PARIS (MPE-Média) – Les cadres de l’Office national des forêts ont exposé leurs dernières actualités ce 25 janvier à l’occasion des vœux 2023 à la presse et d’une visite du nouveau siège de l’Office à Maisons-Alfort. Des données inquiétantes pour la forêt. Détails

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PN = Volumes de bois « normaux » PA = Produits accidentels PN+PA = Total en m3 sur l’échelle de gauche PA/(PN+PA) = Poids relatif pesé par les produits dits accidentels // au volume global mis sur le marché, en % sur l’échelle à droite (source ONF)

 

Les cadres de l’Office national des forêts ont présenté en même temps que leurs vœux pour 2023, l’état actuel de l’évolution des dépérissements de la forêt française entre 2017 et 2022, période durant laquelle le taux de bois dépérissant est passé de 5 à 20% en moyenne cumulée.

La situation s’est aggravée particulièrement à partir de mars 2019, suivie d’un « plateau » à un niveau élevé jusqu’en mars 2022, avec les sécheresses répétées de 2018, 2019 et 2020 intervenues entretemps.

En découlent des dégâts d’origines diverses dont la majorité sont dus à l’attaque des scolytes sur les épicéas, avec une répartition géographique très inégale, l’est et le nord-est de l’hexagone étant particulièrement touchés. Mais aussi aux effets du changement climatique induisant une « vulnérabilité future de la forêt publique de métropole », explique l’ONF.

 

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L’Office note que près de 50 000 hectares (ha) sont à reconstituer dont un peu moins de la moitié du fait des attaques des scolytes sur l’épicéa, variable d’une année sur l’autre (Tableaux ONF)

 

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Les dépérissements constatés sur les feuillus, apparus plus tardivement sont globalement moindre que pour les résineux mais jugés « significatifs » pour le hêtre, le frêne et depuis peu pour le chêne (Tableaux ONF)

 

Une étude de la compatibilité climatique des arbres menée à l’aide de simulations construites à partir de l’état actuel du « confort climatique » des essences dans les forêts et celui prévisible avec une hausse des températures de l’ordre de 3,5°C en 2070 telle que le GIEC l’a modélisée permet d’observer l’agrandissement de la zone dite d’inconfort climatique du hêtre, du chêne sessile, de l’épicéa commun, du sapin pectiné, et une réduction de cette zone dite d’inconfort pour le chêne pubescent, le châtaignier, le pin maritime, le pin d’Alep, le cèdre de l’Atlas devant en principe profiter de ce changement des moyennes de température dans les territoires métropolitains.

 

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32% des plants utilisés dans ce cadre ont un caractère méditerrranéen (Source ONF)

 

Par ailleurs, les dirigeants de l’ONF ont expliqué que le volet forestier du plan de relance lancé à l’automne 2020 a fait l’objet d’opérations dans 586 forêts, comptant 8 362 000 plantations sur près de 8 500 ha, dont 7 800 ha achevées où 6 865 000 plants ont été mis en terre. Pour 47% de ces surfaces, il s’agissait d’anticiper face au risque climatique « en diversifiant les essences », pour 53% des surfaces, d’actions curatives de remplacement d’arbres dépérissant pour motif sanitaire (34% des ha), ou du fait du dessèchement climatique (19% des ha).

394 projets ont été accompagnés par l’ONF dans le cadre de l’opération « la forêt s’invite à l’école » auprès de 13 500 élèves dont 73% d’écoles élémentaires et 11% de lycéens dont 2% venant de lycées agricoles.

 

Les ventes de bois en 2022

L’ONF apporte 40% des bois mis sur le marché français, le reste provenant des forêts privées. Si la demande de bois était en hausse l’an dernier pour toutes les essences, l’OF note une reprise de l’inflation et un report des marchés du bois russe et d’Europe de l’est vers l’Europe de l’ouest et la France en particulier, pour les résineux, le hêtre et le chêne. Mais les volumes des bois domaniaux vendus étaient en baisse, atteignant ceux de la fin des années soixante soit environ 4,5Mt en 2022 contre plus de 5Mt en 2021.

 

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(Source ONF)

 

Toutefois, les recettes globales ont augmenté à plus de 300 M€ (+21% sur un an), sauf celles provenant des DOM et de la Guyane en particulier (2,9 M€) suite à une météo moins favorable. Le chiffre d’affaires net en hausse de 45 M€ s’est élevé sur l’année à 236 M€ (+2,3% sur un an).

L’Office note que le CA demeure sensible aux variations du prix de marché du chêne, qui représente 42% des recettes de 2022 pour seulement 9% des volumes vendus, en particulier via la tonnelerie et l’export vers la Californie et l’hémisphère sud avec de meilleurs prix qu’en 2018 ; le hêtre est aussi reparti à la hausse, sollicité par les scieurs ; les grumes de résineux ont été sollicitées par le secteur de la construction français et toujours par les USA, mais ce marché a baissé au second semestre ainsi que les prix ; le bois énergie, bûche ou pellets et palettes forestières a aussi connu un net regain d’intérêt tant chez les particuliers que pour les industriels et les collectivités, au détriment du gaz ; quant au bois industrie, sa demande est restée soutenue l’an dernier.

 

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(Source ONF)

 

Avant de visiter le nouveau siège de l’Office situé dans l’enceinte de l’École vétérinaire de Maison-Alfort, entièrement réalisé en bois ou presque, ses dirigeants ont dressé le bilan des surfaces incendies ces dernières années, avec le pic connu en 2022 à plus de 70 000 ha, inédit depuis 2003 et 1990 après quelques années plus calmes sur ce plan entre 2004 et 2021.

 

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(Source ONF)

« Un cas hors norme » 2022 étant la seule année à cumuler un record de chaleur et un second record annuel de sécheresse comme en 1976, note la porte-parole de l’Office Christiane Baroche. L’extension au territoire hexagonal du sud au nord des zones touchées par des incendies dont plus de 25 000 ha pour les seules communes de Landiras et de La Teste de Buch en Gironde, fait craindre à l’ONF que 50% du territoire soit concerné à l’horizon 2050 au rythme actuel de cette progression des zones de feu.

Et le renforcement des obligations légales de débroussaillement contrôlées par les préfectures ainsi que la recomposition des modes d’intervention des patrouilles à étendre sur l’ensemble de l’hexagone financé par l’État a justifié une hausse de 10 M€ de crédits alloués à l’Office et la suppression de la réduction de ses effectifs forestiers initialement prévue en 2023. Dommage qu’il faille autant d’hectares brûlés pour obtenir ces mesures.

 

C.J.

Voir aussi via https://www.onf.fr

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Mis à jour (Jeudi, 26 Janvier 2023 17:46)