VARSOVIE (MPE-Média) – Si les nouvelles du front US des ferrailles semblent s’améliorer tant sur le plan des prix que des volumes disponibles, il n’en est pas encore de même en Europe où les volumes font défaut et les prix ont tardé à remonter en 2013. Du coup, la volonté de l’UE de monitorer les scraps pourrait nuire davantage au secteur que l’aider. Démonstration par les experts du secteur.

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La division acier du BIR réunit le plus de délégués dans le monde entier (ph CJ MPE-Média)

Plusieurs facteurs contribuent à ce courant d’incertitude souligné d’entrée de jeu lors de l’ouverture par le Pdt mondial du BIR Bjorn Grufman. Une inquiétude relayée magistralement par le porte-parole des membres européens du BIR Tom Bird, Pdt de la Fédération européenne des collecteurs et recycleurs d’acier (EFR), qui souligne au passage l’impact de la dette américaine sur le secteur.

« Les prix ne sont remontés qu’au cours des dernières semaines d’à peine quelques dollars ou euros/tonne, alors que les volumes ont fondu de près de 50% en 2013 », explique Tom Bird, intervenant après un exposé plus optimiste de la situation nord-américaine par M. Blake Kelley (SIMS Metal Man. Ltd).

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A gauche, Blake Kelley exposant la situation aux Etats-Unis et dans la zone Pacifique (ph CJ MPE-Média)

Le bilan très attendu sur les données du premier semestre des flux de scraps d’acier dans le monde du conseiller en statistique du BIR, l’allemand Rolf Willeke, confirme des modifications sensibles des pratiques : « la Russie a réduit ses exportations, l’Afrique du sud aussi, la Turquie a fortement réduit ses achats au S1 », note M. Willeke.

« Ces données renforçent l’idée du besoin qui est le nôtre d’un marché mondial libre et bien organisé », a déclaré le conseiller en statistique du BIR.

L'acier mondial vu depuis la Turquie

En écho, le Secrétaire général de l’Association des producteurs d’acier turcs M. Veysel Yayan a repris méthodiquement les données disponibles en matière de production primaire d’acier (filière fonte, filière électrique) dans le monde depuis 2007 jusqu’en 2012 pour mieux évaluer les évolutions en cours en Europe, qui représentait l’an dernier entre 10,5 et 10,9% de la production mondiale totale.

La production mensuelle d’acier turque a décliné légèrement en 2013 et devrait être inférieure de plus de 5% à celle de 2012, tandis que le taux d’utilisation des capacités de production des aciéries turques a baissé cette année à près de 70% contre plus de 80% dans les meilleures années récentes.

La Turquie reste toutefois la première destination des ferrailles européennes et américaines, même si M. Yayan insiste aussi sur le fait que les marchés à l’export sont affectés négativement par un protectionnisme ambiant qui va croissant.

En point d’orgue de ce tour du monde des ferrailles, le consultant globalisé Marcel Genet (Laplace Conseil) a présenté les impacts possibles des volontés de la Commission européenne de contrôler les exportations de ferrailles européennes : « L’UE des 28 et les Etats-Unis sont assis sur une vraie mine de scrap de plus de 2,5 milliard de tonnes potentielles dans le futur », a expliqué M.. Genet.

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Marcel Genet, PDG de Laplace-Conseil (ph CJ MPE-Média)

Chiffres à l’écran, indiquant notamment les parts respectives des importations et des exportations de ferrailles depuis l’Europe vers le bassin méditerranéen, plus porté à l’usage de ferrailles pour produire des aciers longs que le nord de l’Europe traditionnellement plus producteur de produits plats en acier.

« J’ai découvert en faisant cette étude que le secteur des ferrailles emploie à présent plus de monde que la production intégrée. Développer ces activités augmente davantage les emplois que soutenir les anciens hauts-fourneaux. De plus, la balance commerciale est positive de 11 Milliards d’euros tandis que celle de la filière fonte est actuellement négative de 19 milliards d’euros », ajoute le PDG de Laplace-Conseil.

 

Le recyclage présente un réel avantage sur la filière fonte

Enfin, M. Genet a ajouté que la production d’acier électrique à partir de ferrailles produit nettement moins de CO2 que la production par la filière fonte et consomme moins d’énergie à l’aide de moins de capitaux : « d’un point de vue macro-économique, le recyclage et le réemploi de ferrailles pour fabriquer des produits en acier présente donc un réel avantage. »

Paradoxe : « le secteur du recyclage des ferrailles est celui qui est le plus pointé et affecté par la fiscalité européenne alors qu’il est celui qui répond le mieux à des critères de durabilité, de profitabilité et d’employabilité, Il produit le moins d’émissions de gaz à effet de serre mais paye le plus de taxes dans l’Union », souligne Marcel Genet, qui estime que l’installation de nouvelles barrières douanières à l’exportation des ferraillles européennes risquerait de faire perdre près de 18% de ses revenus au secteur.

Et d’ajouter que « les recycleurs et les producteurs d’acier électrique devraient créer une alliance plus forte pour défendre leurs intérêts communs. Ils devraient parler avec la Commission européenne pour réorienter le débat et éviter que des mesures contreproductives ne voient le jour dans un avenir proche ».

 

Christophe Journet

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NDLR – MPE-Média remercie PAPREC Group, leader européen du recyclage, pour le soutien accordé en tant que sponsor média à l’occasion de cette Convention du BIR à Varsovie 2013.

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Voir aussi sur :

www.bir.org

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