PARIS (MPE-Média) – L’approche de la 2e Conférence environnementale des 20 et 21 septembre 2013 à Paris profite largement au thème de l’économie circulaire, de plus en plus travaillé par les acteurs et donc ascendant depuis la création de l’Institut éponyme en février 2013. Explications et annonces.

L’économie circulaire, c’est d’abord « une rupture avec la vision ancienne où on ne se rencontrait pas pour parler des modes de production et de consommation, cela suppose une nouvelle gouvernance impulsant un changement de logique de gestion des matières », résume le Président de l’Institut de l’Economie Circulaire François-Michel Lambert, député EELV des Bouches-du-Rhône et Vice-président de la commission développement durable de l’Assemblée nationale.

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F.M. Lambert, Pdt de l'Institut de l'économie circulaire en compagnie d'autres acteurs (à gauche): l'économie circulaire sera au centre de la conférence environnementale (ph CJ MPE-Média)

Les thèmes et ateliers qui en découlent au sein de ce jeune Institut de l’économie circulaire comme au sein d’un nombre croissant d’organisations ou de groupes de travail (FEDEREC, FNADE, COSEI, COMES, etc.) seront au cœur des discussions entre les acteurs prévus à l’occasion de la conférence environnementale organisée au CESE les 20 et 21 septembre, en présence du Président de la République François Hollande, du Premier ministre Jean-Marc Ayrault et du ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l'Énergie, Philippe Martin, dans les murs du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE).

L’économie circulaire est d’ailleurs le thème de la première des cinq tables rondes interministérielles annoncées le 20 septembre, après le discours officiel du Pdt de la République prévu en fin de matinée, lors de la remise de la synthèse des travaux réalisés depuis la fin 2012 sur « la transition énergétique ».

 

Serge Orru, facilitateur de la conférence

« On ne va pas dire d’un claquement de doigt qu’on va passer du jetable au durable, en réglant l’égalité hommes-femmes dans le travail et les autres problèmes, nous ne ferons rien en 6 heures de réunion », prévient Serge Orru, administrateur de l’Institut, ex DG du WWF FRance (World Wide Fund for Nature) retenu par Matignon comme « facilitateur » de la conférence environnementale, pour qui il s’agit ni plus ni moins de parvenir à « imposer un nouveau modèle économique et social », une fois le potentiel évalué.

 

Une loi-cadre et des Etats généraux de l’économie circulaire

« La conférence environnementale devra acter le choix de la France de passer du système linéaire actuel à une économie plus circulaire avec comme objectif prioritaire l’élaboration d’une loi-cadre dans une approche interministérielle et européenne fixant cap et objectifs à moyen et long terme », a déclaré lundi dernier le Président de l’Institut de l’économie circulaire François-Michel Lambert.

« La rédaction de ce texte devra nécessairement s’appuyer sur une réflexion collective et participative, impliquant l’ensemble des acteurs concernés, à travers des états généraux de l’économie circulaire qui pourraient être lancés à l’issue de la conférence environnementale », a-t-il poursuivi.

Eco-conception, définition de l’usage des matières, poser les limites de la valorisation énergétique, réfléchir à l’usage plutôt qu’à la possession des produits fabriqués par nos sociétés font partie des premiers sujets dégagés par le noyau de fondateurs de l’Institut, expliquait lundi dernier Anne de Bethencourt (Fondation Nicolas Hulot), citant l’exemple d’Autolib à Paris comme une expérience allant dans ce sens.

Ce qui implique aussi selon ces acteurs une logique poussée de coopération dans les territoires, où le retraitement des déchets ou la réutilisation des produits devra favoriser l’emploi local, note Anne de Bethencourt citant le consultant global Mac Kinsey qui a évalué ce potentiel en terme de marchés à près de 390 milliards de dollars par an dans les décennies à venir – Bank of American parle de 500 milliards de dollars/an NDLR d’ici à 2050.

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La ferraille entre aussi dans la composition de l'acier brut primaire et des produits longs en acier (Ph SD archives MPE-Média)

Le Conseil Economique, Social et Environnemental a voté lundi dernier un « avis » favorable au financement de la transition écologique et énergétique, en amont de la Conférence environnementale des 20 et 21 septembre à laquelle participe le président Delevoye et six conseillers du CESE :

« Aujourd’hui, la dégradation de l’environnement se caractérise par la présence de risques massifs et interconnectés, dont l’intensité croît de manière exponentielle », explique le rapporteur du CESE M. Gaël Virlouvet, qui ajoute que « pour mettre en œuvre la transition écologique, il faut dégager des marges de manœuvre dans un contexte financier contraint », tout en soulignant que l’objectif reste celui d’une « nouvelle prospérité, source de nouveaux emplois, d’amélioration du bien-être, d’un partage équitable de l’effort et de réduction des inégalités. »

« La lutte contre le changement climatique, la préservation de la biodiversité ou l’accès aux matières premières, appellent à une réponse forte avant que la situation ne devienne irréversible », poursuit le rapporteur du CESE.

