PARIS (MPE-Média) – Ça n’arrive pas qu’aux autres : Alfred ROSALES, associé et cofondateur de MPE-Média en 2011, Directeur des relations industrielles de l’école ISAE-Supmeca depuis mars 2020, est décédé à 56 ans dans la nuit du 10 au 11 mai du Covid-19 dans l’unité de réanimation d’un grand hôpital parisien. Pensées chaleureuses et émues à ses proches. Détails sur sa vie.

210511_ALFRED_ROSALES_01

Alfred Rosales (à droite) à Pollutec en compagnie d’un ingénieur japonais concepteur d’un moyen inédit de production d’hydrogène vert à deux pas du Fuji Yama (Ph archives MPE-Média)

Né à Lyon en octobre 1964 de parents originaires du Pays basque espagnol, Alfred Rosales aura connu un parcours personnel et professionnel exceptionnel et riche en rebondissements, qui l’aura conduit sur les cinq continents dès la fin de ses années d’études d’ingénieur à SUPMECA, dont il dirigeait depuis peu les relations industrielles, après en avoir présidé l’Alumni et avoir été aussi président de l’ONG Ingénieurs sans frontières.

Alfred Rosales a fait son service militaire comme parachutiste à Tarbes. D’abord Directeur des achats du groupe italien ITALCEMENTI, avec qui il avait conservé de bons contacts depuis, Alfred Rosales était passionné par les questions d’énergies et de matières premières, ce qui l’avait conduit à devenir le Directeur des achats du groupe français minier ERAMET au début du 21ème siècle jusqu’en 2010.

Un rôle dans lequel il avait appris à redéfinir les besoins en énergie dans ce secteur, à optimiser la ressource, qu’elle soit fossile ou renouvelable, mais aussi à refuser le projet minier de Weda Bay (Indonésie), qu’il jugeait écologiquement irresponsable et qu’il comparait au scénario du film à succès Avatar, pour la déforestation programmée au profit de l’extraction de minerai de nickel. En 2020, le géant minier Rio Tinto a dû mettre à pied ses premiers dirigeants pour avoir laissé abîmer des vestiges aborigènes préhistoriques dans le Queensland. Dix ans plus tôt, Alfred Rosales savait qu’il renonçait à un poste très convoité de patron des achats pour ne pas commettre ce type de faute grave contre un écosystème pourtant riche en nickel, dont le prix monte aujourd’hui.

 

210511_ALFRED_ROSALES_03

Lors d’un Cercle spécial « 5 ans de MPE-Média », Alfred Rosales avait présenté à nos adhérents son point de vue sur les enjeux de l’énergie, des ressources naturelles et du recyclage global (Ph Archives MPE-Média)

Lorsque ce désaccord de projet minier intervient, Alfred Rosales choisit sa « Liberté » et il réinvestit en attendant mieux une start up créée en 2009 sur son temps libre et par ses soins, dédiée à l’énergie renouvelable, la société ROSAMON ENERGIA, dont il confiera la gestion par la suite à des jeunes ingénieurs sortis d’école, qui réaliseront des prototypes de valises solaires, de moyens de collecte d’eau au Sahel, plus récemment des audits d’efficacité énergétique.

 

Cofondateur de MPE-Média en avril 2011, associé bénévole depuis dix ans

Lorsque nous décidons ensemble de créer Matières premières énergies Média en avril 2011, pour développer une ligne éditoriale très transversale entre les marchés des matières premières et celles issues du recyclage et ceux des différentes énergies, Alfred Rosales devient l’un des quatre associés de ce nouveau média en ligne et du Cercle réunissant ses adhérents depuis septembre 2011 plusieurs fois l’année autour des métaux, des plastiques, des énergies, du recyclage. Il deviendra un soutien précieux pour l’amorçage de notre média, sans jamais en attendre un bénéfice personnel quelconque et participant à son animation sur le plan technologique et des marchés lors des réunions avec nos adhérents.

Ensemble, nous lui trouvons un nom, MPE-Média, pour allier les matières premières et les énergies, puis Alfred Rosales imagine le concept d’un indice « R comme Rosamon » des valeurs à terme construit à partir d’algorithmes, édité bénévolement et sans interruption ou presque depuis lors dans la lettre MPE-Média, indice dont la justesse s’est avérée totale au fil des dix années passées, graphique commenté sobrement et qu’il réalisait sur ses temps de congés « pour garder un pied dans les marchés », nous disait-il un sourire en coin.

Entretemps, Alfred Rosales continuait à visiter ses contacts industriels en Chine, aux États-Unis, en Europe, pour trouver de quoi développer son atelier alors basé à Poissy où il concevait des prototypes, jusqu’à une mini centrale hydroélectrique pour les rivières bretonnes qui aurait dû voir le jour à proximité de Brest si des questions règlementaires très locales ne s’y étaient opposées, à l’époque ou l’ex DCNS renonçait à ses propres projets d’hydroliennes dans l’Atlantique pour des motifs complexes à résumer, mais qu’Alfred Rosales suivait de près.

