PARIS/BRUXELLES/VISIO (MPE-Média) – La 3ème et dernière journée de la Convention virtuelle 2021 du Bureau international du recyclage (BIR) réunissait ce 2 juin les dirigeants des divisions et comités plastiques, pneus, textiles, métaux non ferreux, papier, qui analysent leurs marchés encore très impactés par la pandémie. Détails.

210602_BIR_01

GD/HB : Eelco Smit (Philips), Henk Alssema (BIR), Max Craipeau (Greencore R Ltd), Theo van Ravestey (RPH – MSC), Sally Houghton (Plastics recycling corp. Calif.), Steve Wong (association chinoise des plastiques durables)

 

Présidée par Henk Alssema, la session du comité des plastiques du BIR réunit en ligne des acteurs référents du secteur, Max Craipeau, Ceo de Greencore resources Ltd, Sally Houghton, directrice adjointe de la corporation des plastiques de Californie, Steve Wong, président de l’association chinoise des plastiques durables, Eelco Smit, directeur durabilité chez Philips, Theo van Ravesteyn, dirigeant logistique fret chez RotterdamPolymerHub – MSC.

Notant de nouveau la question de l’inadéquation entre l’offre et la demande de plastiques recyclés pour répondre à des taux d’incorporation de matières recyclées en production primaire, Henk Alssema a présenté le directeur de la durabilité/sustainability chez Philips, le néerlandais Eelco Smit venu présenter la stratégie économie circulaire de son groupe.

 

210602_BIR_02

Différentes catégories de revenus "circulaires" (Capture d’écran MPE-Média)

 

« Nos actionnaires demandent de plus en plus ces mesures positives, les clients nous demandent de les aider dans ce challenge, les consommateurs attendent de nous cette responsabilité », explique Eelco Smit, détaillant les mesures prises par Philips pour fermer la boucle : 25% de produits circulaires, zéro enfouissement de déchets, 7 600 tonnes de recyclés dans ses produits à l’horizon 2025. Eelco Smit parle de 25% de « revenus circulaires » et non plus seulement d’économie circulaire, présentant les différentes actions engagées par le fabricant de produits de grande consommation pour changer de modèle d’affaires : pièces en rPP sur des aspirateurs, insertion de 75% de rPlastiques dans les nouvelles cafetières électriques, écodesign facilitant la réparation des produits high tech et leur recyclage, par exemple.

Eelco Smit précise aussi que sa firme agit pour développer l’usage de rPET dans le secteur médical, pour accélérer l’insertion de recyclés dans des produits utilisés dans les hôpitaux.

Pour la californienne Sally Houghton, qui dit se trouver dans une situation enviable sur le plan du recyclage des plastiques, différente de ce qui se passe dans d’autres états américains, tout dépend des législateurs et de la prise de conscience qu’ils ont ou pas de la nécessité de prendre des décisions pour développer le recyclage. Sally Houghton voit les prix du plastique vierge se stabiliser et redevenir plus favorables aux recyclés. Mais elle note une déconnection de prix entre l’offre de rPET pour les producteurs de bouteilles en plastiques et celle pour le thermoformage.

 

Rééquilibrage en cours en Chine entre offre et demande

 

Pour Steve Wong, depuis la Chine, où les plastiques à recycler ont été frappés d’interdiction d’importations, le rééquilibrage entre l’offre et la demande de granulés recyclés n’est pas encore fini : « nous connaissons un manque de matière à recycler ces temps-ci y compris pour le PET, ce qui n’est pas le cas des industriels de l’acier qui peuvent encore importer des ferrailles de haute qualité ».

Autre sujet abordé par Theo van Ravesteyn, le prix et la disponibilité des containers pour exporter les déchets de plastiques vers d’autres pays : « Il m’est arrivé de réserver des containers à moins de 100 euros/tonne mais à présent trois compagnies chinoises tiennent le marché et imposent leurs prix (…) les petits cargos en sont les victimes ».

