PARIS (MPE-Média) –Le Cercle de l’Industrie, le Groupe des Fédérations Industrielles (GFI) et l’Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM) accueillent ce 27 mars à Paris  des cadres de l’industrie et des politiques européens et français pour poser aux candidats la question de la place de la politique industrielle dans la campagne présidentielle en cours. La Fédération des Industries Mécaniques (FIM) a fait de même en février dernier mais le thème peine à se faire entendre malgré son importance. Détails.

Des poids lourds sont attendus à cette nouvelle rencontre du 27 mars qui fait suite à d’autres (lire plus loin), comme Jean Arthuis, ex ministre de l’économie et des finances et actuel député européen, membre de l’équipe d’Emmanuel Macron, Arnaud Montebourg, ex ministre de l’économie et de l’industrie soutien de Benoît Hamon, Gérard Longuet, ex ministre de l’industrie et sénateur membre de l’équipe de François Fillon, Alain Lamassoure, ancien ministre, député européen et Vice-Pdt du Cercle de l’Industrie devant ouvrir les échanges.

La question posée est une affirmation : « l’industrie européenne a besoin d’une politique industrielle intégrée ». La présence de cadres de l’Oréal, de Michelin, de Valeo, d’ArcelorMittal et de Joost van Iersel, ex député néerlandais très impliqué dans les actions économiques et sociales à Bruxelles devrait permettre aux participants à cette rencontre d’exprimer des questions essentielles pour qui prétend réindustrialiser l’Europe et développer l’Industrie du Futur, lesquelles questions pourraient alors être prises en compte par les principaux candidats à la présidentielle encore fort discrets sur crs sujets.

Quels impacts pour quels programmes

Pour l’instant, on entend plutôt les industriels et les chefs d’entreprises déplorer le peu d’intérêt des candidats pour leurs préoccupations, de la chimie à la métallurgie en passant par le secteur des textiles et de la mécanique, à des degrés divers, même si quelques analystes ont épluché les conséquences prévisibles de l’application des grandes lignes de programme d’au moins cinq des onze candidats en lice, les réformistes comme ceux qui proposent la rupture avec sortie de l’eurozone quel qu’en soit le coût associé.

« Je ne sais pas si le mot industrie a seulement été prononcé lors du débat télévisé de l’autre jour. Or il n’y a pas d’éconoie forte sans industrie forte », a déclaré récemment le Président de l’Union des Industries chimiques (UIC) M. Pascal Juéry, lors d’une conférence avec la presse où il rappelait que son secteur allait procéder à 47 000 embauches en 2017 et proposait 5 000 contrats d’alternance par an malgré des « perspectives prudentes pour la chimie cette année ».

 

"Aucun président de la 5è République n'a appliqué ses engagements"

Les analystes économistes de COE-REXECODE préviennent : « aucun des présidents de la 5e République n’a appliqué ses engagements initiaux, nous l’avons vérifié grâce aux archives de notre entreprise qui a suivi toutes les campagnes depuis celle du Général de Gaulle jusqu’à celle qui est en cours. De plus, si la France avait conservé ses parts d’exportation au fil des années, cela représsenterait 170 milliards d’euros l’an supplémentaires, il n’y aurait pas de déficit public et pratiquement pas ou peu de chômage », explique le Président du Centre d’observation économique et de recherches pour l’expansion de l’économie et le développement des entreprises (COE-Rexecode) M. Michel Didier.

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(Photo MPE-Média source COE-Rexecode)

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(Photo MPE-Média source COE-Rexecode)

François Fillon le mieux placé

Les calculs de COE-Rexecode plaçent le programme de François Fillon loin devant les autres en termes d’efficience économique, avec la possibilité de réduire le taux déficit comparé au produit intérieur brut de 4,3 à 3% en cinq ans, à condition de rétablir l’équilibre du régime des retraites dès les premiers mois du mandat ; les anticipations de COE-Rexecode indiquent que le PIB français pourrait augmenter de 9,5 points avec François Fillon, 7,8 points avec Emmanuel Macron, 4,7 points avec Benoît Hamon et l’emploi remonter de près de 1,4 million, 1 million et 371 000 unités respectivement pour ces 3 candidats.

