PARIS/MARSEILLE (MPE-Média) – L’Union des Industries Chimiques (UIC) tire la sonnette d’alarme suite à la hausse récente des prix du gaz qui frappe en particulier les sites chimiques du sud de l’hexagone depuis un changement du mode de fixation du prix du transport du gaz. Verbatim.

L’Union des Industries Chimiques (UIC) appelle instamment les pouvoirs publics français à réagir, d’extrême urgence, face à la situation de crise aigüe dans laquelle sont aujourd’hui placés plusieurs sites chimiques installés au sud de la France, très gros consommateurs de gaz, qui sont menacés à court terme d’arrêt de production par la forte augmentation du prix du gaz du fait du mécanisme d’attribution aux enchères des droits de transport nord-sud, déclare la porte-parole de l’UIC dans un communiqué à la presse ce vendredi 7 mars.

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La ligne de séparation entre le nord et le sud pour les tarifs logistiques du gaz en France (source GRT gaz/ UIC)

"Le gaz pour nous est une double peine car nous l'utilisons en tant qu'énergie et en tant que matière première. Nous consommons 40% de la ressource en gaz achetée par l'industrie française", explique Philippe Prudhon, qui note que l'UIC considère que le prix du gaz payé par des utilisateurs au sud de la France sera le prix du nord plus environ 5€ par MWh non négociable.

L’UIC dit aussi demander la prise immédiate des décisions suivantes :

La création au 1er octobre 2014 d’une zone tarifaire unique en France fusionnant les zones tarifaires nord et sud : "à partir du moment où il y aurait une volonté politique de le faire, cela doit pouvoir se faire. Nous disons que physiquement, les chiffres de la Commission de Régulation de l'Energie entre 2011 et 2013 indique que la liaison nord-sud (79 Térawatts/heure) est passée à 112 TWh en 2013, Fos-sur-Mer recevant 100 TWh en 2011 et seulement 74 TW/h en 2013 soit un déficit de 26 TWh. Montoir-de-Bretagne recevait 59 TWh en 2011 et 12 TWh en 2013. Le flux vers l'Espagne est passé de 21 TWh en 2011 à 39 TWh en 2013. Tout ça concourt à créer une pénurie de gaz dans le sud", expique M. Prudhon.

La prise du décret en Conseil d’Etat, d’ici au 1er juillet 2014, instaurant l’obligation transitoire, pour les Obligés de Service Public de gaz (les sociétés délégataires d'OSP) jusqu’à fin 2018, d’importer physiquement dans les terminaux français les quantités de Gaz Naturel Liquéfié (GNL) nécessaires au rééquilibrage physique du marché sud France, en toutes circonstances . A partir du moment où les stocks sont faibles et les flux tendus, nous devons avoir une plus grande fluidité dans le sud de l'hexagone pour ne pas avoir à gérer une pénurie en faisant face à une concurrence internationale, précise le porte-parole de l'UIC.

Le lancement immédiat des travaux de construction des nouveaux gazoducs « Val de Saône » et « Gascogne-Midi » pour une mise en service fin 2018, afin d’assurer l’équilibrage physique définitif de la zone sud.

Effet post Fukushima

L'UIC précise que depuis la fin 2013, des alertes avaient déjà été exprimées concernant ce risque.

Comme exprimé l’an dernier, l’UIC souligne aussi que Fukushima a eu pour conséquence une modification importante des flux sur le marché du gaz naturel liquéfié dans le monde, au détriment de l’Europe et en particulier de la France qui a vu lui échapper près de 50% des volumes dans ses terminaux de Montoir et de Fos-sur-Mer qu’elle achetait jusqu’alors, ceux-ci étant captés par les grands acheteurs de gaz du Japon et de quelques autres pays d’Asie du Sud-Est.

L’UIC parle de « rareté physique parfaitement identifiée depuis deux ans », rareté qu’elle juge « amplifiée depuis le dernier trimestre où les opérateurs sont venus disputer aux industriels consommateurs les rares capacités disponibles ».

 Le delta de prix entre la zone nord et la zone sud pour les prix récents du gaz en France approchaient les 3€/MWh lundi 10 mars mais les enchères ne sont pas terminées car les volumes demandés restent supérieurs à ceux disponibles sur le marché depuis plus d'une semaine.

Le gaz coûte actuellement de 20 à 25€/MW en France, contre environ 8€/MWh aux Etats-Unis dans la même période.

 

Hausse de 20% du coût du gaz pour le sud France

Selon l’UIC, on observe des pointes journalières à 17€/MWh du prix de passage du gaz et une moyenne de 5€/MWh pour un coût réel de 0,6MWh soit une surcharge de coût de 20% pour les sites industriels situés au sud de la France. Cette situation a conduit la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) à mettre aux enchères les capacités de transport nord-sud pour les quatre ans à venir, solution jugée inefficace par les industriels après une période d'observation de ses effets économiques sur les utilisateurs.

La réunion avec les pouvoirs publics tenue le 27 février dernier à Paris n’a pas permis de débloquer la situation, ajoute l’UIC qui souligne que « les enchères en cours depuis le 3 mars contribuent à une accélération de la distorsion de concurrence nord-sud sur le prix du gaz au lieu de la réduire ».

Aussi l’UIC demande-t-elle au gouvernement de prendre immédiatement les trois mesures qui ont émergé au fil de la concertation comme les seules mesures structurelles possibles :

1 - L’annonce rapide de la création au 1er octobre 2014 d’une zone tarifaire unique en France.

2 - La prise du décret, avant le 1er juillet 2014, d’importation de GNL nécessaire pour quatre ans d’application.

3 - Le lancement immédiat des travaux des nouveaux gazoducs à réaliser selon une procédure de travaux accélérée d’ici fin 2018, du fait de leur caractère d’intérêt vital national.

Contacté par nos soins, le ministre du Redressement Productif n’a pas répondu à nos questions écrites à ce sujet. 

Aucune réaction officielle des pouvoirs publics n'a été enregistrée non plus par les dirigeants de l'UIC au début de la semaine suivant cette alerte.

La Rédaction

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Mis à jour (Mardi, 11 Mars 2014 18:04)