 

210602_BIR_03

Cette année le Comité pneus et caoutchouc du BIR animé par Max Craipeau (Greencore Resources Ltd) s’est intéressé aux avantages et inconvénients des différentes sortes de scrap de caoutchouc naturel ou synthétique ainsi qu’aux volumes et aux prix sur les marchés post-pandémie, sur fond d’un intérêt croissant des grandes firmes productrices de pneus pour l’insertion de caoutchouc recyclé dans leurs matières vierges (Capture d’écran MPE-Média)

 

Textiles : Une année plutôt stable en volumes

La division textiles du BIR présidée par Martin Böschen (Texaid TextilverwertungsAG) et ses cinq intervenants ont mis l’accent sur la nécessité d’un meilleur soutien aux métiers du recyclage, de la réutilisation des textiles en fin de vie ou simplement remis dans la boucle d’usage. Pour Emile Bruls, consultant chez Rijkswaterstaat (Pays-Bas), une directive européenne clarifiant les catégories et les règles de marché circulaire du secteur pourrait booster ces pratiques et permettre d’augmenter les volumes traités et d’améliorer la rentabilité du secteur. Martin Böschen note que la demande globale reste stable y compris en Afrique mais que les prix du fret peuvent poser problème pour les cargaisons de moindre valeur marchande.

 

BIR/Métaux non ferreux et leurs marchés

 

PARIS/BRUXELLES (MPE-Média) – Ouverte par son président David Chiao, Ceo d’Uni-All Group, la session de la division des métaux non ferreux du Bureau International du recyclage donnait la parole à cinq experts indien, européen, malaisien, chinois à propos de ces marchés post pandémie.

 

210602_BIR_05

Jessie Yen (Sté Fincumet) a expliqué à la convention du BIR son activité de femme active dans le négoce de métaux non ferreux recyclés (capture d’écran MPE-Média)

 

210602_BIR_06

GD : Murat Bayram (EMR), Paul Coyte (Hayes Metal), Eric Tan (Malaisie), Dhawal Shah (Inde/capture d’écran MPE-Média)

 

Ouvrant les présentations du jour animées par Paul Coyte (Hayes Metal), le président de l’association du recyclage des métaux de Malaisie Eric Tan a expliqué -en parlant filmé debout - comment les acteurs de son pays ont travaillé pour développer la ressource en métaux issus du recyclage depuis déjà longtemps, distinguant différentes approches, celles de l’OCDE, celles des « perfectionnistes » malheureusement irréalistes et source de problèmes, que les politiques malais ont écarté en éditant des guides de bonne conduite pour leurs importations de déchets de métaux non ferreux.

 

210602_BIR_07

Proposition aux législateurs en Malaisie (capture d’écran MPE-Média)

210602_BIR_08

210602_BIR_09

Eric Tan (en bas à droite) présentant les déchets que la Malaisie ne devrait plus importer (Captures d’écran MPE-Média)

 

Des tableaux précis décrivant les qualités de scraps autorisés tant pour le cuivre, que pour l’aluminium et d’autres métaux ont été édités en février 2021 à l’intention du marché, poursuit Eric Tan, qui cite l’initiative de la Norvège proposant à la convention de Bâle un mode de règlement des litiges sur les déchets plastiques applicable aux autres matériaux à recycler.

 

210602_BIR_04

GD : Dhawal Shah (Metco Marketing, Inde), Paul Coyte, modérateur (Hayes Metal)

 

Pour Dhawal Shah (Metco Marketing, Inde), dont le propos reste très marqué par les impacts de la pandémie dans son pays, provoquant une hausse des prix rendant ses activités de négoce difficiles, les progrès de la vaccination sont indispensables avant de sortir de cette situation critique : « Une des clés réside dans le programme de transition automobile indien qui va booster le recyclage des véhicules en fin de vie et créer de la valeur pour le recyclage et les recycleurs de métaux ». Dhawal Shah espère aussi que les échanges continueront à se développer entre l’Inde et l’Europe.

