PARIS (MPE-Média) – La production mondiale de matières plastiques a augmenté de 4% à près de 300 millions de tonnes (Mt) en 2013 mais la part de l’Europe continue à baisser et celle de l’Asie d’augmenter, alerte PlasticsEurope. Détails.

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(Graphique source PlasticsEurope)

En 2013 la production mondiale a quasiment atteint les 300 MT, donnée en hausse de pratiquement 4%, a déclaré le Directeur général de PlasticsEurope Michel Loubry lors d’une récente présentation à Paris.

« Le développement de la production de matières plastiques qui avait été très affecté par la crise de 2009 a repris sa progression, même si celle-ci reste en dessous du taux de croissance annuel moyen (+8,9%) enregistré depuis 1950 », poursuit la même source.

« Surtout, il est à noter qu’entre 1990 et 2013, la production de thermoplastiques a triplé. Au sein de cette large famille de polymères, certains connaissent un niveau de progression fulgurant. Ainsi dans la même période, la production de polypropylène (PP) a quadruplé, celle du polycarbonate (PC) a été multiplié par 7, celle du PET a été multiplié par 10 », continue le DG de PE.

PlasticsEurope s’attend d’ailleurs à une progression de +20% d’ici 2018, tous thermoplastiques confondus. L’Asie avec notamment la Chine se taille la part du lion avec plus de 45% de la production mondiale : « La Chine est en passe d’en assurer le quart à elle seule. Ceci se fait au détriment d’autres régions du Monde et en particulier de l’Europe qui, avec 20% de la production mondiale, voit sa part diminuer (24% en 2009) », ajoute M. Loubry.

Un chiffre qui ne trompe pas pour PlasticsEurope qui voit là l’un des signes de « la perte de compétitivité de l’industrie chimique européenne face au reste du monde. »

 

Plusieurs faits à observer

 

Alors que la production de matières plastiques dans le monde continue à se développer à un niveau supérieur à la croissance du produit intérieur brut, PlasticsEurope observe les modifications suivantes des équilibres mondiaux :

 

• un transfert de la croissance des marchés vers l’Asie et l’Amérique du Sud,

• la construction de nouvelles capacités en Asie pour répondre à une demande locale gigantesque,

• l’apparition de nouvelles capacités liées aux gaz de schiste et à l’accès aux matières premières à un prix compétitif (gaz, pétrole),

• l’émergence au Moyen Orient d’une “plateforme de production“ conçue pour l’export,

• une récession en Europe entraînant une baisse de la consommation,

• une pression réglementaire constamment accrue en Europe.

 

L’effet gaz de roche et le cas de l’éthylène

Les Etats-Unis disposent, après la Chine, des réserves de gaz de roche les plus importantes au monde, soit 24,4 trillions de m3 de ressources de gaz de schiste techniquement récupérables, explique Plastics Europe.

L’exploitation de ces réserves est devenue opérationnelle dès 2008, en même temps que frappait la crise économique. Les pétrochimistes américains bénéficient par ailleurs d’un autre avantage non négligeable par rapport à leurs homologues européens : la majorité de leurs installations est déjà basée sur le gaz, contrairement aux installations européennes qui fonctionnent sur base naphta, explique PlasticsEurope, dont les dirigeants décomptent à ce jour 97 projets représentant 72 milliards d’euros d’investissements dont la plupart est directement liée à la production d’éthylène : pour l’adaptation d’usines anciennement base naphta ou la construction de nouvelles unités.

Si tous les projets sont menés à leur terme, pas moins de 20% d’augmentation de la production d’éthylène se profilent à horizon 2017 (Source American Chemical Council), poursuit le DG de PlasticsEurope.

Selon une analyse du CEFIC* et de l’ICIS**, le coût de l’éthylène payé comptant en Europe s’élève à plus de 1.200€, contre 500€ aux USA, en dessous du prix auquel il était payé par tous en 2005. Soit un différentiel de 700€ en défaveur des industriels européens, explique le DG de PlasticsEurope.

A très court terme, les pétrochimistes américains devraient être bien plus présents à l’export pour capitaliser ainsi sur l’avantage compétitif que leur offre leur coût de production. Si le pourcentage de polymères (PE, PP, PVC) produits sur le sol américain et exportés s’élevait à 12% en 2008, il a atteint 22% en 2012 et pourrait grimper jusqu’à 33% à horizon 2015.

« La perte de compétitivité des producteurs de matières plastiques européens risque d’hypothéquer à moyen terme, la pérennité des industries aval implantées en Europe. L’Europe, dont la France, pourrait voir sa balance commerciale affectée par la redistribution des cartes à niveau mondial », conclut M. Loubry.

