PARIS (MPE-Média) - La Commission européenne a interpellé récemment la direction d’ArcelorMittal en confortant les analyses et propos des syndicats de la métallurgie contre des restructurations qu’ils estiment « injustifiées ». Verbatim d’extraits de ces discours des principaux syndicats français de la métallurgie, la CFDT et la CGT.

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CFDT : Vers une politique européenne pour l’acier

« Mardi 12 février, à Bruxelles, s’est tenue une réunion du Haut Comité sur l’industrie sidérurgique européenne sous la présidence du commissaire à l’industrie M. Antonio Tajani, à laquelle la FGMM-CFDT participe dans le cadre de la délégation syndicale d’IndustriAll European Trade Union conduite par son secrétaire général adjoint Barth Samyn. Ce comité réunit les acteurs de ce secteur, représentants des entreprises et des salariés notamment. Compte tenu des enjeux que représente la sidérurgie en Europe et des difficultés actuelles, économiques et sociales de ce secteur, les ministres français, belge et luxembourgeois de l’Industrie étaient présents », déclare la CFDT Mines et Métallurgie.

 

« L’action de ce Haut Comité sectoriel s’inscrit dans l’objectif de la Commission européenne que 20 % du PIB de l’UE soient assurés par l’industrie en 2020. Un document d’orientation pour l’action européenne en faveur de la sidérurgie a été débattu et approuvé unanimement. Il porte sur les intérêts commerciaux et industriels de la sidérurgie en Europe, sur la sécurisation des approvisionnements en matières premières, sur l’évaluation des législations concernant ce secteur, sur la restauration d’instruments de surveillance du secteur (qui ont disparu hélas avec la CECA) et sur le renforcement de la recherche et développement pour l’acier », poursuit la centrale cédétiste.

 

La FGMM-CFDT se félicite « que, sur ce dernier point, soit encouragé le développement de process industriels faiblement carbonés. Cela conforte notre demande d’installation du démonstrateur ULCOS à Florange et, plus largement, la demande d’IndustriAll Europe* en faveur d’une industrie sidérurgique verte et durable en Europe ».

 

« Un plan d’action pour l’acier sera adopté en juin par la Commission européenne », annonce la CFDT.

La FGTM-CFDT rappelle aussi que « M. Tajani a demandé à ArcelorMittal de suspendre toute fermeture de site dans l’attente de ce plan d’action. Mais le groupe a répondu négativement à cette demande. Pour la FGMM-CFDT, cette réponse conforte la légitimité des demandes d’IndustriAll European Trade Union d’une véritable politique industrielle pour l’Europe qui ne laisse pas les grandes entreprises décider seules du devenir de secteurs stratégiques, notamment celui de l’acier. »

 

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Récemment, la Chaîne TV publique Public-Sénat a diffusé un documentaire consacré à Florange qui retraçe plusieurs années de conflit avec la direction du groupe ArcelorMittal (source SD Public Sénat)


CGT : "Nécessité d’une intervention politique"

« Les multiples initiatives syndicales européennes contre la stratégie de Lakshmi Mittal ont permis la constitution d’un groupe de travail sur la sidérurgie au sein de la Commission Européenne, animé par le Commissaire Européen à l’Industrie, Antonio Tajani », précise de son côté la Confédération générale du travail et sa branche Métallurgie.

La FTM CGT souligne que l’UE a présenté le 12 février dernier « des propositions d’actions pour pérenniser l’activité sidérurgique en Europe, décrétée filière stratégique pour l’industrie européenne. »

 

« Conscient des travers de la stratégie du groupe ArcelorMittal, dénoncée par les organisations syndicales mais également par les interventions des ministres MM. Montebourg et Marcourt, M. Tajani s’est adressé au représentant du groupe ArcelorMittal, en demandant au groupe de suspendre ses restructurations au moins jusqu’à l’été, tant que les propositions de la Commission Européenne, au service de la compétitivité de la sidérurgie, ne soient pas mises en œuvre. La direction du groupe a alors rétorqué que le monde politique n’avait pas à interférer dans sa stratégie », souligne la centrale cégétiste.

 

« La CGT, la MWB et l’OGBL insistent depuis de longs mois sur la nécessité d’une intervention politique pour stopper cette délocalisation rampante des entités européennes du groupe. Elles approuvent par conséquent ce message adressé par l’Europe politique à la direction d’ArcelorMittal. » Néanmoins, qualifiant de « provocatrice » la réponse du groupe, la CGT Métaux estime qu’il reste « urgent que les gouvernements nationaux, le Parlement Européen et la Commission européenne prennent rapidement des dispositifs concrets pour interférer sur la stratégie du groupe. »

 

« Les pistes que nous proposons depuis plusieurs mois, appuyées par des expertises, doivent se concrétiser : Prise de participation conjointe des Etats dans le capital du groupe, permettant une minorité de blocage et donc un droit de regard sur la stratégie. Nationalisation partielle contraignant le groupe à céder les entités viables qu’il souhaite fermer. Voire, la création d’un groupe public européen de l’Acier », propose la centrale.

 

« De nouveaux droits d’intervention des salariés, au-delà du simple droit à l’information/consultation, et l’exigence de contreparties aux aides publiques relèvent aussi de décisions politiques qui peuvent être mises en œuvre très rapidement. Reconnaitre une filière comme étant stratégique, c’est considérer qu’elle est d’intérêt national et d’intérêt européen. Un attentisme des Etats et de l’Europe, laissant M. Lakshmi Mittal démanteler un pan entier de la sidérurgie européenne, avec tous les impacts en cascade sur l’industrie, serait un aveu de faiblesse et de renoncement de la classe politique. Ce renoncement serait incompréhensible alors que la situation de crise aigüe nécessite des interventions politiques historiques », conclut la CGT Métallurgie pour qui « l’appel de la Commission Européenne vient légitimer encore davantage les actions des salariés, partout en Europe, visant à bloquer les restructurations décidées par le groupe. »

 

* Fondé en janvier 2012, l’Union syndicale mondiale des syndicats de l’industrie a créé une branche IndustriAll Europe au sein de laquelle les unions françaises sont représentées.

COLD_ROLLED_COILS_TK (ph SD ThyssenKrupp)

NDLR - La Rédaction de MPE-Média donne la parole à l'ensemble des acteurs de l'industrie, producteurs et/ou consommateurs de matières premières, de commodités industrielles et d'énergie(s) sous toutes leurs formes. Elle ne prend en aucun cas position concernant les avis, opinions, idées exprimées dans ces tribunes dont l'importance dans le maintien d'un dialogue social de haut niveau et du paritarisme en vigueur dans l'ensemble de nos institutions ne peut être mis en doute.

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