210602_BIR_11

La situation des marchés des non ferreux dans les pays de l’Est européen présentée par Natalia Zholud (photo, trader chez TMR Group) semble aussi encore bien impactée par la queue de pandémie, avec des situations locales plus marquées en Pologne et dans les pays où la vaccination est lente à se mettre en place (capture d’écran MPE-Média)

 

Pour Murat Bayram (EMR GmbH), les nouvelles règles chinoises réduisant toujours assez drastiquement les exportations de déchets de non ferreux vers ce grand pays demeurent un problème de marché amplifié par la pandémie. Mais les correctifs apportés en fin de 2020 pour laisser entrer davantage de bronze, de cuivre et d’aluminium secondaire permettent une légère hausse de la demande pour des scraps de haute qualité ; mon tout ayant exercé une pression haussière sur les prix des volumes à recycler.

 

C.J.

BANNIÈRE_2020

BIR : Les marchés des papiers à recycler

 

PARIS/BRUXELLES (MPE-Média) – La convention de printemps du Bureau international du recyclage s’est achevée ce 2 juin par les présentations de la Division papier-carton que préside Jean-Luc Petithuguenin, Président du groupe français PAPREC.

210602_BIR_12

Le Pdt de la division papier du BIR et PDG de PAPREC Jean-Luc Petithuguenin ouvrant la session papier du BIR 2021 (capture d’écran MPE-Média)

 

Ouverte par le PDG de PAPREC Jean-Luc Petithuguenin, en compagnie de Julia Blees, en charge des politiques publiques pour EuRic (confédération européenne des industries du recyclage), de Sébastien Ricard, en charge des affaires publiques du groupe PAPREC et de Ranjit Singh Baxi, pas président du BIR, fondateur de la journée mondiale du recyclage, Directeur de International Recycling Ltd, la session 2021 de la division Papier du BIR a permis d’éclairer des marchés « dans une situation particulière marquée par une baisse des volumes, des prix, suite à la pandémie », explique le Pdt de la Division.

 

210602_BIR_13

Julia Blees (EuRic, en bas à droite de l'image) plaide pour une révision de la règlementation européenne sur les cargaisons de fret maritime qui freine les échanges cette année (capture d’écran MPE-Média)

 

Pour Julia Blees (EuRic), le Green Deal européen publié en décembre 2019 se voulait le signe d’un changement d’ère aussi important que les premiers pas de l’homme sur la lune. Un « tsunami règlementaire » en cours à présent, lancé par « la commission la plus verte qu’ on ait jamais vu, avec un plan d’action économie circulaire et des priorités d’objectifs en ligne avec celles d’EuRic ».

Ces priorités incluent celles pour le secteur de de l’emballage, mais doivent encore être améliorées pour les matières issues du recyclage incluant le papier recyclé, malgré un standard de qualité harmonisé par la directive EN 643 posant encore problème sur le plan du statut de ces déchets au regard de la directive sur la fin de l’ère de déchet voté voici plus de dix ans : « Créer un marché qui fonctionne bien pour les matières issues du recyclage suppose de régler ces divergences de vue, ainsi que la révision des règles sur les cargaisons de déchets, pour lutter contre les cargaisons illégales vers d’autres régions du monde », explique Julia Blees.

Les restrictions des exportations imposées par la Commission dans le cadre du Green Deal et à cause des mesures chinoises des dernières années ont créé un excédent de volumes de papiers à recycler en Europe. EuRic tente actuellement de discuter de ces questions avec les directions de la Commission européenne concernées.

 

210602_BIR_14

Ranjit Baxi, figure majeure du recyclage mondial et expert du domaine du papier à recycler (capture d’écran MPE-Média)

 

Ranjit Baxi, fondateur de la journée mondiale du recyclage et expert mondial du papier, explique que « ce que nous devons comprendre après cette crise du Covid c’est qu’en 2022, il manquera encore d’importants volumes de matières à recycler sur le marché, pour répondre à la demande d’autres régions du monde qui n’ont pas encore développé leurs collectes. La question est donc de savoir comment les industriels du recyclage vont pouvoir se procurer des volumes pour produire en quantité et à prix coutant de quoi répondre à la demande ».

