PARIS (MPE-Média) – La première éolienne offshore Haliade 150 de 6 mégawatts réalisée par Alstom a été inaugurée ce lundi au Carnet (Loire-Atlantique) sur un site d’essai situé à quelques centaines de mètres de la rive sud de l’estuaire de la Loire, là où devait être construite une centrale nucléaire voici près de trente ans. Tout un symbole sur le plan de l’écologie, mais aussi, insistent les acteurs, sur le plan de l’ambition industrielle française, tant domestique qu’à l’export.

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  Patrick Kron, PDG d’Alstom, Eric Besson, ministre de l’Industrie, Jérôme Pécresse, PDG d’Alstom renewable power – la division énergies renouvelables d’Alstom – et les élus des régions Pays de Loire et Basse-Normandie associés dans ce projet ont tous souligné le caractère symbolique de l’événement au moment où se reconfigure le « bouquet énergétique » français et mondial. Symbolique dans un lieu où se sont affrontés les anti-nucléaires et les partisans du nucléaire d’une époque, mais surtout, comme l’a souligné le Député de Loire-Atlantique Philippe Boënnec, symbolique d’une entente républicaine aboutie bien au-delà de l’abandon du projet nucléaire d’hier au Carnet, « parce que c’est l’aboutissement du Grenelle de la mer et parce qu’on s’occupe ainsi un peu de la rive sud de l’estuaire, en face de Saint-Nazaire » !

Avec EDF EN, Dong En. LM Wind, STX...

La nouvelle Haliade 150 d'Alstom, "la plus puissante du monde" (ph CJ MPE-Média)

L’éolienne Haliade 150, première du genre, est la réponse d’Alstom à l’appel d’offres éolien offshore pour cinq zones au large de l’hexagone côté Atlantique et mer du nord auquel le groupe a répondu en janvier dans le cadre d’un consortium l’unissant à EDF Energies Nouvelles, Dong Energy, LM Wind, STX pour les fondations en acier et des développeurs. Une réponse monumentale, puisqu’il s’agit d’un nouveau record mondial aux dimensions éloquentes, capable de fournir l’énergie utile à 5.000 foyers avec sa puissance nominale de 6 mégawatts avec une turbine à alternateur à aimant permanent et entraînement direct augmentant à la fois son rendement et la fiabilité mécanique de l’ensemble, précise le constructeur.

Patrick Kron a insisté sur l’importance du programme en terme d’emplois – 1.000 directs, 4.000 indirects entre Saint-Nazaire et Cherbourg, près 7.500 emplois à terme, dans 4 usines, 2 à Saint-Nazaire, 2 à Cherbourg, sans compter un futur centre d’ingéniérie des énergies marines renouvelables qui sera créé dans les Pays de la Loire – mais aussi en terme de liens avec les sous-traitants électro-mécaniciens, chaudronniers, installateurs, cabliers, électriciens, marins et spécialistes des milieux marins.

Naissance d’une nouvelle filière industriellle

M. Kron a aussi situé la suite du projet dans une ambition à l’international, la réalisation de l’Haliade 150 et d’autres séries à suivre devant marquer pour lui « la naissance d’une nouvelle filière industrielle française pérenne », pas moins de 40 GigaWatts d’éolien offshore devant être programmés en Europe d’ici 2020, « les évolutions du mix énergétique étant intégrées dans la stratégie d’Alstom », pour qui le résultat de l’appel d’offres éolien offshore sera on s’en doute déterminant chez nous mais pas seulement.HALIADE_150_04_KRON_BESSON

Eric Besson, qui avait commencé sa journée chez DCNS à Paris en ouvrant une feuille de route pour l’hydrolien peu après la création à Brest de l’institut « France Energies marines » a souligné de son côté que « l’appel d’offres éolien offshore représentait à lui seul la production de deux centrales nucléaires de type EPR, une éolienne comme l’Haliade 150 pouvant produire de quoi faire rouler 15.000 voitures électriques durant 15.000 kilomètres ».

Impressionnante, posée sur son socle ou « full metal jacket » de 35m de haut qui pourra en atteindre 70 si les fonds marins le nécessitent, l’éolienne « la plus puissante du monde » dotée de trois pâles en fibre de verre de 73,5m chaque culmine à plus de cent mètres de haut. Elle pèse 1.500 tonnes, est large de 7,50m de diamètre à la base de sa partie supérieure, est équipée d’un ascenseur spécial dans son mât et d’une nacelle climatisée pour permettre aux techniciens hélitreuillés de réaliser la maintenance par n’importe quelle météo ou presque.

Le retour d'Alstom en Pays de Loire

GD: Patrick Kron, PDG d'Alstom, Eric Besson, Ministre de l'Industrie

lors de l'inauguration (ph CJ MPE-Média)

« C’est aussi un retour d’Alstom dans les Pays de la Loire, qui était propriétaire des Chantiers de l’Atlantique avant leur revente à Aker Yards puis à STX », a rappelé le président ligérien Jacques Auxiette appelant de ses vœux le second appel d’offres pour les îles vendéennes, « cette éolienne nymphe de la mer n’étant qu’une étape ». Etape signifiante, certes, mais étape vers l’objectif défini dans le « memorandum of understanding » signé entre les deux régions de Basse-Normandie et des Pays de la Loire et leurs partenaires publics et privés dans ce projet de parcs éoliens offshore – les anglais disent plutôt « fermes éoliennes ».

