PARIS (MPE-Média) - Répondant à l'une des sept ambitions stratégiques (le stockage de l'énergie) de la Commission innovation 2030 présidée par Anne Lauvergeon, Idex a été retenu dans le cadre du Concours Mondial d'Innovation. Son projet de R&D, présenté en partenariat avec le CEA-Liten et baptisé SETI (Stockage d'Energie Thermique Intelligent) va ainsi bénéficier d'une aide de 200.000€ dans le cadre de sa phase d'amorçage. Cette première étape permettra notamment de réaliser l'avant-projet détaillé du SETI. Entretien avec Frédéric Viet, Directeur Général d'Idex.

Quelle est l’histoire d’Idex?

Frédéric Viet - Idex est une ETI française qui compte 3.600 personnes et qui dégage un CA de 700 M€. Notre ambition est d’être l’un des leaders indépendants de la transition énergétique en France. Idex a été créé par une famille voici près de 50 ans, qui appartient à présent à un fonds infrastructure françaisspécialisé en développement des infrastructures locales pour l’énergie et l’environnement, CUB Infrastructures, un fonds français. Nos métiers sont ceux de l’efficience énergétique avec deux grands axes.

 

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Quels sont ces axes ?

FV - Le premier, les énergies des territoires, le second, l’efficacité énergétique du bâtiment. Le travail sur les énergies des territoires consiste à savoir valoriser l’ensemble des énergies locales et renouvelables mobilisables dans ces territoires comme le bois, la biomasse, la géothermie, la chaleur fatale résultant de la valorisation des déchets, des datas centers, la récupération de toutes les énergies non valorisées pour les utiliser dans les besoins de chaleur des villes, des collectivités, en les récupérant, en installant des systèmes de valorisation énergétique des déchets, de méthanisation, beaucoup de réseaux urbains de chaleur et de froid. Côté bâtiment, il s’agit de développer l’efficacité énergétique des bâtiments et de faire du facility management, de la gestion globale des bâtiments pour optimiser leur efficacité énergétique, de fonctionnement et le confort des usagers. Nous gérons près de 15.000 bâtiments publics, privés, des usines, etc. Nous avons créé une centaine d’agences en France, proche des territoires.

 

Quelle serait selon vous la spécificité d’Idex ?

FV – Idex a toujours eu l’innovation dans son ADN. Nous ne sommes pas attachés à une énergie particulière, un levier d’efficacité énergétique particulier. Nous nous attachons à la maîtrise de l’ensemble des questions. Idex a été à l’origine de la première éolienne française voici une vingtaine d’années, au début des années quatre-vingt-dix, à Port-la-Nouvelle (Aude), puis a été un pionnier de la méthanisation de déchets ménagers à Amiens (Somme), également au début des années 90. Idex a créé des installations d’une technicité importante, qu’elle conçoit, en supervisant la construction, pour les faire fonctionner et les exploiter sur des longues durées en en garantissant les résultats sur le plan des coûts, des performances énergétiques. Idex gère trois unités de méthanisation actuellement, plus une cinquantaine de réseaux de chaleur et de froid, depuis des villes moyennes de toutes tailles jusqu’à celui de la Défense. Ces projets vont nous permettre de tester des prototypes dans des conditions normales, proches du besoin réel.

 

Qu’avez-vous présenté à la Commission Innovation ?

FV – Nous avons présenté un projet nommé « stockage d’énergie thermique intelligent », SETI, dont le préambule est que l’énergie pour la consommation dans les bâtiments est le premier poste de conso d’énergie en France. On résume trop souvent le débat énergie à l’électricité, alors que le sujet du chauffage est un sujet énorme dont on parle peu. La chaleur se stocke mal et se transporte très mal. Compte tenu des variations de consommation, de température d’une journée sur l’autre, les systèmes de chauffage ont à gérer des pointes qui posent parfois problème. Une chaudière bois ne peut pas gérer des pointes. Les pointes sont gérées par des énergies fossiles d’appoint au gaz, au fuel, à l’électricité. Etre capable de stocker de la chaleur de façon performante libérerait des quantités importantes d’énergie renouvelable. L’économie du chauffage est une question clé.

Le 2e gros sujet est celui de la compacité, de pouvoir stocker une grande quantité d’énergie dans un volume donné et forcément limité, au sein des bâtiments ou au cœur de la ville. Notre projet est basé sur plusieurs ruptures technologiques, dont un modèle de stockage avec des matériaux à changement de phase, plus performant que les solutions traditionnelles d’hydroaccumulation, dans lesquelles on va par exemple imaginer qu’on a un ballon d’eau chaude et chauffer l’eau à 95°. Quand on veut puiser dans ce stock, on peut imaginer un échangeur qui fait baisser la température à 50°. Le delta de température n’est alors que de quelques dizaines de degrés, ce qui n’est pas efficace en terme de capacité de stockage.

 

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Rappelez-nous le principe du changement de phase des matériaux.

FV - Le changement de phase utilise le changement d’état des matériaux, par exemple faire fondre de la glace. L’enjeu est de mettre au point ce système avec des matériaux dont le changement de phase a lieu aux températures de fonctionnement des systèmes de chauffage, soit entre 40 et 90°C (alors que ces technologies ne sont au point pour l’instant qu’à des niveaux de température élevés, à plus de 300°C), en faisant des recherches particulières sur des parafines ou des acides gras, en intégrant des dispositifs de stockage de ces matières dans un réseau qui comprendra des unités de production de chaleur. Il y aura une ou plusieurs unités, afin de pouvoir optimiser leur rendement en fonction de la demande, de la production de chaleur souhaitée et d’utiliser ainsi ce stockage d’énergie en lissant les pointes. Cela peut être du renouvelable type bois en ayant une production base constante, ou un complément avec du solaire thermique pour lequel on ne peut pas choisir les moments où il y a du soleil ; on peut coupler cela à de la valorisation d’énergie électrique intermittente (éolien, solaire). Nous nous donnons un an pour créer un démonstrateur industriel et ensuite, nous nous donnerons deux à trois ans supplémentaires pour arriver à des produits prêts à des développement industriels et commerciaux plus généraliser. Il y a des brevets à venir dans ce cadre. Pour pouvoir obtenir ces résultats, il faut que ce système soit connecté et piloté de façon automatisée. Une sorte de smart grid de la chaleur, en quelque sorte.

