MIAMI (MPE-Média) – Le 22è colloque dédié par Metal Bulletin Events aux marchés de la bauxite et de l’alumine métallurgique ou non métallurgique a été ouvert le 1er mars par M. Ron Knapp, secrétaire général de l’Institut international de l’Aluminium et M. David Wilson, Directeur de la recherche et des stratégies métaux de Citibank, faisant un tour d’horizon des tendances d’un marché freiné par le ralentissement chinois, là comme ailleurs, mais en pleine mutation. Détails.

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GD : Al Clark (CM Group), Cindy Wei (BGRIMM Lilan Consulting), David Wilson (Citibank), Ron Knapp (Int. Aluminium Association)

MM. Knapp et Wilson ont tous deux insisté en ouvrant la session sur l’impact du ralentissement chinois sur ces marchés, autant pour les commodités que pour les aspects financiers dédiés.

“La Chine a freiné le marché de l’aluminium par ses surcapacités, mais aussi le dollar fort et les dévaluations successives du Yuan Renminbi, qui ont exercé une pression baissière sur les marchés”, note David Wilson.

Depuis janvier 2014, le rouble a chuté de 57%, le RMB chinois de 9%, souligne M. Wilson tout en notant que la production d’aluminium hors Chine augmenté de 2,4% l’an dernier malgré son déclin dans des régions comme les Etats-Unis : “La Chine a augmenté sa production de 17% en 2015 et a gardé ce marché en excédent par rapport à la demande, mettant aussi les prix de la bauxite livrées en Chine sous pression, de 60 dollars par tonne en 2014 à près de 50/tonne en 2015”, ajoute-t-il.

Notant au passage que les prix de l’énergie dans le monde sont plutôt en baisse, David Wilson montre que les réductions de capacités opérées dans les pays développées s’avèrent encore insuffisantes pour contrebalancer ce marché de l’aluminium où la demande reste soutenue. Et que la relative faiblesse du yuan Renminbi favorise bien les exportations chinoises vers l’ouest, en hausse de 16% l’an dernier à plus de 4 millions de tonnes. De plus, les prix négociés à Shanghaï avec des primes attractives comparés à ceux du London Metal Exchange ( + TVA + primes) ont renforcé le pouvoir chinois de fixation des prix de l’aluminium.

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M. Ron Knapp, Secrétaire général de l'Institut international de l'Aluminium président d'une partie des sessions (ph MPE-Média)

Les prix de l’alumine et des produits dits de spécialités destinés à l’industrie et à la chimie ont quant à eux plutôt bénéficié de la situation globale, en poursuivant leur hausse, avec des taux d’utilisation des capacités de production dans le monde plutôt à la baisse, passant de plus de 90% il y a dix ans à près de 80% à présent. Là aussi, les surcapacités en alumine sont en Chine. Et ce sont aussi de récentes fermetures de capacités en Australie qui ont évité la chute des prix, qui peuvent varier de 200 à 240 dollars/tonne selon les régions de production, en Chine ou dans le reste du monde, Etats-Unis inclus.

En réponse à une question d’un participant, M. Wilson a souligné que l’éventuelle sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne “pourrait bien avoir des effets désastreux à la fois sur la livre et sur l’euro” et donc des impacts sur ces marchés par la suite.

 

C'est là que les choses se passent

Donnant la parole à Cindy Wei, analyste senior de l’Institut chinois des métaux et de la métallurgie (BGRIMM Lilan consulting group Ltd) de Pékin, Ron Knapp insiste : “c’est là que les choses se passent à présent”.

La production chinoise d’alumine a atteint 56,6 Mt l’an dernier, la région du Shandong étant en tête avec 28,7% devant le Shanxi avec 27,1%. 2,5 Mt de capacités de production d’alumine ont été ajoutées l’an dernier et 8,2 Mt de capacités sont “dans le pipe-line”, tandis que les importations chinoises d’alumine ont baissé de 15% en 2015 : “Weiqiao a achevé la construction d’un nouveau projet de 1 Mt en janvier 2016”, précise Mme Wei.

