PARIS (MPE-Média) – L’Allemagne va préparer un texte de loi autorisant ses entreprises à exploiter les réserves de gaz de schiste de son sous-sol, en assortissant ce texte de réserves technologiques et de limites précises. Retour arrière.

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Un débat public autour du gaz de schiste a eu lieu récemment à l'ESG School of Management de Paris, où tous les avis ont été exprimés entre experts et Professeurs spécialistes des risques, de l'énergie, des matières premières de plusieurs sociétés et universités (ph CJ MPE-Média)

Ces limites devraient être d’abord géologiques, géographiques telles que celles déjà posées par le Deutsche Rohstoffagentur, l’équivalent allemand du Bureau des Recherches Géologiques et Minières, en lien avec les industriels, notamment les exploitants de sources d’eaux minérales, afin que d’hypothétiques fuites d’hydrocarbures ou d’adjuvants utilisés pour la fracturation hydraulique ne risquent de polluer les nappes phréatiques.

 

« La fracturation hydraulique se pratique depuis longtemps en France pour le compte de producteurs d’eaux minérales gazeuses ou simplement naturelles », nous a déclaré récemment dans le cadre d'un colloque Studium à Orléans sur le stockage géologique des gaz un expert ayant travaillé pour le compte de l’une de ces compagnies dans les Alpes françaises.

 

Le paradoxe est que le procédé interdit en France pour explorer les potentialités du gaz de schiste et soumis à une veille prudentielle en Allemagne soit en fait déjà en œuvre pour extraire et exploiter d’autres types de source, d’eaux consommables par l’homme en l’occurrence.

 

L’Allemagne a déjà lancé d’autres recherches sur son propre territoire pour remplacer l’énergie nucléaire en voie d’extinction outre-Rhin.

Freiner l'usage du charbon

La décision de Berlin vient répondre au souhait des écologistes allemands d’éviter une hausse de production d’énergie à l’aide des centrales à charbon, plus polluantes pour le milieu aérien que le sont les puits de gaz de schiste et leurs brûleurs déjà en service dans plusieurs pays dont les Etats-Unis, l’Argentine, la Pologne, etc.

 

Le moratoire en vigueur en France fait suite à un intense lobbying mené au nom du principe de précaution par les défenseurs de l’environnement suivis par les élus français, alertés par des vidéos à l’origine non vérifiée montrant des cas avérés de pollution des nappes phréatiques dans des zones explorées pour leurs sables bitumineux ou leur pétrole de roche, au nord des Etats-Unis et au Canada.

 

L’inventeur du procédé dit de fracturation hydraulique, M. Georges Mitchell, est actuellement considéré par les texans comme un véritable héros national, pour avoir permis de faire chuter de plus de la moitié les prix du gaz et maintenu ceux du West Texas Intermediate (pétrole américain) en-dessous des 100 dollars par barril.

Processus très contrôlé

La décision allemande de légiférer devrait ouvrir un processus très contrôlé par la suite d’autorisation au cas par cas des chantiers de recherche et d’exploration de gaz de schiste, du type de celui préconisé récemment en France par la Fondation Concorde et en juillet dernier par le Professeur Philippe Chalmin, qui déclarait que l’exploitation du gaz de schiste aux Etats-Unis leur avait permis outre une « vraie révolution énergétique, un point de croissance du PIB en plus et un prix du gaz descendu l’an dernier à 2,5 dollars par million de British Thermal Unit (Mbtu), l’unité de mesure internationale utilisée pour les volumes de gaz.

 

Ce prix est actuellement quatre à six fois supérieur en Europe, 8 à 10 fois supérieur au Japon, au point de provoquer la migration de la production de polymères par nos industries chimiques et pétrochimiques vers les Etats-Unis ou les autres pays déjà producteurs de ces hydrocarbures de roche.

Une étude en cours en France

Organisateur d'un débat enrichissant sur ce thème à l'ESG Management School de Paris en février dernier, le Professeur Frédéric Encel n'aura pas été surpris par la décision allemande : le gaz de schiste est une vraie révolution stratégique, géopolitique, si on part du principe que c'est négatif avant de tenter de trouver des solutions neutres pour l'environnement, nos pays vont accuser un sérieux retard à l'allumage, nous confiait-il.

 

Le Sénat a commandé voici quatre mois une étude sur les alternatives à la fracturation hydraulique dont les conclusions doivent être remises au sénateur Daniel Raoul, président de la Commission des Affaires économiques du Sénat d'ici au printemps prochain.

Christophe Journet

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Mis à jour (Jeudi, 28 Février 2013 23:34)