FRANCFORT (MPE-Média) – L’agence de notation du risque Standard & Poor’s maintient son appréciation d’une économie « compétitive et diversifiée dotée d’une capacité démontrée à absorber d’importants chocs économiques et financiers » et confirme sa note non sollicitée « AAA » à long terme et « A-1+ » à court terme, apprend-on ce jeudi par un communiqué de S&P Allemagne. S&P étend son « AAA » long terme concernant les transferts et la convertibilité des valeurs pour l’Allemagne « ainsi que pour tous les membres de l’Union économique et monétaire européenne (eurozone)».

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« La prévision sur la notation à long terme de l’Allemagne demeure stable, reflétant notre perception du fait que les fondamentaux des finances publiques et de la forte balance extérieure de l’Allemagne vont continuer à soutenir le pays face à des chocs financiers et économiques », explique Standard & Poor’s.

 

S&P ajoute que son avis pour l’Allemagne en terme de transferts et de convertibilité des valeurs est valable aussi pour tous les membres de l’eurozone.

S&P explique son opinion en qualifiant l’économie allemande de « moderne, hautement diversifiée, compétitive, notant ses positions externes fortes en termes de crédit, ses politiques fiscales et ses dépenses prudentes ».

L’agence relève que l’économie allemande « a démontré sa capacité à absorber d’importants chocs économiques et financiers, depuis la réunification de l’Allemagne de l’Ouest avec celle de l’Est dans les années quatre-vingt-dix jusqu’à la récession mondiale de 2009. »

 

L’économie allemande s’est bien reprise

« L’économie allemande s’est relativement bien reprise depuis 2010, soutenue largement par un fort rebond de ses exportations nettes et de ses investissements bruts. Selon nous, la résilience dont fait preuve l’économie allemande confrontée à la crise mondiale reflète des années de restructuration domestique, de limitation des salaires, et un taux d’épargne élevé. Ces facteurs ont permis à l’Allemagne de générer une activité commerciale de bonne taille et des réserves financières courantes qui lui ont permis de consolider ses positions de créditeur externe net à plus de 40% de son produit intérieur brut », poursuit S&P.

L’agence modère son évaluation en anticipant une reprise modeste de la consommation intérieure dans les quelques années à venir dans la foulée des efforts du gouvernement allemand pour tenir ses visées fiscales dans l’axe de ses règles constitutionnelles au moment où la crise des dettes souveraines de l’eurozone continue à peser sur la confiance des consommateurs. « Quelques-uns des principaux partenaires commerciaux de l’Allemagne sont encore en pleine réduction de leurs dettes. Associé à la perspective déteriorée de l’économie globale, ceci risque d’affaiblir la demande extérieure », ajoute S&P.

L’agence anticipe un ralentissement de la croissance allemande à 1% en 2012 et 2013 contre plus de 3% en moyenne en 2010 et 2011 et « seulement une légère hausse du PIB dans les années suivantes », notant que l’Allemagne s’est mieux défendue que plusieurs de ses partenaires « AAA » dont la perte de vitesse s’est avérée plus forte et devrait durer plus longtemps. S&P prévoit un déficit budgétaire allemand d’environ 1% du PIB en 2012, diminuant petit à petit jusqu’à la fin de la décennie en cours.

 

Ratio dette/PIB

S&P voit le ratio de la dette allemande comparée à son PIB rester supérieur ou égal à 80% jusqu’en 2013 avant de baisser jusqu’à 77% en 2015 en lien avec le déficit budgétaire annuel grâce à la solidité de son tissu économique et à un accès facile aux marchés l’autorisant à mieux supporter sa dette.

S&P souligne par deux fois que le fait d’avoir inscrit en 2009 dans la loi allemande un amendement limitant le taux d’usure du gouvernement fédéral à 0,35% de son PIB annuel jusqu’en 2016, imposant aux Lander allemands le maintien de budgets équilibrés, mesure peu efficace ailleurs, devrait porter davantage ses fruits outre-Rhin grâce à une discipline publique et à un soutien politique de long terme à la fiscalité y compris dans un contexte de risque économique important.

 

Statistiques positives des échanges commerciaux externes

S&P conclut son analyse en rappelant qu’une amplification et une prolongation de la crise en cours pourrait frapper d’une autre manière l’économie allemande, notamment sur le plan de la chute de ses exportations vers l’Italie, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande et la Grèce en dessous de 5% de son PIB en 2011. Toutefois, S&P note que les statistiques bancaires des échanges commerciaux avec l’Allemagne établies à la fin mars 2012 pour ces 5 pays plus Chypre totalisaient encore 448 milliards d’euros, 17% du PIB malgré une diminution de plus de la moitié depuis la mi-2008.

En résumé, Standard & Poor’s ne voit pas d’obstacle à la reprise progressive de l’économie allemande sauf à considérer la probabilité d’une hausse du ratio de la dette à 100% de son PIB contre moins de 80% actuellement, ce qui pourrait arriver en cas de dépassement de limite du déficit budgétaire courant à plus de 3% l’an, ce que l’agence n’anticipe pas d’ici à deux ans.

Cette note de S&P Francfort est rendue publique le jour où le Président de la Banque centrale européenne Mario Draghi s’apprête à rendre publique la suite des mesures décidées à Bruxelles à la fin juin pour venir en soutien sur le long terme à la monnaie unique européenne et à l’eurozone.

Christophe Journet

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Mis à jour (Mercredi, 26 Octobre 2016 13:13)