PARIS (MPE-Média) – La problématique de la compétition mondiale autour des matières premières stratégiques est aux dires des grands consultants l’une des clés du développement, tant économiquement que géopolitiquement parlant, en particulier pour les "terres rares", ce qui n'est pas sans poser quelques questions graves sur le plan de l'approvisionnement futur des grands groupes français et européens. L’Institut Choiseul en a fait le thème d’un débat en décembre et de son dernier dossier « Géoéconomie » de la fin 2011.

La récente publication du 59e dossier de la revue « Géoéconomie » par l’Institut Choiseul aura permis à un public éclectique de vérifier que l’échange et la convergence des points de vue ne fait que commencer autour de l’épineuse question de l’accès aux « minerais et matières stratégiques » lors d’un débat passionné et passionnant tenu dans les murs des Mines Paris Tech courant décembre.

On regrettera l’absence à cette table rectangulaire en diable du premier Secrétaire général du Comité pour les métaux stratégiques (COMES), M. François Bersani, joint au téléphone le même jour par MPE-Média et dont la contribution à l’opus écrit sur « La politique française des matières premières minérales non énergétiques » fait le tour des potentiels distincts des fonds marins (nodules polymétalliques), des ressources « secondaires » et des progrés de « l’éco-conception », notamment pour les métaux dits « rares », le lithium ou les aciers « aimantés » de récupération à venir du cycle éolien.

« Enjeux de puissance »

Mais les contributions orales des experts présents ont fait mieux que conforter quelques présupposés: Christophe-Alexandre Paillard (IEP, ENA, Université de Santiago du Chili) pense que «les minerais stratégiques, enjeux de puissance » doivent être analysés, défrichés comme l’a été auparavant « la géopolitique du gaz » (sic) ; Patrick Christmann (directeur stratégie du Bureau de la recherche géologique et minière BRGM) stigmatise le désintérêt des politiques publiques pour les terres rares et les autres matières stratégiques, essentielles à la production d’énergies renouvelables ; Claire de Langeron, déléguée générale de la Fédération des minerais, minéraux industriels et métaux non ferreux (FEDEM) insiste sur le « nécessaire engagement des acteurs » pour que « sécuriser les appros en matières premières soit un atout, pas un problème », mettant aussi l’accent sur l’urgence de « mesures de régulation » pour contrer la volatilité des prix et annonçant pour 2012 l’élaboration d’un nouvel « outil d’analyse de la vulnérabilité des entreprises » ; Didier Julienne (stratège en ressources naturelles et spécialiste de la Russie), l’électron libre du jour, stigmatise « l’hystérie française quand il s’est agi de chercher du gaz de schiste », ce qui augure mal d’une réponse ad hoc pour les minerais stratégiques, assénant qu’il faut « qu’on se prépare à ouvrir ou rouvrir des mines en Europe », opposant ensuite la relative utilité du COMES français à la réponse allemande (créer un groupe minier chargé de rapatrier les ressources indisponibles outre-Rhin), délivrant enfin une feuille de route en 4 étapes pragmatiques : des miniers, des routes de négoce, des relais d’infos, un débat stocks-stratégies « qui tiennent la route ».

Jo Gatsby

Revue de Géoéconomie n° 59 - Choiseul Editions (CED) Belles Lettres 141pp. 20 euros.

www.choiseul-editions.com

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Mis à jour (Dimanche, 30 Octobre 2016 14:52)