PARIS (MPE-Média) - Regardez toujours qui se cache derrière les montages financiers de reprise d'activités industrielles. Et quels intérêts défendent les plus visibles. Le cas d'Ascométal ne déroge pas à la règle et c'est justement pour cela qu'il est diablement intéressant. Réponse jeudi prochain à Nanterre.

L’enjeu majeur dans la période n’est bien sûr jamais le même pour tous. Dans la semaine à venir, au moins autant que pour ALSTOM, l’enjeu majeur pour ASCOMETAL, grande figure de la sidérurgie européenne et française sera de savoir si le Tribunal de Commerce de Nanterre évitera que ce joyau du métal made in France tombe dans l’escarcelle d’un autre grand étranger du même secteur, le brésilien GERDAU, dont l’émissaire espagnol SIDENOR tente actuellement de persuader les autorités en charge du dossier que sa solution est la bonne, car il veut récupérer des parts de marché des aciers mécaniques et de spécialité détenus par Ascométal.

Gerdau impressionne l'administrateur judiciaire Francisque Gay, avocat par sa masse critique, son développement en Amérique du sud depuis plus de cent ans et aux Etats-Unis plus récemment, ses 60 aciéries très axées acier électrique et aciers spéciaux, mais n'a que peu d'expérience du marché européen hormis celle de sa filiale espagnole récente SIDENOR.

Mais surtout et incontestablement, cette solution jouerait contre celle bien plus sûre à moyen et long terme et pour l’emploi en France, que propose l’ex Directeur de Cabinet de Christine Lagarde Frank SUPPLISSON, avec le soutien du producteur d’acier technique et spéciaux suédois OVAKO, de deux grands dirigeants français, l'ex Patron d'AIRBUS Noël Forgeard et l'ex PDG d'ARCELOR tout court Guy Dollé et de quelques autres. Le groupe Ovako vient de poster un résultat en hausse de 20% sur le T1 2014 et d’ouvrir un appel aux investisseurs à un taux motivant.

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Le périmètre du groupe Ovako (Source Ovako Group)

Ovako ouvre cette année une nouvelle coulée continue à Smedjebacken en Suède et fait partie des producteurs européens les plus innovants. Ascométal a donc tout à gagner dans ce deal où la majorité des parts reste française et bénéficiera en plus de l’expertise d’un des vrais meilleurs européens, comparable en qualité de produits et sur le plan de l'innovation à l’autrichien voestalpine.

 

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Ovako adossé au Fonds nordique TRITON

Ovako, producteur d'acier suédois dont le PDG Tom Erixon (photo ci-contre) est un authentique francophile est en fait un groupe adossé au fonds d'investissement nordique TRITON, lui-même composé de plusieurs filiales détenues par des associés et basées en Suède, à Jersey, en Allemagne, au Royaume-Uni, au Luxembourg, en Chine, l'entité suédoise étant la seule à être indépendante des autres.

Les associés de Triton proviennent de Lehmann Brothers, Morgan Stanley, GE Capital, Kinnevik, de fonds danois, anglais, de chez Simmons & Simmons, Deloitte, PWC, Allianz, la structure de ce fonds étant réparties en cinq entités dotées au total de près de 7,7 milliards d'euros.

 

Livrer Ascométal à son concurrent hispanique GERDAU-SIDENOR, c’est à coup sûr la fermeture du site de Fos-sur-Mer d’ASCOMETAL, et le rapt des parts de marché de ses filiales de Dunes (Nord), d’Hagondage (Moselle, une fois de plus), un vrai cheval de Troie dans l’automobile qui dépend encore pour partie des pièces mécaniques haute performance que seul ASCOMETAL sait réaliser. Un choix certes, mais un choix décisif : Bercy dit soutenir le projet français mais ne l’avait pas fait lorsqu’il a livré Rio Tinto Alcan Saint-Jean-de-Maurienne au groupe allemand TRIMET AG dont on croit pourtant savoir qu’il connaît actuellement des difficultés à l’international, en Russie notamment.

Les délégués syndicaux centraux de la CGT et de la CFDT préfèrent l'offre Supplisson-Ovako au projet Gerdau Sidenor car les premiers leur garantissent le maintien de l'emploi et l'évolution du site de Fos-sur-Mer alors que le second veut fermer à minima quelques 300 emplois sur les 1900 que compte Ascométal et que souhaite conserver le plan de Frank Supplisson. Ce dernier est soutenu par le Ministère du Redressement Productif, dont un représentant est monté au créneau auprès du juge de Nanterre pour dire sa préférence.

"Nous pensons qu'un Ascométal indépendant, avec un bon soutien industriel et financier, constitue la meilleure façon de faire évoluer ce groupe vers une affaire profitable et retrouvant la croissance", a déclaré le PDG d'Ovako Tom Erixon dans un communiqué récent cosigné par Frank Supplisson, premier porteur du projet dont il restera le timonier par la suite si le juge de Nanterre lui en donne la possibilité.

Christophe Journet

Voir aussi sur:

http://www.ovako.com/en/

http://www.triton-partners.com/investments/

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