables, soit plus que la quantité de gaz conventionnel que recèle le sous-sol algérien», ajoute El Watan.

Premiers forages au T3 2012

Le site d’info en continu algérien Lexpressiondz.com précise quant à lui que les premiers forages expérimentaux de gaz de schiste seront lancés en Algérie au niveau du bassin d'Ahnet à partir du 3è trimestre de l’année en cours, selon l’annonce faite ce lundi à Oran par M. Kamel Chikhi, directeur central chargé du partenariat étranger au Groupe Sonatrach.

«Sonatrach prépare activement cette opération expérimentale au niveau du bassin d’Ahnet, situé dans l’extrême sud-ouest du pays », note ce média citant M. Chikhi lors d’un point de presse organisé en marge du même workshop international sur le gaz de schiste.

« Les études entreprises, notamment l’évaluation de l’importance du gisement de cette ressource non conventionnelle, permettront de lancer ces forages dans les délais prévus », a-t-il précisé, ajoutant que d’autres forages seront effectués par le groupe Sonatrach, seul ou en partenariat avec des entreprises internationales, dans diverses régions disposant éventuellement de réserves de gaz non conventionnels.

Améliorer la facture énergétique

Aux USA, de récentes études menées par plusieurs compagnies spécialistes de l’énergie et les services d’analyse des banques confirment ce que disent déjà les agences de notation: le choix de plusieurs états d’autoriser les explorations et depuis quelques années déjà la production de gaz et d’huiles de schistes contribue fortement à la réduction de la facture énergétique globale américaine en mettant sous pression les prix du pétrole, WTI en tête, et donc aussi celui du carburant automobile, à l’heure où il explose ses records de prix en France.

La pratique améliore aussi les ratios économiques états-uniens, en abaissant fortement le prix de la ressource gaz pour les entreprises, entraînant outre un nombre d’emplois conséquents, ainsi que des perspectives de développement pluri-annuelles pour tout le secteur aval.

Placée dans une autre situation que son ancienne puissance tutélaire, l’Algérie semble aujourd’hui tout aussi consciente que l’Amérique de l’intérêt de ces explorations, même si les arguments des opposants à la fracturation hydraulique semblent y concerner davantage de monde, à l’échelle d’une économie moins redistributive que l’économie nord-américaine.

Christophe Journet

Voir aussi:

http://www.lemaghrebdz.com/lire.php?id=43121

http://www.elwatan.com/economie/entre-optimisme-et-scepticisme-29-02-2012-160979_111.php

http://www.lexpressiondz.com/linformation_en_continue/149080-les-premiers-forages-experimentaux-de-gaz-de-schiste-lances-cette-annee.html

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Mis à jour (Jeudi, 10 Novembre 2016 15:36)