Si la part de la demande d’alumine non métallurgique reste très faible en Chine comparée à celle de la métalurgie, elle reste en hausse, 33% de l’alumine produite en Chine l’an dernier l’ayant été à partir de bauxite importée contre 27% en 2014.

La ressource chinoise en bauxite est relativement riche, évaluée à 4,2 milliards de tonnes de minerai en 2014, avec des explorations nouvelles en cours dans les régions de Shanxi, la plus prometteuse et de Guizhou. 5 grands producteurs contrôlent près de 70% des ressources de bauxite connues en Chine, précise Cindy Wei. En 2015, la Malaisie est devenue la première source de bauxite pour la chine devant l’Indonésie suite à l’arrêt des exportations minières dans ce pays ; la Guinée devrait augmenter sensiblement ses exportations vers la Chine en 2016.

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Différents critères d'accès à la maturité des marchés des commodités pour les facteurs d'indiciels (source CM Group Australie)

En déficit en 2014, les stocks chinois de bauxite importée ont augmenté en 2015 et continueront à augmenter en 2016. A noter, les coûts opérationnels chinois de la production d’alumine ont augmenté récemment à l’opposé du prix de l’alumine. La bauxite représente 40% de ces coûts, l’énergie 25%, les autres matières premières 20%, le coût du travail seulement 3%, les autres coûts 12%. Si les prix de l’énergie ont baissé en Chine durant les deux années précédentes, l’Institut de Pékin anticipe qu’ils resteront stables cette année. La croissance de la production chinoise d’alumine devrait elle aussi ralentir en 2016, la Chine prévoyant de continuer à diversifier l’origine de ses ressources en bauxite. Interrogée sur la densité en alumine de la bauxite importée par la Chine, Mme Wei ne répond pas. Interrogée sur le prix moyen à la tonne Fob Chine de la bauxite à près de 40% de densité, Ron Knapp répond pour elle que cela dépend tellement de la façon dont la bauxite est produite dans les différents pays d’origine qu’il est difficile d’en tirer une généralité.

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Al Clark (CM Group, Australie) a montré comment se répartissent les grands pays producteurs de bauxite en terme de prix et de qualité (ph CJ MPE-Média)

Intervenant à propos des prix de la bauxite, M. Al Clark, Directeur général de CM Group (Australie) a montré comment ceux-ci varient encore beaucoup selon leur provenance, d’Asie, d’Australie, d’Afrique ou d’ailleurs dans le monde. Les deux arrêts des exportations indonésiennes intervenus en 2012 et 2014 avaient poussé les prix au-dessus de 75 dollars par tonne. L’entrée sur le marché de la bauxite de Malaisie a fait chuter les prix entre 40 et 50 dollars la tonne Cfr Malaisie à la fin 2015, l’écart entre les prix de la bauxite de Malaisie et celle du reste du monde tenant à présent dans un billet de dix dollars/tonne, la question est selon M. Clark de savoir si c’est la Malaisie ou le reste du monde qui fait ce prix, sur un marché où la maturité des différentes observations en permet pas encore de fonctionner à partir d’indiciels comme sur d’autres commodités suivies par CBGroup, qui produit aussi des indices de prix de la bauxite sous l’intitulé CBIX.

CMGroup fournit aussi des prix pour l’alumine, en chute ces derniers mois, confirmant que les coûts opérationnels chinois augmentent encore. En conclusion, Al Clark note qu’il convient de se méfier beaucoup des échanges sur les prix de la bauxite, dont les grandes et les qualités varient beaucoup d’un pays à l’autre, la bauxite non lavées de Malaisie se négociant actuellemnt avec des discounts significatifs par rapport à d’autres origines géographiques.

D’où la question de Ron Knapp : “est-ce que le prix guinéen devient le prix benchmark du jour”? Ou bien, formulée autrement par Al Clark, la question est de savoir si le facteur risque détermine encore l’écart entre le prix benchmark malaisien Cif Chine et le prix moyen guinéen ou non.

 

Christophe Journet

(A suivre)

 

Voir aussi sur :

http://www.indmin.com/events/

http://www.metalbulletin.com/events/

http://www.world-aluminium.org

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