PARIS (MPE-Média) – Cinq projets d’extraction ou de production de métaux critiques pour la transition énergétique et écologique ont été retenus par Bercy et les ministres concernés dans le cadre de l’appel à projets France 2030, dont un grand site d’extraction de lithium dans l’Allier. Détails.

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La mine de kaolin de Beauvoir située dans le massif des Colettes (Allier) où Imerys va ouvrir une production d’hydroxyde de lithium d’ici à 2028 (Ph SD Imerys)

 

Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, ont rendu publics ce lundi les 5 premiers projets sélectionnés dans le cadre de l’appel à projets « Métaux Critiques » de France 2030.

Les métaux dits critiques (lithium, nickel, cobalt, tantale, cuivre etc.) sont des éléments clés des technologies de la transition écologique (batteries, moteurs électriques, etc.) dont l’approvisionnement sera de plus en plus stratégique pour l’économie française de demain.

Le plan France 2030 prévoit 1 milliard d’euros d’investissements pour déployer des projets de production et de recyclage de ces matériaux sur le territoire national et assurer ainsi la résilience des chaines d’approvisionnement de l’industrie française en métaux critiques. Dans ce cadre, le gouvernement a lancé un premier appel à projets le 10 janvier 2022 pour faire émerger des projets de production, de raffinage ou de recyclage de ces matériaux critiques.

Les Ministres Bruno Le Maire, Agnès Pannier-Runacher et Roland Lescure ont révélé ce jour les cinq premiers projets industriels sélectionnés qui seront soutenus pour près de 100 millions d’euros. Ces projets concernent la production de lithium et le recyclage de métaux critiques contenus dans les batteries lithium-ion (nickel, cobalt, lithium) et permettront de sécuriser une chaîne d’approvisionnement bas carbone et à basse empreinte environnementale pour les trois premières gigafactories de batteries prévues sur le territoire français.

Ces projets contribuent à l’objectif du Gouvernement visant à produire 2 millions de véhicules électriques et leurs principaux composants par an en France en 2030. Cette stratégie mobilisera 5 milliards d’euros de soutiens publics dans le cadre du plan France 2030 pour aider au déploiement sur le territoire français de toutes les technologies nécessaires à cette production. Les projets sélectionnés sont répartis sur le territoire et sur l’ensemble de la chaîne de valeur des métaux critiques.

 

Les 5 projets retenus

 

Imerys – Extraction de lithium

Le projet « EMILI » porté par Imerys vise à constituer la première exploitation minière de lithium en France sur le site de production de Kaolin actuellement exploité à à Échassières (Allier). Ce projet permettra d’alimenter à l’horizon 2028 l’équivalent de 700 000 véhicules par an en batteries au lithium et réduira significativement la dépendance de l’industrie française à des sources extra-européennes de lithium, avec une plus faible empreinte carbone que celles-ci.

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L’histoire chronologique du projet EMILI d’Imerys (Source Imerys)

(Lire aussi l’article ci-après)

 

Viridian – Raffinage de lithium

Le projet CoRaLi de Viridian à Lauterbourg (Bas-Rhin) sera la première raffinerie française de lithium. Grâce au mix énergétique français, elle produira le lithium de qualité batterie avec le contenu carbone le plus faible au monde. Viridian vise une production initiale de 25 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an dès 2025, et à terme, de répondre entièrement à la demande pour produire 2 millions de véhicules électriques par an.

 

Eramet – Recyclage de batteries

Le Projet Relieve d’Eramet, vise à faire émerger une offre française de recyclage des batteries Li-ion à grande échelle, avec une première phase industrielle dès 2025, et permettra de développer une filière française pour le recyclage de lithium voulu par le règlement européen batteries, et d’améliorer l’autonomie stratégique pour les matériaux actifs de batteries que sont le nickel, le cobalt et le lithium.

 

Sanou Koura - Extraction des métaux critiques contenus dans les déchets électroniques

Issu d’une décennie de recherche en partenariat avec les grands laboratoires publics, le projet de Sanou Koura à Donchéry (Ardennes) constituera une première mondiale en étant la première usine capable de valoriser tous les métaux contenus dans les déchets électroniques. L’usine, qui réhabilitera un site existant, sera à énergie positive et à empreinte carbone réduite grâce à la capture de CO2.

 

WEEECycling - Extraction des métaux critiques contenus dans les déchets électroniques

Le projet d’augmentation de capacité du site de WEEECycling à Tourville les Ifs (Seine-Maritime) vise à permettre à une multiplication par 10 de sa production de métaux critiques à partir de déchets électroniques tout atteignant un quasi autosuffisance d’un point de vue énergétique. Il contribue ainsi à améliorer l’autonomie stratégie française sur les métaux critiques.

« Notre objectif est de renforcer la souveraineté industrielle de la France et en particulier la résilience de ses chaines d’approvisionnement en métaux critiques. Les 5 entreprises sélectionnées seront aidées à hauteur de 94 millions d’euros par l’Etat et permettront de produire du lithium en France ou encore de recycler les métaux rares contenus dans les batteries automobiles et les appareils électroniques », a déclaré Bruno Le Maire.

 

« Maîtriser la chaîne de valeur des métaux critiques »

« Maîtriser la chaîne de valeur des métaux critiques de la transition énergétique, c’est se donner les moyens de sortir la France de sa dépendance aux énergies fossiles et d’atteindre la neutralité carbone comme nous nous y sommes engagés. Aujourd’hui, avec le plan d’investissement France 2030, nous franchissons une étape fondamentale dans la structuration de la filière lithium française que j'appelle de mes voeux depuis plusieurs années. Notre objectif est de soutenir des projets clés pour extraire le lithium de notre sous-sol, le raffiner, l’utiliser dans nos usines de batteries et le recycler. Je salue les 5 entreprises lauréates qui vont contribuer à notre souveraineté énergétique et industrielle et à la lutte contre le dérèglement climatique », a déclaré Agnès Pannier-Runacher.

