PARIS (MPE-Média) -L'information réelle tient dans ces trois mots : "Florange, c'est fini". Le texte du protocole social "sans plan social"(?) envoyé à la presse ce jeudi par la DG de la filiale Atlantique Lorraine d'ArcelorMittal (ci-après in extenso) signe la fin du début de la fin de la phase à chaud, des derniers hauts-fourneaux lorrains.

Les 3,5Mt l'an de brames d'acier brut produits jusqu'à l'automne 2011 par les sidérurgistes de Hayange-Florange sont déjà produites et apportées d'ailleurs (Dunkerque pour une part, parfois en Russie), pour faire tourner les autres activités "intégrées" de production locale de produits plats en acier au carbone ou en feuilles d'acier galvanisé et les nouveaux coils d'acier "Usibor" grande largeur pour l'automobile ou ceux pour l'emballage fabriqués depuis peu dans cette usine.

Adieu Hayange, vive Florange filière technique aval. Ce site de relaminage et de traitement des bobines à froid devrait permettre de sauver une petite partie des 629 salariés concernés par la "mise sous cocon de la phase liquide de Florange." Que le Ministre du RP M. Arnaud Montebourg le reconnaisse ou non, comme ce matin sur France-Inter face aux auditeurs sceptiques,  ses promesses de 2012 aux syndicalistes et aux salariés de Florange d'une survie des hauts-fourneaux - et celles du candidat Hollande avec -  sont définitivement enterrées ce 11 avril 2013, tout comme les garanties énoncées en plein désaccord gouvernemental par le premier ministre M. Jean-Marc Ayrault, qui a accordé au premier aciériste mondial le droit de dire et d'écrire sans coup férir que la fin de la phase à chaud à Florange, haut lieu de la sidérurgie de la vieille Europe,  se ferait "sans plan social".

Il est dit ici qu'il n'y a pas de plan social, alors que l'Etat et les quotas de CO2 finançent depuis plus de quinze mois les indemnités de chômage technique des 600 employés des hauts-fourneaux lorrains, sans les former à d'autres tâches s'ils n'en font pas la demande, ce qui équivalait pour eux à jeter l'éponge, ce qu'ont déjà fait plus d'une centaine d'entre eux pour des raisons de sécurité professionnelle et familiale. Sans parler des centaines d'intérimaires déjà repartis ailleurs. Mais est-ce bien là la vraie question à se poser au beau milieu d'un jour qui sera marqué d'une brame noire dans la déjà longue et belle histoire de l'acier lorrain?

"La question qui se pose est de savoir si nous allons pouvoir continuer à produire de l'acier en Europe", expliquait M. Philippe Darmayan, Président de la Fédération Française de l'Acier (FFA) le 18 décembre dernier aux 450 experts et cadres de l'acier mondial réunis par sa Fédération à Paris. Réduire les surcapacités d'acier brut, accélérer le recyclage, la valorisation des émissions de gaz des hauts-fourneaux, revoir d'une façon qui préserve la compétitivité de notre industrie face à l'Asie les "règles vertes" et trop vertueuses édictées en pleine crise économique par l'Union Européenne étaient présentés par M. Darmayan comme des objectifs urgents pour sauver ce qui pourra être encore sauvé de la filière acier française et européenne.

Bien imprudents seraient ceux qui, ignorant les analyses et les milliers de pages d'écran de rapports les plus pointus sur l'acier dans le monde, jugeraient d'une façon manichéenne comme étant négative la décision prise au fil des mois par M. Lakshmi Mittal (père, ceci dit pour ceux qui le confondraient encore avec son fils Aditya Mittal, le directeur financier du groupe et patron des aciers plats au carbone Europe). M. Mittal cherche ici comme ailleurs dans son groupe le meilleur moyen de continuer à produire de l'acier et à réduire la dette de son holding et de ses filiales de l'UE, encore estimée à ce stade à près de 19 milliards de dollars. Autant dire une paille,  lorsqu'on vend près de 70 Mt d'acier l'an pour à peine moins de 100Mt produites sur presque tous les continents - sauf en Inde, ce que M. Montebourg n'était pas censé ignorer dans son rôle de ministre d'Etat comme il l'a montré à la corporation entière en mars 2013!

De trop longues années vont encore passer avant que, reprise de la demande d'acier aidant - celle qui est anticipée par M. Mittal depuis peu pour au mieux la fin 2013, ou 2014 -  le propriétaire du site puisse envisager de détruire les vieux hauts-fourneaux de Florange pour y construire un four prototype d'acier vert électrolytique sur le modèle de celui qui existe en dimensions expérimentales au Centre de R&D d'ArcelorMittal à Maizières-lès-Metz, en Moselle. Encore faudra-t-il que les mosellans résistent à l'envie d'y créer le premier Musée mondial de l'acier, en complément de la belle exposition réalisée pour le siège du groupe à Luxembourg par un jeune français, devenu depuis docteur en histoire des matériaux industriels et de l'acier et négociant international en produits métalliques, M. Vincent Mermet, exposition réalisée alors avec l'aide des cadres français de l'aciériste et le soutien financier de la direction.

Avant de vous proposer en lecture le texte du communiqué d'ArcelorMittal Atlantique Lorraine, dans son intégralité, respectez comme nous et un bon nombre de français conscients de la peine vécue par les sidérurgistes lorrains et leurs familles un instant de silence. Tout est possible, lorsqu'on accepte l'évolution, la réalité de la règle de l'offre et de la demande et que la compétitivité industrielle ne reste pas qu'un voeu pieu.

Christophe Journet

Verbatim de la d’ArcelorMittal à l’issue du Comité Central d’Entreprise ArcelorMittal Atlantique et Lorraine du 11 avril 2013.