« La transition écologique et énergétique, démarche concrète et progressive, est une voie possible pour réagir à ces enjeux, dans la perspective du développement durable. Elle dépasse largement les politiques sectorielles environnementales et rejoint les questions d’emploi, de compétitivité et de bien-être. Mais la transition écologique a un coût : celui d’une anticipation collective qui doit se traduire par des politiques publiques solides, appuyées par des outils financiers adaptés, qui doivent être abordés en tenant compte du contexte socio-économique, pour pouvoir ensuite être mis en œuvre », conclut le CESE.

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La gestion des impacts écologiques et lumineux du gaz de roche américain fait aussi partie de la boucle (ph archives MPE-Média/NASA)

Du côté du Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie, qui vient juste d’officialiser ce mercredi la création d’un nouveau Conseil national de la transition écologique (CNTE), instance visant à « renforcer le dialogue social environnemental », on note que « la Conférence environnementale donnera lieu à la remise officielle de la synthèse du débat national sur la transition énergétique et qu’elle permettra d’avancer sur cinq nouveaux chantiers, que sont l’économie circulaire, les emplois et la transition écologique, la politique de l’eau, la biodiversité marine, la mer et les océans, enfin l’éducation à l’environnement et au développement durable ».

 

Les propositions de la FNADE

De son côté enfin, la FNADE (Fédération Nationale des Activités de la Dépollution et de l’Environnement) a proposé ce mercredi matin 3 mesures qu’elle juge déterminantes :

- Orientation volontariste de 4,5 millions de tonnes de déchets vers l’industrie du recyclage en limitant réglementairement de 25% en 3 ans, les capacités annuelles de déchets traités en centres de stockage ;

- Aide à la création de l’infrastructure industrielle proportionnelle aux emplois pérennes créés : construction de 60 centres de recyclage et de valorisation organique représentant un investissement de 1,2 milliard d’euros réalisé par les professionnels ;

- Aide à l’industrialisation autour des unités de traitement de déchets existantes pour inciter les entreprises à utiliser les capacités thermiques non utilisées.

Le Président de la FNADE Michel Valache, issu du sérail de Véolia Propreté, ajoute que « la conférence environnementale est l’oportunité pour la France de prendre des engagements pour développer son économie circulaire, en se dotant d’une vision forte, nécessaire du développement du recyclage et de la valorisation ».

Des clivages subsistent

« L’économie circulaire rompt avec le schéma traditionnel de production linéaire, qui va directement de l’utilisation d’un produit à sa destruction, auquel il substitut une logique de “boucle”, où l’on recherche la création de valeur positive à chaque étape en évitant le gaspillage des ressources tout en assurant la satisfaction du consommateur », ont résumé les membres fondateurs de l’Institut du même nom.

En France, des clivages subsistent, notamment entre les délégués du MEDEF, de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) qui souhaitent « une étape intermédiaire de recadrage avant la loi-cadre » et les soutiens de l’économie circulaire, qui estiment que celle-ci permettrait de « libérer le modèle en rassurant les décideurs économiques ».

Le Groupe La Poste, FEDEREC, La Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, GRDF, Kedge Business School, Le Syndicat Français des Industries Cimentières, Ecofolio ont déjà fait le pas en entrant délibérement dans le groupe des fondateurs du nouvel Institut, très à l’écoute des actes posés par les entreprises et les organisations qui se disent aussi concernés par le sujet.

« La Chine et d’autres pays en Europe comme la Suisse ont déjà acté leurs lois-cadres, raison pour laquelle nous souhaitons des Etats généraux de l’économie circulaire en France », a déclaré le directeur général de l’Institut Grégory Giavarina, qui propose à ses membres de développer des liens réguliers avec l’ensemble des autres acteurs européens du domaine.

 

Christophe Journet

 

Voir aussi sur :

www.institut-economie-circulaire.fr

BANDO_ASSISES_ENERGIE_2014

BANDEAU_MPE_MEDIA_2013

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Mis à jour (Mercredi, 11 Septembre 2013 20:51)