ZUG (MPE-Média) - Le décès intervenu récemment de Mark Rich, l'homme qui a fondé Glencore en 1993, voici à présent presque vingt ans, marque le monde des matières premières, quand bien même M. Rich était encore considéré par nombre d'observateurs comme un homme d'affaires peu respectueux des règles du genre, au point d'avoir été un temps recherché par le FBI et décrété persona non grata sur le territoire américain pour fraude fiscale, avant d'être blanchi par le Président Clinton et réhabilité. In memoriam.

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M. Mark Rich, décédé hier en Suisse à l'âge de 78 ans (Ph SD Archives MPE-Média)

Né à Anvers en 1934 d'un père devenu ensuite joaillier à Kansas City, entré à 19 ans dans le monde des matières premières par la porte d'une maison de trading néerlandaise, la Cie Philipp Bros, Mark Rich restera dans l'histoire du négoce  comme celui qui allait créer le groupe Glencore voici vingt ans avec MM. Mick Davis, Guy Dauphin et Eric de Turckheim et quitter ensuite le groupe - qu'il n'a jamais dirigé directement - tout en conservant 53% des parts de Südelektra Holding, devenue depuis Xstrata après son départ, fusionnée en 2013 avec Glencore.

Il laisse derrière lui l'image propice aux récits d'aventure d'un homme expérimenté, à la vie bordeline, à la fois chargée d'ombres et de lumière, notamment par ses engagements artistiques et politico-culturels conduits via la Fondation Mark Rich qu'il a créée pour soutenir des artistes, des partis politiques aux Etats-Unis et en Israël et peut-on supposer aussi, pour regagner l'estime des milieux d'affaires et des dirigeants globaux.

Mark Rich s'était exprimée une dernière fois via la presse suisse, dans le pays où il a longtemps vécu et où il est décédé mercredi à Lucerne, à la toute fin septembre 2012, à propos de la fusion entre Glencore et Xstrata, qu'il jugeait non nécessaire mais susceptible de « décupler leur force dans le secteur des matières premières ».

 

Acheter à bas prix et vendre le plus haut possible

Incontestablement, El Matador, comme le surnommaient certains businessmen américains froissés par ses façons d'agir au mépris de la fiscalité et des embargos internationaux pétroliers - notamment avec l'Iran alors détenteur d'otages américains, ce que souligne aujourd'hui encore le Times de New-York - a marqué la planète des matières premières par sa façon de faire naître à la hussarde et prospérer une grande diversité d'affaires : énergie, pétrole surtout, minerais et métaux, agro-alimentaire, etc., menées tout en laissant ensuite à d'autres le soin de les diriger, une fois sa propre plus-value empochée.

C'est le cas de l'actuel PDG de Glencore, M. Ivan Glasenberg, qui a obtenu récemment le départ anticipé de Mick Davis, ex PDG de Xstrata, lors de la constitution de Glencore Xstrata. Mark Rich a aussi donné naissance indirectement au groupe  Trafigura, autre groupe montant du secteur que dirigent ses anciens bras droits des débuts de Glencore cités plus haut MM. Dauphin (fondateur du groupe français Guy Dauphin Environnement) et de Turckheim). 

Devenu milliardaire en dollars au fil du temps du temps de Mark Rich & Co., l'ex trader en pétrole de l'après guerre aimait à dire qu'il s'était contenté d'acheter le moins cher possible et de revendre le plus haut possible, sans s'occuper d'autres considérations, depuis ses débuts dans l'Europe et l'Espagne franquiste d'après la seconde guerre mondiale jusqu'à ses dernières affaires dans l'immobilier en Suisse, une fois cédées ses parts dans Mark Rich & Co. Investment à un homme d'affaires russe.

Un "pirate" souvent contesté par les médias

Les nombreux articles résultant de l'exercice du droit de réponse figurant sur le site internet de la Fondation Mark Rich font voir en creux pourquoi et comment celui que nos confrères du Monde qualifient aujourd'hui de "pirate" a pu être contesté, chargé de torts multiples, accusations que ses avocats sont régulièrement parvenus à déjouer (cliquer ici pour en prendre conscience). Nos confrères suisses du Courrier/La Liberté s'étaient vus obligés d'écrire en 2011 que Mark Rich n'avait jamais été condamné de sa vie entière, même si plusieurs fois inculpé, et qu'il n'avait jamais non plus dirigé Glencore, ce que savent bien les initiés. Idem pour l'Humanité en 2006 après un article jugé diffamatoire concernant Trafigura et le scandale du déversement de déchets pétroliers sur la côte ivoirienne.

Mark Rich mort, un bon nombre d'acteurs majeurs du secteur des mines et de l'énergie vont toutefois respirer mieux, car il entraîne avec lui quelques secrets d'alcoves bien conservés jusqu'ici que ceux-ci ne risquent plus de voir remonter à la surface dans les coulisses des grandes conférences internationales voire plus simplement lors des prochaines transactions à venir entre ceux qu'il a formé et qui dirigent à présent le nouveau géant Glencore Xstrata, Trafigura et d'autres compagnies moins célèbres.

 

Jo Gatsby

Voir aussi sur:

http://www.mpe-media.com/index.php?option=com_content&view=article&id=739:fusions-glencore-xstrata&catid=37:actus-en-libre-acces&Itemid=18

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