PARIS (MPE-Média) – La Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT) réagit à son tour suite au rendez-vous du 4 juin  à l’Elysée entre MM. F. Hollande, A. Montebourg et les délégués syndicaux de l’aciérie ArcelorMittal de Florange-Hayange, auxquels s’était joint le Secrétaire général de la CFDT métallurgie M. Dominique Gillier et M. Jean-Marc Vécrin, Délégué syndical central CFDT d’ArcelorMittal (filiales françaises). La CFDT a présenté quatre propositions au Président de la République et au Ministre du redressement productif, dont une qui vise à trouver un repreneur pour le site industriel de Florange dans son intégralité. Sans Florange, ArcelorMittal produit actuellement près de 13 millions de tonnes d'acier brut par an contre près de 15 à 16 Mt avant fermeture temporaire des hauts-fourneaux lorrains.

COILS

Bobines laminées à chaud (ph SOLLAC LORRAINE SD pour MPE-Média)

Les deux premières propositions de la CFDT au chef de l’Etat concernant le devenir de l’aciérie ArcelorMittal de Florange (Moselle, l’un des plus anciens sites sidérurgiques français datant d’avant le marché commun du fer et du charbon qui a servi de socle à la constitution de l’Europe et qui a été longtemps dirigé par les maîtres des forges de la famille Wendel, toujours à la tête d’un groupe financier important – NDLR) concernent l’engagement à demander à ArcelorMittal « sur un programme d’investissements à la hauteur des besoins (que la mission d’étude du ministère devra évaluer) de l’ensemble du site intégré de Florange, avec redémarrage des hauts-fourneaux à une date fixée ».

La deuxième proposition de la CFDT concerne le projet européen Ultra Low Carbon Dioxide (CO2) Steelmaking (ULCOS), pour lequel le haut-fourneau P6 de Florange a été retenu pour la phase d’expérimentation comme site pilote, ainsi qu’un autre site situé en Allemagne, Eisenhuttenstadt : « il justifierai une gouvernance qui intègre toutes les parties prenantes du projet, ArcelorMittal n’était que l’opérateur industriel », souligne la centrale cédétiste.

« Il faut aussi explorer avec le concours de l’État, d’autres solutions pour Florange et ULCOS, si ArcelorMittal se dérobe à ses responsabilités. Deux autres pistes au moins sont ainsi envisageables, qui toutes deux supposent le maintien de l’unité industrielle, économique et sociale du site dans son intégralité, car une simple production autonome du haut-fourneau ne serait pas viable », poursuit la CFDT qui énonce une autre série de deux propositions.

 

Produire des aciers techniques à haute valeur ajoutée

« Florange pourrait intégrer un dispositif industriel existant qui lui garantisse sa pérennité de producteurs d’aciers techniques à haute valeur ajoutée. Dans cette hypothèse, il convient de rechercher un repreneur de la totalité des actifs de Florange », explique la CFDT.

« Florange pourrait devenir un producteur européen indépendant. Il conviendrait alors de trouver des apporteurs de capitaux qui permettent à Florange de devenir indépendant. En Europe, plusieurs producteurs indépendants existent, avec la particularité d’être gouvernés selon un modèle des parties prenantes différent du modèle à actionnaire, car intégrant des acteurs locaux (collectivités,

banques, salariés, etc.). Centrés sur les aciers techniques sur des marchés spécialisés, ces producteurs ont mieux résisté que leurs concurrents généralistes à la crise actuelle en continuant à investir dans la technicité de leurs équipements et de leurs produits et parallèlement en limitant les distributions de dividendes. Aux investisseurs et aux parties prenantes devrait s’adjoindre un opérateur industriel qui serait en charge de la gestion opérationnelle », concluent les délégués cédétistes.

 

L'exemple de l'Europe du nord et de l'Autriche

Ceux-ci font référence directement - mais sans les citer - aux aciéristes d’Autriche, d’Allemagne, des pays nordiques autres qu’ArcelorMittal et ThyssenKrupp et dont le modèle économique leur a permis de réaliser d’excellents résultats en 2011 et au premier trimestre 2012, sans devoir procéder à aucune fermeture temporaire ni licencier, tels que VoestAlpine, Salzgitter, SSAB, etc. En 2011, le PDG de VoestAlpine M. Wolfgang Eder, également président d'Eurofer, a reçu le trophée du meilleur communicant de ses pairs de l'association mondiale des producteurs d'acier Worldsteel, lors de son sommet annuel de Paris.

Sur le fond, la délégation cédétiste semble avoir apprécié la qualité du rendez-vous avec M. Hollande et son cabinet : « Le Président s’est montré très au fait de la situation industrielle de Florange et très conscient de l’urgence d’une solution pour éviter que le site ne s’installe dans une fermeture à durée indéterminée qui le condamnerait avec tout son environnement de sous-traitants et fournisseurs », note la Fédération générale des mines et de la métallurgie de la centrale CFDT.

« Nous avons effectivement apprécié la qualité de l’écoute lors de ce rendez-vous, c’est important. Beaucoup de travail reste à faire. Nous sommes à présent convaincus qu’il existe un avenir durable et profitable pour les sidérurgistes de Florange à condition d’agir sans attendre », nous a confirmé M. Dominique Gillier joint par téléphone à ce sujet, qui attend à présent que les pistes exposées par l'Elysée soit explorées au plus tôt.

Sans doute est-il opportun de rappeler que seuls les deux hauts-fourneaux de l’aciérie de Florange-Hayange sont à l’arrêt depuis l’an dernier (juillet pour le premier, fin septembre pour le plus gros), les autres unités de production d’aciers plats au carbone continuant à travailler sans arrêt, à partir de brames d’acier transportées par rail depuis le site ArcelorMittal de Dunkerque où les hauts-fourneaux tournent à pleines capacités, devant aussi approvisionner d’autres sites situés en Belgique. ArcelorMittal Dunkerque est la plus grosse aciérie d’Europe par sa taille et par le volume annuel d’acier produit, devant celle de Fos-sur-Mer et les aciéries allemandes du groupe ThyssenKrupp.

Christophe Journet

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Mis à jour (Mercredi, 26 Octobre 2016 16:24)