Les conditions étant d’associer baisse des charges, gestion de la dette publique, réduire les écarts de coût du travail avec l’Allemagne pour relancer les exportations, enfin revenir sur la loi travail.

Le président de cet organisme ajoute aussi qu’une « mesure sur les impôts locaux des enteprises » serait la bienvenue. Sans oublier d’assurer qu’un « changement de monnaie ne résoud pas les problèmes et en causerait d’autres, encore plus difficiles à régler par la suite ».

« Le rétablissement de la compétitivité française est bien la clé d’une relance durable de la croissance et de l’emploi », conclut M. Didier.

Christophe Journet

 

La FIM, le GFI et la « reconquête industrielle »

PARIS (MPE-Média) - Bruno Grandjean, Président de la Fédération des industries mécaniques (FIM), PDG de REDEX introduisait fin février une rencontre intitulée « Reconquête industrielle ! Maintenant ou jamais » co-organisée par la FIM et le Groupe des fédérations industrielles (GFI) pour interpeller les candidats à la présidentielle. Détails.

 

«Nous devons prendre le sujet à bras-le-corps » et réfléchir sur une fiscalité « punitive pour nos usines, pour le made in France », a déclaré Bruno Grandjean en ouvrant la réunion « Reconquête industrielle ! Maintenant ou jamais » suivie par de nombreux chefs d’entreprises et cadres des Fédérations industrielles : « Prélèvements inéquitables, frais fixes, prélèvement sur la valeur ajoutée, récolte avant que le blé soit mûr, tout cela doit être revu, repensé », ajoute M. Grandjean, qui déclare qu’il faut aussi « revoir le coût des normes et repenser l’industrie, sans nostalgie, au présent autant qu’au futur ».

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GD : Denis Ferrand, Directeur général de l’institut COE-REXECODE , Yves Dubief, Président du Groupe Tenthorey, Président de l’Union des industries textiles (UIT), Sarah Guillon, Directrice adjointe de l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques (OFCE), Henri Morel, Président du Groupe DOM SECURITY, membre du Comité de direction de la FIM participaient à une table ronde intitulée « Regards croisés sur la Compétitivité des PME et ETI : la fiscalité française est-elle favorable à la production industrielle en France » animée par Fabrice Lundy – BFM Business (ph CJ MPE-Média)

Elizabeth Ducottet, co-Présidente du METI, PDG de Thuasne, revenait quant à elle d’un tour du monde industriel en Asie et aux Etats-Unis : « je ne suis pas nostalgique. Je regarde ce qui se passe ailleurs et je vois que nous pouvons faire mieux, au moins aussi bien que nos voisins directs. J’ai envie d’une industrie de demain », répond-elle au modérateur de la rencontre Fabrice Lundy (BFM Business).

La fiscalité du travail et des entreprises était au coeur de cette rencontre : Henri Morel membre du comité de direction de la FIM a recensé jusqu’à 250 taxes différentes qui s’appliquent aux entreprises françaises. Crédit impôt recherche (CIR), Crédit impôt compétitivité des entreprises (CICE), pacte de responsabilité ont été analysés par les deux économistes présents comme des facteurs d’amélioration des résultats des entreprises industrielles – de 10 à 15% en deux ans selon les cas : « le climat des affaires est meilleur mais le niveau des charges est revenu à celui qui était relevé en 2000, alors que le entreprises allemandes ont vu leurs marges augmenter de 65% dans la période », explique Denis Ferrand (COE-Rexecode).

"Que fait le ministre de la simplification"?

Mais comment optimiser des dispositions non cumulables pour la plupart ? Que fait à ce sujet le ministre en charge de la simplification Jean-Vincent Placé (rires) ? Pas simple.