En effet, si « la mer est notre futur », notait le président normand Jean-François Legrand sous l’œil approbateur du maire de Saint-Nazaire Joël-Guy Batteux, la manne éolienne dépend à présent du développement du projet via la construction des quatre usines citées plus haut mais aussi de huit centres de production des fondations des éoliennes, situées dans les ports des deux régions, et de centres logistiques ad hoc, nécessaires à la réussite globale d’un tel projet.

Comme pour toute première, Alstom va de découverte en découverte, ayant fait avec son partenaire EDF EN le choix d’approfondir les études préalables pour éviter les mauvaises surprises par la suite : l’Haliade 150 sera testée un an in situ au Carnet avant toute installation en mer, sous toutes les coutures, résistances, impacts, mesures possibles et imaginables. Aussi est-elle truffée de capteurs électroniques, ses piliers étant parcourus de fils multicolores pour stocker quelques milliers d’informations supplémentaires avant les premiers embarquements offshore. Idem pour le choix du type de fondations, fait observer Frédéric Hendrick, le patron du programme Haliade pour Alstom RP : « tout dépend de la nature du sol sous-marin, de sa géologie. Nous savons déjà que sur plusieurs des sites retenus, la fondation de type Jacket ne pourra pas être installée, les roches étant trop poreuses pour en supporter le poids ». C’est aussi l’intérêt du site du Carnet dont la texture en surface est assez semblable à celle des fonds marins les plus proches

Christophe Journet

Une feuille de route pour l’hydrolien

Eric Besson a rencontré ce lundi matin au siège de DCNS les acteurs français des énergies marines renouvelables. Les cadres de DCNS, de l’IFREMER, de France Energies Marine, du Cluster Maritime France, du Groupement des Industries de Construction et d’Activités Navales, des pôles de compétitivité Mer Bretagne et Mer PACA, de Ports Normands Associés et des élus des régions Basse-Normandie et Bretagne étaient également présents.

Le Ministre a fixé l’objectif de faire de la France « le premier pôle européen des énergies marines renouvelables, avec de nouvelles filières industrielles à forte valeur ajoutée, compétitives à l’exportation et qui peuvent générer des dizaines de milliers d’emplois. »

Le Ministre a souligné que toutes les conditions étaient désormais réunies pour faire émerger une deuxième filière industrielle française des énergies marines renouvelables, avec les hydroliennes sous-marines. Il a présenté une feuille de route pour y parvenir :

- D’ici la fin avril, le Ministère chargé de l’Energie publiera une demande d’information en vue d’exploiter le potentiel français du Raz Blanchard, qui constitue en Manche le deuxième gisement hydrolien d’Europe. Cette démarche permettra aux industriels et aux énergéticiens de proposer des solutions techniques et des schémas financiers. Elle s’accompagnera d’un travail des services de l’Etat pour préparer, avec l’ensemble des acteurs, la définition des zones possibles d’installation des hydroliennes. Les résultats de la demande d’information devront être disponibles avant fin 2012 ;

- D’ici la fin de l’année, Réseau de Transport d’Electricité (RTE) précisera les conditions dans lesquelles les champs d’hydroliennes du Raz Blanchard pourront être raccordés au réseau national d’électricité. Cette mission tiendra compte de l’accord en vue de développer une interconnexion sous-marine entre l’Angleterre, l’île anglo-normande d’Alderney et la France, signé le 17 février à Paris, à l’occasion du sommet franco-britannique. Cet accord entre RTE, Alderney Renewable Energy et Transmission Capital porte précisément sur l’évacuation de l’électricité produite par les courants marins du Raz Blanchard ;

- l’objectif est d’être ainsi en mesure de lancer avant deux ans un appel d’offres commercial du type de l’éolien offshore, précise Bercy.

Afin de mettre en œuvre cette feuille de route, Bercy réunira début avril l’ensemble des services de l’Etat pour un premier point d’étapes.

« Les énergies marines renouvelables constituent une opportunité industrielle pour la France. Cette opportunité, nous allons la saisir complètement. Avec l’appel d’offres pour l’éolien offshore et les investissements d’avenir, la feuille de route pour le développement des hydroliennes est une nouvelle étape déterminante », a déclaré Eric Besson.

Il a rappelé à cette occasion les moyens mobilisés par le Gouvernement depuis 5 ans pour développer toutes les énergies marines renouvelables :

- Le lancement d’un premier appel d’offres de 3.000 MW pour l’éolien offshore, dont les résultats seront annoncés au mois d’avril et qui va créer 10.000 nouveaux emplois en France.

- La création de l’institut d’excellence énergies décarbonées « France Energies Marines » pour renforcer l’innovation, dont le conseil d’administration a été installé le 15 mars à Brest et qui bénéficiera d’un financement de l’Etat pour 34,3 millions d’euros au cours des 10 prochaines années ;

- Le financement de 5 projets technologiques pour 40 millions d’euros : 2 pour l’éolien offshore flottant (« WINFLO » en Bretagne et « VERTIWIND » en région PACA), 2 pour les hydroliennes (« ORCA » et « SABELLA-D10 »), et 1 dans le domaine de l’énergie de la houle (« S3 »).

Au total, près de 80 millions d’euros issus des budgets « Investissements d’Avenir » ont été investis par l’Etat dans les énergies marines renouvelables.

Le Gouvernement accompagne ainsi la concrétisation industrielle des différentes énergies marines renouvelables exploitant le vent (éolien offshore), les courants des marées (hydrolien), l’énergie des vagues (houlomoteur) et l’énergie thermique des mers.

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Mis à jour (Jeudi, 10 Novembre 2016 15:33)