 

Des achats au Recyclage mondial au BTP et à SUPMECA

 

210511_ALFRED_ROSALES_02

Alfred Rosales (à gauche sur cette photo) participant à un colloque sur les métaux organisé par Dow Jones, aux côtés de Didier Pitot, consultant et de Christophe Journet (Ph SD archives MPE-Média)

Lorsqu’il remplace au pied levé à l’été 2012 le Directeur général de la Fédération française des industries du recyclage FEDEREC, sur proposition de Dominique MAGUIN, son Président d’honneur, cofondateur depuis de la Confédération des métiers de l’environnement (CME), Alfred Rosales va entamer un chantier d’envergure au sein d’une corporation « essentielle » pour tous, la pandémie en aura fait la preuve l’an dernier, se donnant sans compter pour soutenir les recycleurs français, les représenter en France et à l’étranger, garantir la bonne tenue d’une équipe qu’il aura su motiver plus de trois ans et demi durant.

Jusqu’à ce qu’une nouvelle divergence de vue avec l’avant-dernier président de cette organisation sur les demandes budgétaires d’un grand groupe de ce métier l’oblige à chercher une nouvelle activité, après un licenciement souvent décrié depuis par de nombreux professionnels, conscients des progrès obtenus tant sur le terrain que dans le cadre des échanges avec les ministères concernés et l’Agence de la transition écologique, l’ex ADEME. C’était bien avant le plan national climat et la loi anti-gaspillage et pour l’économie circulaire, dont Alfred Rosales portait une partie importante du message de par ses expériences minières et énergétiques antérieures. Éthique contre opportunisme, le combat est parfois inégal.

Audité en notre compagnie par la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale en 2013 Alfred Rosales dressait aux députés présents un tableau réaliste et sans concession du devenir de ces marchés des métaux et de l’énergie où la France déjà en pleine désindustrialisation ne voyait pas venir la poussée minière et industrielle fulgurante de la Chine ni les risques encourus par un désengagement du nucléaire, la moins carbonée des énergies disponibles :

« La vision française de l’énergie est marquée par plusieurs aspects. Notre économie s’est construite autour du nucléaire, sur une logique de grands contrats. Lorsque le groupe EDF a réalisé ses premiers barrages, il a été demandé aux grands industriels de venir consommer de manière massive des rubans d’énergie (MWh), ce qui permettait en même temps d’alimenter les communes des vallées de montagne, dont la consommation se caractérisait essentiellement par des pointes (dentelle). C’est ainsi que les industriels se sont installés dans la vallée de la Maurienne, sachant que la construction de grands barrages dépendait de la possibilité ou pas d’écouler de grandes quantités d’énergie », leur expliquait alors Alfred Rosales.

« Quand j’ai participé en 2005 aux tables rondes sur les électro-intensifs, j’ai constaté que le même mouvement s’était opéré pour l’industrie de l’aluminium. Les autorités avaient négocié avec EDF et Péchiney pour que l’on installe les deux tranches nucléaires complètes (invendues à l’Iran) à Gravelines (tranches 5 et 6), et c’est ainsi qu’Aluminium Dunkerque s’est installé à Gravelines. Ces opérations révèlent le lien quasi conjugal – et fondamental pour le développement durable d’un pays – qui unit la production d’énergie et la présence des grands industriels sur le territoire français », poursuivait-il. Fait « oublié » depuis.

 

Chercheur sur l'hydrogène pour les motos, élu local en Ile-de-France 

Lorsqu’il se retrouve de nouveau en quête d’un vrai projet, il repart travailler pour un groupe italien de BTP globalisé en Italie puis en Islande et au Luxembourg, mais la crise qui frappe le secteur à l’époque vient stopper une partie des grands projets sur lesquels il oeuvrait. Il en profite pour travailler sur l’équipement d’une moto de grosse cylindrée à l’hydrogène, fait un test entre Paris et Munich pour étudier les impacts d’un mix 60% H2 – 40% essence sur le carburateur et le moteur, il s’engage dans une course de motocycles à travers le Sahara qu’il terminera malgré une chute à mi-parcours, il réinvestit l’Alumni de SUPMECA dont les dirigeants apprécient son dynamisme et son engagement auprès des jeunes futurs ingénieurs.

Alfred Rosales nous confiait voici à peine un ou deux mois qu’il se sentait vraiment bien, « heureux » dans son nouveau poste de responsable des relations industrielles de l’école supérieure de la mécanique SUPMECA de Saint-Ouen, à présent rattachée au pôle ISAE des grandes écoles d’ingéniérie, en contact étroit avec les entrepreneurs et les étudiants stagiaires, malgré la contrainte sanitaire l’obligeant à moins de « présentiel » qu’en temps normal et à d’autant plus de précautions qu’il se savait fragile question santé, ce que le Covid-19 a rendu fatal, malgré tout son amour de la vie et des activités qui l’ont occupé, à 100% de ses capacités et de son temps personnel et professionnel.

Alfred Rosales a aussi été adjoint au Maire en charge de l’environnement d’Aigremont, sa commune dans les Yvelines, jusqu’au dernier mandat finissant en 2020. Il avait obtenu l’an dernier un diplôme de médecine chinoise, un autre de ses nombreux centres d’intérêt sur ses congés, avec la pratique du golf.

Toutes nos pensées très amicales vont vers les proches d'Alfred et leurs familles . Adieu cher Alfred. 

 

210511_ALFRED_ROSALES

 

Christophe JOURNET

Rédacteur en chef, associé cofondateur de MPE-Média

avec Alfred Rosales, Claude Lenoir, Anne Journet, nos associés pour créer MPE-Média

 

210511_ALFRED_ROSALES_LOGO

BANNIÈRE_2020

BANNIERE_ENGLISH_2015

Retour vers le haut

Mis à jour (Mercredi, 12 Mai 2021 21:56)