« La transition écologique peut être une opportunité de réindustrialisation majeure pour notre pays si nous maîtrisons les technologies vertes, clé de l’économie décarbonée de demain. C’est pourquoi l’Etat investit pour réduire développer une filière industrielle complète des métaux critiques sur le territoire national. Je salue l’engagement des cinq entreprises sélectionnées, qui s’appuient sur les atouts français : recherche fondamentale, compétences, mix énergétique, pour une production de métaux critiques souveraine, respectueuse de l’environnement et bas carbone », a déclaré Roland Lescure.

 

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Le Ceo d’Imerys explique le projet lithium

PARIS (MPE-Média) - Le site de Beauvoir (Allier) est connu depuis les années soixante par le BRGM. Plus récemment, en 2019-2020, des forages ont confirmé la présence de lithium sous la réserve de kaolin exploitée par Imerys, dont le Pdg Alessandro Dazza nous annonce le lancement du projet EMILI d’extraction de lithium.

 

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(Source Imerys)

 

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Alessandro Dazza, Ceo d’Imerys, diplômé de l’Institut Polytechnico de Milan (Source Imerys)

 

Le lithium est un élément alcalin très léger. Incontournable pour la fabrication de batteries pour l’industrie automobile, c’est une matière première indispensable et stratégique pour relever le défi de la transition énergétique. Imerys a lancé un projet d’exploitation de lithium sur son site de Beauvoir dans l’Allier à l’horizon 2028, l’un des 5 projets retenus par le gouvernement dans le cadre de l’appel d’offres France 2030.

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Sondeuse à câble utilisée pour extraire des échantillons de roches en sous-sol (Ph SD Imerys)

 

Imerys a entrepris dès 2017 des campagnes de sondages sur le site de Beauvoir, qui ont confirmé la présence de lithium dans des proportions suffisamment conséquentes pour s’y intéresser dans le cadre d’un projet industriel. Ces explorations font l’objet au préalable d’une demande de Permis Exclusif de Recherches (PER) à l’État, sous forme d’un dossier technique détaillant, notamment, le périmètre géographique des recherches et son impact environnemental.


Le PER obtenu par Imerys en 2015 a été reconduit en 2021 : « Entre décembre 2021 et mai 2022, nous avons effectué 20 sondages à 250m de profondeur en moyenne », détaille Patrick Fullenwarth. « Concrètement, il s’agissait d’extraire, à l’aide d’une sondeuse à câble, des échantillons de granite de forme cylindrique. Dénommés « carottes », ces échantillons ont une longueur d’un mètre pour un diamètre de six à huit centimètres. »

Le projet d’Imerys d’extraire du lithium à partir d’un minerai concentré de feldspar, étain, micas, devrait permettre de produire assez de lithium pour fabriquer près de 700 000 battteries de VE/an, en creusant des galeries souteraines exploitées de façon durable et responsable, continue le Pdt d’Imerys. Le site devrait produire près de 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an pour un coût estimé entre 7 et 9€/kg durant au moins 25 ans, avec un CAPEX d’environ 10 Mrds€, note la même source.

Le minerai remonté par rail sera traité dans une usine de conversion du minerai située dans le site déjà ouvert pour le kaolin, matériau utilisé pour produire des céramiques.

« Le mode d’exploitation émettra deux fois moins d’émissions de CO2 que des projets existants comparables », affirme M. Dazza.

L’histoire du site est bien plus ancienne que la relance du site, rappelle Patrick Fullenwarth, géologue chez Imerys : « Le Massif Central abrite des formations géologiques très anciennes,. Il s’agit ici de granites qui datent de 310 millions d’années, dans lesquels on a pu identifier la présence de différents éléments dont le lithium, découvert sur le site de Beauvoir dans les années 60. »

 

La demande en lithium sera là

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Plan de coupe du gisement de Beauvoir dans l’Allier (Source Imerys)

 

« La demande sera là, à des niveaux imaginables dès à présent (…) Nous vendrons le lithium en fonction du marché, et à des coûts découlant d’une exploitation durable, non polluante pour l’environnement et économiquement viable. Une fois le projet EMILI mené à bien, il devrait fournir une source domestique durable et compétitive d'approvisionnement en lithium pour les constructeurs automobiles français et européens et contribuer largement à relever les défis de la transition énergétique. Tout au long du processus, Imerys s'engagera avec toutes les parties prenantes, des communautés locales aux décideurs politiques, dans un esprit d'ouverture et de transparence. Ce projet peut véritablement donner une nouvelle envergure à Imerys », ajoute le Ceo d’Imerys.

 

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Imerys déclare que ce projet est de nature à faire du groupe l’un des leaders mondiaux de production de lithium (source Imerys)

 

« L’Europe ne peut pas continuer à construire sa transition énergétique en restant dépendante d’autres sources de production de lithium et d’autres métaux critiques », continue-t-il.

Imerys n’exclut pas à ce stade d’associer des partenaires à ce grand projet durable. La conception de l’exploitation est destinée à répondre aux critères « IRMA », référence de l’exploitation minière responsable. *

La formule chimique de l'hydroxyde de lithium utilisé par les fabricants de batteries est : LiOH,H2O

 

CHRISTOPHE JOURNET

REDACTEUR EN CHEF DE MPE-MÉDIA

 

* IRMA: Initiative for Responsible Mining Assurance ( https://responsiblemining.net/ )

Voir aussi via https://www.imerys.com/fr

@imerys

www.linkedin.com/company/imerys/

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