« En tant que chef d’entreprise, il faut pouvoir faire un calcul économique serein et qui soit prédictible », réagit Denis Ferrand à propos des choix fiscaux.

En tant que patron d’une entreprise du secteur textile, Yves Dubief compare ce qu’il paye comme taxes locales, régionales, nationales, avant charges, salaires, etc. (plus de 400 000 euros pour 10 M€ de CA) à ce qu’il payerait en Allemagne : « je devrais payer près de 200 000 euros de taxes, deux fois moins, cherchez l’erreur », estime-t-il.

Pour Henri Morel, la croissance des taxes environnementales – par exemple une taxe fluviale pour un siège social parisien – est innacceptable. En conclusion, Sarah Guillon, Directrice adjointe de l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques (OFCE) a souligné l’inquiétude qui est la sienne lorsqu’elle observe l’impact de l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis : « nous devons mesurer cet impact et réagir en conséquence pour protéger nos industries », a-t-elle estimé.

 

Les propositions des candidats

En 2ème partie de matinée, la question suivante était posée aux représentants de trois candidats à la présidentielle dans les sondages : « Fiscalité et production industrielle : quelles propositions des candidats à l’élection présidentielle ? »

 

Représentants en charge du programme économique des candidats :

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GD : Eric Woerth (LR), Bruno Grandjean et Henri Morel (FIM). La FIM souhaite déplafonner le CICE, distinguer secteur exposé aux délocalisations et abrité ancré localement (Ph MPE-Média)

  •  Pour François FILLON intervenait Eric Woerth (LR, Député de l’Oise) : « notre souhait est de relancer l’économie. Il n’y a pas d’économie réelle sans industrie. Il faut traiter des handicaps typiquement français sans demi-mesure pour créer l’économie d’aujourd’hui, mieux réguler le biotope économique français », a déclaré Eric Woerth ... « Il y a un sujet entreprises, grandes ou petites les unes ayant besoin des autres. Il ne faut pas les opposer ni opposer ménages et entreprises sur le plan fiscal. Il faut d’abord insister sur la compétitivité »... Et d'ajouter que « le programme de François Fillon concentre 40 Mrds € sur la compétitivité »... « La France doit aider l’industrie à être mieux numérisée. La clé du développement, la valeur ajoutée de demain, c’est ajouter le numérique au reste. Fiscaliser les robots est absurde, comme l’idée qu’ils tuent l’emploi »...

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GD : Laurent Baumel (PS), Yves Dubief (UIT), Henri Morel (FIM), Fabrice Lundy (BFM) en débat sur la compétitivité des entreprises (Ph MPE-Média)

  •  Pour Benoît HAMON intervenait Laurent Baumel, Député d’Indre-et-Loire : « comment défendre la cause de l’industrie française ? C’est une question importante, pas seulement pour les grands groupes, aussi pour les PME. Il y a beaucoup de PMI-PME en Indre-et-Loire, la France n’a pas à rougir de la comparaison avec l’Allemagne, c’est une grande nation industrielle » ... « Même si Benoit Hamon a mis l’accent sur les services dans sa campagne, il y a des emplois à créer dans le recyclage, l’environnement, nous défendons les vrais acteurs de l’entreprise, les ingénieurs, ceux qui croient dans l’innovation », explique Laurent Baumel ... « Nous faisons une distinction entre ce monde et celui de la finance, nous avons à coeur de distinguer les aides à l’industrie et celles qui finissent dans la poche des actionnaires » ... « Il faut poser le bon diagnostic sur les difficultés rencontrées par les industriels, tout ne se réduit pas à la baisse des charges et des impôts, la question de la compétivité ne se résume pas à ça. Nous avons fortement réduit les coûts fiscaux grâce au CICE, on ne peut pas dire que ça ait eu un effet massif ; d’autres questions se posent comme le niveau de la dépense publique, celle de l’accès des PME aux marchés publics, de l’accès aux financements – des entreprises qui ne sont pas suivies par leurs banques - de la recherche privée – publique ».