Ranjit Baxi insiste sur le fait que le vrai problème n’est pas règlementaire mais pratique, de savoir comment fournir les volumes ad hoc, de toutes sortes de grades, pas seulement provenant de l’emballage en fin de vie : « Le Covid a affecté l’ensemble des filières, particulièrement en Inde où on ne sait pas s’i n’y aura pas un nouveau confinement général (…) Le marché devrait s’ouvrir davantage après la pandémie, le fret maritime retrouver un équilibre, après des prix exorbitants et une réduction de l’offre qui posent problème en terme de capacités aussi», continue-t-il. Il ajoute que le bas prix de la pulpe de papier freine aussi la demande en rPapier et la décarbonation pour le climat : « Si l’Europe ne peut pas réutiliser ses propres volumes ni exporter alors que les collectes s’améliorent dans les anciens pays d’exportations, le prix du papier à recycler risque de tomber très bas. Il faut donc que les législateurs européens se penchent sur cette question ».

Question d’harmonisation des marchés, note un délégué espagnol du BIR, mais aussi question cruciale liée à la réalité de la reprise globale encore hésitante dans ce secteur tant à l’échelle européenne que mondiale.

 

210602_BIR_15

GD : Dominique Maguin, ex Pdt de FEDEREC et de la CME, Sébastien Ricard, modérateur et chargé de mission du Pdt de PAPREC (capture d’écran MPE-Média)

 

« Je ne vois pas pourquoi l’Europe se permettrait de stopper les exportations de fibre à recycler ou recyclée, ce qui est contre-productif ; nous allons avoir plus de 4 millions de tonnes d’excédent de fibres en Europe où personne n’en a besoin, car les usines de papier européenne ont déjà bien assez de papier », réagit Dominique Maguin, ex Président du BIR, qui a posé la notion de fin de l’ère de déchet à Bruxelles voici plus de dix ans, lorsqu’il présidait le BIR.

« À mon avis, nous devons travailler de nouveau sur la fin du statut de déchet, arrêter d’utiliser le terme de déchet alors que nous produisons une matière première issue du recyclage utile dans le monde entier : si c’est un déchet, cela n’a plus de valeur, si c’est un produit, cela garde toute sa valeur. C’est ce que la Commission européenne doit réfléchir tout en développant les industries capables d’utiliser cet excédent produit en Europe », résume Dominique Maguin.

 

L’Allemagne fait-elle jeu à part pour recycler le papier?


En conclusion, Dominique Maguin demande à ses pairs s’il est normal que l’Allemagne ait réussi à tirer les marrons du feu du recyclage du papier et à faire de l’argent en important le papier des autres pays d’Europe, au moment où la présidente allemande de la Commission européenne Ursula von der Leyen tente d’interdire aux recycleurs d’exporter leurs excédents vers d’autres régions du monde. Question sensible certes, mais qui mérite d’être posée dès que possible et au plus haut niveau à Paris comme à Bruxelles. Ce que confirme le constat exprimé peu après par Sébastien Ricard sur les dangers de « la volatilité du marché », entre confinements, baisse des taux de collecte, de la demande des consommateurs, à quoi s’ajoute récemment la réduction des importations par la Turquie après celle de la Chine. Pour le second semestre de 2021, où une forte reprise est attendue, Sébastien Ricard pense que le prix du fret et le peu de capacités disponibles en mer peut encore poser problème. « Nous devons rester prudent, en tout état de cause ».

 

LOGO_BIR_2012

Christophe JOURNET

Rédacteur en chef de MPE-Média

 

À suivre dans notre prochaine lettre MPE-Média en juillet

 

Voir aussi via https://www.bir.org

Bannière_PAPREC_MPE_780 x 90

210601_BIR_10

BANNIERE_ENGLISH_2015

BANNIÈRE_2020

Retour vers le haut

Mis à jour (Mercredi, 02 Juin 2021 17:45)