 

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Production de matières plastiques : France vs EU et principaux pays (Indice 2010 = 100 source PlasticsEurope)

 

L’effet combiné de la récession et de l’apparition de nouvelles capacités de production en Asie, au Moyen- Orient et sur le continent américain conduira à une restructuration certaine en Europe, affirme PlasticsEurope

Selon PlasticsEurope, à court terme les fermetures en Europe pourraient représenter une baisse de production régionale de 4 Millions de tonnes (12 % de la capacité actuelle), essentiellement des commodités.

 

Les rationalisations vont permettre à l’industrie des matières plastiques :

• d’être plus efficace sur le plan énergétique,

• de réduire son impact sur l’environnement,

• et de se focaliser sur la fourniture de valeur ajoutée.

 

Une situation encore à peu près préservée en Europe

« Les industries consommatrices de matières plastiques en Europe (UE 27) avec un volume de 46 MT de matières plastiques achetées en 2013 n’ont toujours pas retrouvé leurs niveaux d’avant la crise de 2008, même si on note une tendance à la reprise », souligne M. Loubry.

 

L’agro-alimentaire tire la demande

L’industrie automobile (8,2% de la demande en matières plastiques) qui avait enregistré une baisse de production sensible montre une reprise, la construction (19,5% de la demande) en chute continuelle depuis 2008 repartirait et le secteur des boissons et de l’agro-alimentaire (39,5% de la demande) qui n’avait pas trop souffert, est stable. Tous secteurs d’activité confondus, la vente aux transformateurs est quasi stable (+0,1%), détaille Plastics Europe.

A noter que la pression sur les importations se fait déjà sentir. De 12% en 2005, elle est passée à 16,2% en 2013.

 

En France, des perspectives plutôt meilleures

En France, la filière plastique (industries de production et de transformation) totalise un chiffre d’affaires de 32,4 milliards d’euros. Elle compte 3.860 entreprises (dont 200 pour la production) et emploie 141.400 salariés. A l’instar de l’Europe, la production industrielle en France n’a toujours pas retrouvé ses niveaux d’avant la crise et les mêmes tendances à la reprise se manifestent selon les secteurs consommateurs, analyse le DG de PlasticsEurope Michel Loubry.

Alors qu’elle semblait être repartie en 2012 (+1,4%), la production de matières plastiques en France (4,47 MT) s’est à nouveau ralentie en 2013 (-0,8%). 2014 devrait cependant voir une amélioration des niveaux de production (+2,5%). En effet, concentrée sur les matières plastiques de spécialité, la France tire son épingle du jeu face aux principaux pays de l’Europe de l’Ouest.

 

L’Europe consomme européen

Sur le long terme, la part la plus importante de la consommation européenne devrait toujours être produite en Europe, modère le DG de PlasticsEurope.

La filière plastique contribue largement au développement et à l’innovation dans ses secteurs clients : emballage, BTP, automobile, aéronautique, E&E, agriculture, médical, équipement de la maison, loisirs et sport, etc.

L’Institut Ambrosetti a démontré, dans une récente étude sur la compétitivité de la filière plastique en Italie et en Europe, que « 10% de valeur ajoutée supplémentaire dans la filière plastique, se traduit par 4,4% de valeur ajoutée supplémentaire dans l’ensemble du secteur manufacturier.

En Italie, 100€ de PIB supplémentaire dans la filière plastique se traduisent par 238€ de PIB supplémentaire pour l’économie nationale, et 1 emploi supplémentaire dans la filière plastique équivaut à 2,74 emplois supplémentaires dans le secteur industriel. »

 

Pour PlasticsEurope, là est le point clé : « Cette dynamique de développement et d’innovation conditionnée par la proximité géographique entre producteurs de matières plastiques et industries de transformation doit absolument être préservée. »

 

C.J. avec Accoms

*CEFIC, Conseil Européen de l’Industrie Chimique

**ICIS Trusted market intelligence for the global chemical, energy and fertilizer industries

 

A propos de PlasticsEurope - PlasticsEurope est l’association qui fédère les producteurs de matières plastiques en Europe et compte parmi les principales associations professionnelles européennes. Elle possède des bureaux à Bruxelles, Francfort, Londres, Madrid, Milan et Paris. Cette organisation collabore avec des associations européennes et nationales de l’industrie plastique et regroupe environ 100 sociétés membres qui produisent plus de 90 % de tous les polymères dans les 28 États membres de l’UE, ainsi que la Norvège, la Suisse et la Turquie. La filière plastique européenne emploie plus de 1,45 millions de personnes dans environ 62 000 entreprises (principalement des petites et moyennes entreprises dans le secteur de la transformation) et génère un chiffre d'affaires excédentaire de 300 milliards d'euros par an.

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Voir aussi sur :

www.plasticseurope.org

www.plasticsconverters.eu

www.euromap

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