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GD : Bruno Bonnell (EM), Yves Dubief (UIT), Alexandre Saubot ( PDG Haulotte Group), Fabrice Lundy (BFM) parlant du programme d’Emmanuel Macron (Ph MPE-Média)

  •  Pour Emmanuel MACRON intervenait Bruno Bonnell (En Marche) : « Avant de m’impliquer dans ce mouvement j’ai eu l’occasion d’initier le plan France Robot Initiative repris ensuite par Emmanuel Macron en tant que ministre. C’est une logique pragmatique qui commence par un diagnostic » a déclaré Bruno Bonnell ... « L’analyse du pourquoi de tout ça c’est à la fois un blocage, des blocages sur le plan des mécanismes économiques, du capital, de la protection sociale, on a été dans la mondialisation en se laissant un petit peu déborder » ... « Deux sujets sont essentiels : libérer de la paperasse les chefs d’entreprises, d’un côté, sur plusieurs niveaux ; plus important, donner la priorité au dialogue par branche, par entreprise à partir d’une loi cadre qui protège faute d’accord ; redonner des moyens financiers en faisant redescendre le taux d’IS de 25% au niveau européen moyen ; promouvoir l’esprit entrepreneurial, le risque. L’ISF n’existera plus pour les investissements industriels, mais restera pour les biens immobiliers » ... « Formation professionnelle : nous voulons augmenter ses moyens pour former des cadres, ingénieurs, experts ; l’assurance chômage va être étendue à toute forme de création d’entreprise » ... « Concernant le capital des entreprises et les difficultés des petites entreprises à le constituer, nous voulons amplifier la mécanique de BPI France et lui donner des moyens supplémentaires » conclut le délégué d'En Marche...

 

La conclusion de Philippe Darmayan, Pdt du GFI

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Philippe DARMAYAN, Président du GFI intervenait en fin de réunion pour conclure : reconquête maintenant, ou jamais ! (Ph MPE-Média)

« C’est un débat intéressant à avoir entre nous : le problème est réel, la fiscalité est punitive pour le made in France. Elle représente jusqu’à 8% de notre valeur ajoutée, qui touche plus précisement l’industrie, on le voit bien, car aucun des politiques n’ose toucher à la fiscalité locale. Le débat initial a bien posé les choses : il s’agit de créer du nouveau, aller loin d’une simple question de nostalgie. La suite, la réponse que l’on reçoit est marquée par une reconnaissance des trois candidats, du fait que l’économie est dans le débat de la campagne mais pas l’industrie. Nous n’avons pas réussi à la faire entrer dans leur discours. Nous avons un travail à faire de conviction pour aller de l’avant et faire comprendre qu’il s’agit d’un problème majeur. Le représentant de M. Hamon est dans le déni lorsqu’il dit que nous n’avons pas à rougir face aux autres, aux allemands. Je retiendrai essentiellement ce qu’a dit Eric Woerth : il faut créer un biotope favorable à l’économie, à l’industrie, relancer la demande alors qu’il n’y a plus d’offre, susciter la modernisation, les investissements, en nous donnant les moyens de faire du social, de la régionalisation etc. etc. C’est l’industrie qui détient 80% de la R&D. On a un Front National qui est dans une solution simple – on dévalue et tout va bien – et un M. Mélenchon qui est moins dans le déni mais qui pense que les problèmes doivent se régler essentiellement avec la planche à billet. Il nous reste 50 jours – 30 jours à présent NDLR - pour gagner, et ne pas avoir d’autres années à ramer devant ».

P. Darmayan dit aussi qu’il souhaite « emmener les jeunes » et plus d’implication des industriels et des entreprises dans le débat public, comme avec l’Industrie du Futur, et relancer la formation des jeunes, « ne pas laisser les politiques faire la loi ».

 

Christophe Journet

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Mis à jour (Dimanche, 26 Mars 2017 23:05)