 

On s’accorde pour penser que la maîtrise du stockage de l’énergie est l’une des clés du développement futur dans les pays émergents comme dans les pays développés. Quelle est ou serait la spécificité d’IDEX dans ce cadre ?

FT - Travailler à l’international fait partie de notre feuille de route. Nous avons moins d’expérience dans les émergents que dans les pays développés comme le notre, où on se soucie de renouvelables, d’intégration de systèmes énergétiques. Le prix des énergies fossiles s’est peu ou prou stabilisé à court terme mais va être amené à remonter de nouveau, c’est inéluctable. Nous avons la conviction de pouvoir tester et faire fonctionner ces solutions innovantes en phase prototype puis en phase préindustrielle dans des villes et des sites industriels. Nous sommes heureux d'être lauréats du Concours Mondial d'Innovation, qui, nous l'espérons, accompagnera chaque étape du développement de notre projet SETI - de sa maturation à son industrialisation pour la mise sur le marché. Le SETI s'inscrit une nouvelle fois dans notre volonté de mettre notre maîtrise technologique et notre capacité d'innovation au service de nos clients pour optimiser leur modèle énergétique, de la production d'énergie à la maîtrise de leur consommation.

 

Propos recueillis par Christophe Journet

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Le stockage des énergies thermiques pour une meilleure efficacité énergétique

L'énergie thermique pour le chauffage et la climatisation est le premier poste de consommation d'énergie en France. Or la chaleur se stocke mal et se transporte mal. Stocker la chaleur de façon performante libérerait un potentiel majeur de performance et d'utilisation des énergies renouvelables. C'est la volonté d'Idex, leader indépendant français de la transition énergétique, qui porte le projet SETI. Avec trois objectifs pour le stockage : compact, compétitif, connecté.

A la clé : lisser les pointes de charge, combiner et optimiser en temps réel les sources de production et réservoirs d'énergie dans la ville, pleinement valoriser les sources renouvelables thermiques et électriques. En 2025, la production des réseaux de chaleur ne sera plus centralisée, mais également distribuée au sein des bâtiments ou quartiers à énergie positive. La conception innovante du SETI est basée sur plusieurs ruptures technologiques :

 

- un Matériau à Changement de Phase, avec une densité énergétique élevée (100 kWh/m3), à un coût maîtrisé,

- un système de mesure de l'état de charge embarqué et connecté, pour informer le gestionnaire et l'utilisateur,

- un couplage à l'énergie électrique.

 

110 projets ont été retenus et aidés sur plus de 1.200 projets déposés auprès de la Commission Innovation que préside Anne Lauvergeon.

 

A propos du Programme de soutien à l'innovation majeure - Concours Mondial d'Innovation :

Le 18 avril 2013, le Premier ministre a confié à Anne Lauvergeon la mission d'identifier des enjeux technologiques et industriels auxquels sera confrontée notre société à horizon 2030. Anne Lauvergeon devait lui proposer une méthode pour stimuler la créativité d'entrepreneurs autour de ces défis. La Commission « Innovation 2030 » a ainsi choisi, dans son rapport remis le 11 octobre 2013, 7 ambitions qui reposent sur des attentes sociétales fortes et des secteurs en croissance, et constituent autant d'opportunités majeures au potentiel particulièrement fort pour l'économie française :

 

- Le stockage de l'énergie.

- Le recyclage des métaux.

- La valorisation des richesses marines.

- Les protéines végétales et la chimie du végétal.

- La médecine individualisée.

- La silver économie, l'innovation au service de la longévité.

- La valorisation des données massives (Big Data).

Pour y répondre, l'État a initié un Concours Mondial d'Innovation avec le soutien du programme d'investissements d'avenir. Son objectif est de faire émerger les talents et futurs champions de l'économie française en identifiant puis en accompagnant la croissance d'entrepreneurs français ou étrangers dont le projet d'innovation présente un réel potentiel. Ce concours a été lancé le 2 décembre 2013, en présence du président de la République, sous l'égide du ministre du Redressement productif et de la ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, de l'Innovation et de l'Économie numérique.

 

A propos d'Idex - A travers ses deux métiers liés aux énergies du territoire et aux services d'efficacité énergétique, le groupe Idex est aujourd'hui un acteur français de la transition énergétique. Sa vocation est de réduire l'empreinte carbone des territoires et d'optimiser la facture énergétique de ses clients tout en assurant leur confort thermique. Le groupe accompagne ainsi la construction de la ville durable, depuis la valorisation et la distribution des énergies locales renouvelables (géothermie, solaire, éolien, biomasse) et/ou de récupération (valorisation des déchets, data-center, eaux usées, cogénération), jusqu'à la performance énergétique et la gestion durable des bâtiments (logement, tertiaire, hôpitaux, sites industriels). Première ETI indépendante française des services énergétiques, Idex, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 704 millions d'euros en 2013, est implantée dans toute la France avec plus de 100 agences et 3600 collaborateurs, ingénieurs et techniciens spécialisés.

 

Plus de détails via :

www.idex.fr

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