"ArcelorMittal annonce une nouvelle étape essentielle du processus d’information-consultation dans le cadre de la mise en œuvre du projet industriel et commercial d’ArcelorMittal Atlantique et Lorraine."

Paris, le 11 avril 2013

Nouvelle étape essentielle du processus d’information-consultation

 

Le Comité Central d’Entreprise du 11 avril 2013 marque la fin de la période d'information-consultation relative au projet industriel et commercial d’ArcelorMittal Atlantique et Lorraine à ce niveau. Il sera suivi des sept Comités d’Etablissement d’Atlantique et Lorraine qui se réuniront le vendredi 12 avril 2013. A l’issue de cette période d’information consultation pourront démarrer : le début de la mise sous cocon de la phase liquide de Florange ainsi que la mise en œuvre de l’ensemble du plan industriel et commercial d’ArcelorMittal Atlantique et Lorraine et l’ouverture des négociations sociales.

                                                                     

Ouverture du dialogue social sur les mesures d’accompagnement concernant les 629 salariés concernés par la mise sous cocon de la phase liquide de Florange.

 

Les conséquences sociales de la mise en œuvre du plan d’ArcelorMittal Atlantique et Lorraine seront gérées sur la base du volontariat et sans recours à un plan social.

 

A ce jour, 206 personnes sur les 629 salariés concernés par la mise sous cocon de la phase liquide de Florange sont déjà parties essentiellement dans le cadre de départs à la retraite. 301 salariés ont d’ores-et-déjà été détachés sur les activités hors phase liquide et 122 salariés sont toujours affectés à la phase liquide. Des solutions devront être trouvées pour chacun d’entre eux dans le cadre des négociations qui vont s’ouvrir avec les représentants du personnel.

 

Mise sous cocon de la phase liquide de Florange

 

La mise sous cocon de la phase liquide de Florange est prévue au cours des prochaines semaines et devrait être finalisée d’ici la fin du mois de juin 2013. La mise sous cocon comprend l’arrêt des tours de chauffe,  toutes les opérations d’arrêt et de mise en sécurité des équipements et des installations de la phase liquide. Cette mise sous cocon est compatible avec l’accord signé avec le gouvernement français.

Projet de recherche sur la réduction des émissions de CO2

Le Groupe ArcelorMittal réaffirme sa volonté de contribuer au financement d’un programme de recherche sur la réduction des émissions de CO2 à hauteur de 13 millions d’euros. Une feuille de route industrielle détaillée, définie en coordination avec l’Etat français, sera présentée dans le cadre de la prochaine Commission de Suivile 22 avril 2013.

Création d’une filière Emballage intégrée et pérenne

Afin de gagner en compétitivité, dans un contexte de concurrence exacerbée, la nouvelle filière Emballage vise à mettre en œuvre des synergies entre les sites de Basse-Indre et Florange en concentrant la charge de production sur un nombre plus restreint d’outils et en spécialisant la production des deux sites. La stratégie prévoit ainsi de charger au maximum les capacités de production du laminoir, du train à chaud et de la ligne d’étamage du site de Florange ainsi que celle des deux lignes d’étamage du site de Basse-Indre.

Tous les salariés concernés par la mise en arrêt temporaire des lignes de laminage et de décapage seront redéployés sur les activités aval de Basse-Indre. En conséquence, le nombre des effectifs inscrits sur le site de Basse-Indre restera inchangé.

Une stratégie cohérente et rentable

Avec le plan industriel et commercial d’ArcelorMittal Atlantique et Lorraine, le Groupe ArcelorMittal a pour objectif de consolider et développer les activités à haute valeur ajoutée du périmètre Atlantique et Lorraine tout en restaurant sa profitabilité.

 

La concentration de la production de brames à Dunkerque a d’ores-et-déjà permis en 2012 de réduire les coûts de production et de gagner en compétitivité, un élément essentiel dans l’environnement difficile que nous connaissons.

 

Comme il s’y est engagé, le Groupe a également décidé d’un programme de 180 millions d’euros d’investissements pour le site de Florange. Une première vague d’investissements de 55 millions d’euros est déjà en cours de lancement pour notamment assurer la pérennité de la cokerie et soutenir le plan de développement de l’Usibor®  grande largeur. Le site de Florange est équipé de la première ligne au monde capable de produire de l’acier Usibor® Alusi ® grande largeur, ce qui lui donne une avance considérable sur le marché automobile.

 

Une vision solide sur la durée

ArcelorMittal insiste sur le bien-fondé industriel et économique de son projet pour ArcelorMittal Atlantique et Lorraine pour faire face aux surcapacités structurelles de brames d’acier en Europe qui obligent le Groupe à concentrer sa production sur les sites les plus compétitifs. Les capacités de production actuelles d’ArcelorMittal en Europe, dont l’utilisation pourrait, en cas de besoin, être optimisée, sont suffisantes pour répondre à la demande à moyen terme. Même dans l’hypothèse d’une croissance européenne de la demande d’acier de l’ordre de 3% par an à compter de 2014, elle resterait, en 2018,  inférieure de 15% par rapport aux niveaux de 2007.

Henri-Pierre Orsoni, Directeur d’ArcelorMittal Atlantique et Lorraine, déclare : « Demain aura lieu la dernière étape de la période d’information-consultation à l’issue de laquelle notre objectif sera de nous concentrer pleinement sur le retour à la profitabilité d’ArcelorMittal Atlantique et Lorraine en trouvant des solutions pour tous les salariés concernés et en construisant un avenir solide et pérenne pour notre ensemble industriel. »

Voir aussi sur:

www.arcelormittal.org

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