CARACAS (MPE-Média) - Nationalisée en 2008 par feu Hugo Chavez, l’aciérie SIDOR de Puerto Ordaz (Venezuela) connaît un mouvement de grève d’une partie de ses employés depuis plus de deux mois. Leurs délégués demandent à l’Etat vénézuélien de remettre technologiquement à niveau le site intégré de production d’acier brut de la région du Bolivar et d’augmenter sa production. Le Pdt Maduros et le PDG de la SIDOR Socialista viennent de leur annoncer des investissements qualifiés d'importants. Détails et retour sur l'histoire.

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Premiers meetings syndicaux en octobre dernier (Ph SD libresameriques.blogspot.fr)

L’aciérie de SIDOR vit un conflit social depuis d-près de 8 semaines mais le site internet de SIDOR continuait de promouvoir le 4 décembre dernier les investissements étatiques récents consentis par le successeur de Chavez à la tête de l’Etat bolivien Nicolas Maduro pour développer l’autonomie en énergie de l’aciérie et rénover l’outil de travail. Sans doute est-ce de bonne guerre, mais les faits sont têtus.

Aucun communiqué de la direction ne figure pour rendre compte explicitement du mouvement social en cours - comme le font les groupes miniers  anglo-sud-africains et certains groupes européens en cas de conflit social sérieux NDLR - ou donner les réponses de la direction du site bolivien de production d’acier aux questions des délégués du personnel, comme c’est parfois le cas en pareille situation. « Ce n’est pas nous qui ruinons l’entreprise, ce sont ses administrateurs », expliquait récemment Cruz Hernandez, délégué du Syndicat unique des travailleurs de l’industrie sidérurgique et similaires à une consoeur du Monde. Contactée par nos soins, la SIDOR n'a pas répondu à nos questions sur la crise sociale en cours dans son périmètre.

Une production très diversifiée

Ce syndicat rappelle que l’usine située à plus de 600 kms de Caracas a produit jusqu’à plus de 4 millions de tonnes d’acier brut avant sa nationalisation en 2008 et risque de ne pas dépasser le million et demi de tonnes en 2013. Le site intéré de Puerto Ordaz produit et vend actuellement – y compris en ligne via un service intranet - des brames, des lingots, des billettes et des plaques en acier, des produits en acier plats au carbone laminés à chaud et à froid, des aciers revêtus, électrozingués ou chromés, des produits longs, des fils machine, des aciers électriques mais aussi de l’oxygène liquide, du nitrogène liquide et « divers matériels industriels ».

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A la une du site internet de la "SIDOR Socialista" (ph SD SIDOR)

Soixante ans d’histoire industrielle au Vénézuela

Construite au début des années 50 par le gouvernement de l’époque puis rebaptisée dix ans plus tard, sous le nom de CVG Sidérurgie de l’Orénoque CA (SIDOR), l’aciérie de Puerto Ordaz (Bolivar) avait été privatisée en 1997 par le Pdt vénézuélien Rafael Caldera puis vendue à Techint, un groupe argentin qui avait rationalisé la production et réduit l’effectif du site de près de 10.000 salariés, à l’opposé de ce que fit ensuite Hugo Chavez après le rachat du groupe SIDOR pour à peine moins de 2 milliards de dollars de l’époque.

SIDOR comprenait alors l’aciérie de Puerto Ordaz et des usines nationalisées en 2008 par Hugo Chavez dans la foulée de l’acérie, produisant des briquettes de minerai de fer et des plaques d’acier, de façon à intégrer verticalement le groupe comme voulait le faire Techint peu avant en réduisant les salaires des ouvriers des briquetteries pour « anticiper une crise mondiale imminente », souligne une source militante sud-américaine.

Très vite, la direction étatique de l’aciérie triple les salaires, augmente de nouveau le nombre des sidérurgistes, notamment en embauchant en direct des personnels de sociétés sous-traitantes à l’époque de Techint.

Mais cela ne suffit pas aux travailleurs syndiqués de Puerto Ordaz qui réclament la cogestion « ouvrière » du site intégré et demandent au Ministre du travail vénézuelien concerné que la production passe de 4Mt à près de 15Mt l’an, soit exactement l’opposé de ce qui s’est passé depuis dans la réalité.

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Chargement de plaques d'acier au port d'Ordaz (Ph SD Sidor Socialista)

Ultime appel de Maduros et du PDG de SIDOR aux salariés

Mercredi dernier, le gouvernement révolutionnaire de Nicolas Maduros faisait savoir aux salariés de la SIDOR que des investissements importants étaient programmés pour étoffer l’outil industriel, créer des centrales électriques intégrées au site et développer la flotte logistique de l’aciérie.

Le Président de l’aciérie Javier Sarmiento Marquez ajoutait de son côté que 314 millions de dollars allaient être engagés pour améliorer la productivité de Puerto Ordaz, quelques jours après des rumeurs insistantes de coup d’état à La Paz.

« Ainsi, il est évident que l’Etat vénézuélien et le Ministère de l’Industrie et des Métiers du Pouvoir Populaire vénézuélien soutiennent le renforcement de la productivité de la première aciérie du pays, garantissant l’avenir de la filière des transformateurs et offrant du même coup au peuple le plus de bonheur possible », ajoute M. Sarmiento Marquez.

 

Jo Gatsby

Voir aussi sur :

www.sidor.com

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TARIFS_2013

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