GRENOBLE (MPE-Média) – La crise ukrainienne divise les experts concernant son impact sur les prix de l’énergie en Europe. Les experts énergie de Grenoble Ecole de Management ont débattu ensemble de la question et publié leur « baromètre du marché de l’énergie » pour la 2e fois cette année. Explications.

Crise ukrainienne, transition énergétique, évolution des prix de l’énergie sont les sujets d’actualité passés au crible de la 2e édition du Baromètre du marché de l’énergie. Avec toujours le même objectif pour Grenoble Ecole de Management : « prendre le pouls de ce secteur d’activité », explique Anne-Lorène Vernay, enseignante-chercheuse de GEM, spécialisée énergie et entreprises.

« Pour cette nouvelle édition du Baromètre du Marché de l’énergie de Grenoble Ecole de Management, nous nous sommes focalisés sur la crise ukrainienne et son impact sur l'approvisionnement énergétique, les orientations de la politique de l'énergie en France, les conséquences économiques de la transition énergétique et l'évolution des prix de l'énergie » explique Joachim Schleich, chercheur à Grenoble Ecole de Management et coordinateur de l’enquête.

Il ajoute « Les résultats des questions sur les conséquences de la crise ukrainienne sont comparés à ceux d’un baromètre similaire en Allemagne, réalisé par le Centre de recherche économique européenne (ZEW). »

141006_GEM_BARO_EN

Les experts sont divisés sur la sécurité des apprivisionnements en énergie suite à la crise en Ukraine (Source GEM- Baromètre Energie 2014)

Parmi les enseignements majeurs à retenir :


1/ Impact de la crise Ukrainienne :

- Les ¾ des experts du panel interrogés jugent, qu’avec le conflit ukrainien, la fiabilité de la Russie en tant que fournisseur de gaz naturel est remise en cause. A ce sujet, les experts allemands sont plus optimistes et sont seulement 47 % à considérer la Russie comme un fournisseur moins fiable.

- Sécurité des approvisionnements en France : la question divise les experts. Ils sont en effet la moitié à penser que la situation a empiré soit légèrement (47%) ou fortement (3%). L'autre moitié considère que la situation est restée inchangée. La réponse est mitigée.

- Concernant l’Europe, les experts français s’attendent à des conséquences plus graves. Ils sont en effet 81 % à trouver que la situation s’est dégradée. Leurs homologues allemands sont, quant à eux, seulement 47 % à le penser.

« A première vue, ces résultats sont un peu surprenants, puisque l'Allemagne dépend beaucoup plus des importations d'énergie en provenance de Russie que la France. Il est possible que le jugement des experts allemands soit guidé par le fait que la Russie ait été un partenaire énergétique fiable pour l'Allemagne dans le passé. Dans tous les cas, il n'est pas dans l'intérêt économique de la Russie de mettre en péril sa position à long terme en tant que premier fournisseur de gaz de l'Europe » explique Joachim Schleich.

Les experts français et allemands identifient les mêmes mesures pour assurer la sécurité des approvisionnements de l’UE : renforcer l'intégration du marché européen de l'énergie, investir dans les infrastructures de gaz naturel liquéfié et, surtout, améliorer l'efficacité énergétique afin de diminuer la consommation de gaz naturel.

 

2/ Politique énergétique française :

- Le fort accent mis sur l'efficacité énergétique par le gouvernement est justifié pour les experts interrogés. Ils sont en effet 61 % à penser son amélioration comme prioritaire.

«L'accent sur les prix et la sécurité d'approvisionnement dans le débat actuel sur la politique énergétique française semble quelque peu disproportionné » précise Anne-Lorène Vernay, chercheur membre de l’équipe énergie de GEM.

« En effet, près de 50 % des experts observent que la question des prix de l'énergie pour les ménages est une priorité de la politique énergétique actuelle, seulement un quart d’entre eux pensent que cela est justifié. Cela peut s’expliquer par le fait que l’électricité est facturée aux ménages français à un prix parmi les plus bas d’Europe », ajoute Anne-Lorène Vernay.

