PARIS (MPE-Média) – L’édition 2020 du rapport Cyclope, 34ème du genre dédié aux marchés mondiaux des matières premières a été publiée le 9 juin, ainsi qu’une étude consacrée à la crise de 2020 et ses impacts. Le rapport est intitulé "les effets du mauvais gouvernement" en clin d'oeil à une fresque italienne du XIVème siècle. Détails.

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Philippe Chalmin et Yves Jégourel (à droite) présentant le rapport Cyclope 2020 en ligne (capture d’écran MPE-Média)

 

Le sous-titre de cette nouvelle édition de Cyclope, « Les effets du mauvais gouvernement » directement inspiré par la crise du Covid et par une fresque d’Ambrogio Lorenzetti à Sienne au XIVème siècle, fait référence à la tyrannie illustrée par cette fresque et à la montée des populismes dans l’Italie de cette époque.

Au début janvier 2020, l’équipe de Cyclope anticipait « la poursuite d’un lent déclin » provoqué par des conflits entre les Etats-Unis, l’Iran, la Chine, imaginant une année sans récession aux USA, une Chine sans incident majeur, « une sorte de paix des braves entre ces deux pays », personne ne pouvait imaginer ce qui allait se passer avec ce Covid-19, autrement nommé Coronavirus.

Avec 6 points de croissance en moins dans les prévisions du Fonds Monétaire International, tout a changé depuis, note le Professeur Philippe Chalmin qui anticipe à présent comme première hypothèse que « cette crise de 2020 peut avoir le même impact que 1929 et la crise des années soixante-dix, dont la première étincelle fut le premier choc pétrolier de 1973, la crise sanitaire en cours déclenchant un nouveau choc pouvant amener dans une impasse. C’est peut-être cela que la crise en cours est en train de nous montrer. Je ne me fais pas d’illusion sur le monde d’après, mais je pense que cela peut modifier la place de la Chine dans le monde et dans le temps long », explique-t-il.

« À côté de la crise économique provoquée par la crise sanitaire, nous avons eu un choc de demande sur les marchés qui nous intéressent. Il faut rajouter autre chose, un contre-choc énergétique. Lorsque le torchon brûle au début mars entre la Russie et l’Arabie Saoudite, nous allons voir le marché du pétrole où son prix chute en prix négatif. Le prix est remonté depuis à 42$/baril. Nous nous retrouvons sur un cycle connu à peu près tous les vingt ans avec un choc qui provoque des mouvements de marché avec des baisses plutôt réduites globalement pour le prix des métaux, une baisse du prix du gaz, quelques tensions sur des marchés comme le riz ou le blé, donc quelque part la crise n’a pas eu d’impact si important que cela si ce n’est d’avoir mis en évidence les fragilités des uns, les contradictions des autres », poursuit le Professeur Chalmin.

 

« Une période de profond désarroi »

 

Prenant la parole à son tour, Yves Jégourel évoque quant à lui « une période de profond désarroi marqué par un choc de la demande mais aussi par un choc de l’offre, moins important. Les gagnants, le palladium, l’or, quelques métaux non ferreux, ce qui sera sans doute un des impacts importants en 2020. Le cuivre qui a perdu jusqu’à 25% de sa valeur est remoté à -9%. L’aluminium (-19%) et le platine ont des fondamentaux mauvais depuis plusieurs années », explique l’adjoint du Président fondateur de Cyclope.

 

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(Source Cyclope 2020)

Le nickel est selon lui dans une situation relativement favorable avec une demande liée aux batteries électriques. Yves Jégourel anticipe une guerre des prix pour l’aluminium avec la hausse des exportations de Bahrain en 2020.

Pour le minerai de fer, on est resté sur des facteurs au-delà de la crise sanitaire, avec des évènements climatiques, une disruption grave au Brésil, mais pas de chute grave dans la période.

Yves Jégourel voit comme éléments structurants le facteur environnemental, avec une incitation à plus de frugalité, l’ouverture des marchés à terme chinois, avec plus de contrats spots, et « une sorte de décommoditisation de certaines matières », pour les aciers, les engrais et peut-être d’autres matières.

En conclusion, Philippe Chalmin souligne la hausse du minerai de fer au-dessus de 100$/tonne, l’interrogation majeure que pose la Chine et sa position sur les marchés globaux, la « décommoditisation » pour certaines matières aussi.

 

Christophe JOURNET

Rédacteur en chef de MPE-Média

 

CYCLOPE 2020, 867p., 139€ - Publié par les Editions Economica - Voir via :

 

https://www.economica.fr/index.cfm


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Mis à jour (Mardi, 28 Juillet 2020 15:00)