- La transition énergétique française devrait impacter négativement les énergéticiens traditionnels, mais bénéficier aux fournisseurs de technologies et à l'économie dans son ensemble. 42 % estiment que la compétitivité des fournisseurs d‘énergie va décliner, et 81 % pensent que les constructeurs et ingénieurs d'équipements énergétiques présent en amont de la filière seront les principaux bénéficiaires.

Dans l'ensemble, près de 60 % des experts estiment que la transition énergétique aura des effets positifs (46 %) ou très positifs (13 %) sur l'économie française au cours des 5 prochaines années.

 

3 / Evolution des prix des marchés :

- La plupart des experts estiment que les prix de l'électricité, du gaz, du pétrole et du charbon demeureront relativement stables au cours des 6 prochains mois, mais qu’ils vont augmenter au cours des 5 prochaines années (sauf charbon). Des résultats stables par rapport à la précédente édition.

141006_GEM_BARO_EN_02

Le coût des certificats de CO2 (Source GEM Baro 2014)

- Les projections de prix pour les certificats d‘émission de CO2 ont légèrement augmenté par rapport à l’édition précédente du Baromètre, en particulier pour le moyen terme. Joachim Schleich note que « cela indique que les actions récentes de la Commission européenne telles que le backloading ou la proposition d’objectifs d'émissions plus ambitieux, n'ont pas convaincu les experts que le prix des certificats allait augmenter de façon substantielle ».

A propos du Baromètre du marché de l’énergie GEM -
Le Baromètre GEM du Marché de l’Energie est une enquête semestrielle menée auprès d'experts du marché de l'énergie provenant des secteurs de l'industrie, la science, et l'administration publique en France. Ces experts sont invités à donner leur évaluation de court, moyen et long terme sur l'évolution des marchés nationaux et internationaux de l'énergie. L'enquête est conçue en étroite collaboration avec le ZEW, le Centre de recherche économique européenne, qui a réalisé un baromètre similaire en parallèle pour l'Allemagne. Cette enquête a été conduite en juin 2014 et implique 113 participants en France.

 

Ce qu’il fallait retenir de la précédente édition publiée en janvier 2014 :

• Deux experts sur trois pensent que l’exploration du gaz de schiste sera autorisée en France un jour.

• Il faudra à la France environ 30 ans pour faire tomber la part du nucléaire dans la production d’électricité de 76 % (part actuelle) à 50 %.

• Les experts interrogés estiment, pour la plupart, que les prix de l’électricité, du gaz, du pétrole brut, du charbon et des certificats d’émission de CO2 resteront relativement stables ces 6 prochains mois, mais augmenteront au cours des 5 prochaines années.

 

LA REDACTION

 

A propos de Grenoble Ecole de Management - Créée par la CCI de Grenoble en 1984, Grenoble Ecole de Management est l’une des meilleures écoles de management françaises (6e sur 30) et européennes (27e sur 100). Elle forme chaque année 6.000 étudiants et cadres au sein de ses 50 programmes nationaux et internationaux, allant du Bac + 3 au doctorat. Accréditée EQUIS, AACSB et AMBA, membre de la Conférence des Grandes Ecoles et régulièrement classée dans la presse internationale et nationale, Grenoble Ecole de Management compte parmi les rares business schools mondiales à détenir cette triple accréditation, gage de la qualité de ses activités. Basée à Grenoble, ville d’innovation, Grenoble Ecole de Management a développé une solide expertise autour du Management de la Technologie et de l’Innovation. Grâce à cette spécificité unique en France, l’Ecole est aujourd’hui membre fondateur du campus mondial d’innovation GIANT (Grenoble Innovation for Advanced New technologies), qui représente un investissement d’1,3 milliard sur 5 ans.

 

Plus de détails sur :

http://www.grenoble-em.com/2428-barometre-gem-du-marche-de-l-energie-1.aspx

141001_FLYER_NUIT_MPE_CDAF

Retour vers le haut

Mis à jour (Mardi, 07 Octobre 2014 08:32)