PARIS (MPE-Média) -  Jean-Pierre Clamadieu, PDG de Solvay succède à Kurt Bock, PDG de BASF à la présidence du CEFIC, l'union européenne des industriels de la chimie, à l'occasion de la Convention annuelle de cette organisation à Paris. La question de l'énergie était au centre de cette convention. Explications. 

La Convention annuelle du groupe européen des industriels de la chimie dresse à la fois un constat de moindre activité économique en Europe dans la période et notamment pour le second trimestre 2014, et pourtant anticipe une hausse de 1,5% de la production de la chimie européenne : "Si nous arrivons à sauver une croissance de 1% en Europe ce sera déjà pas mal", a confirmé le Pdt sortant du CEFIC Kurt Bock (BASF).

141017_CEFIC_DESK_00

De gauche à droite : Hubert Mandery (SG CEFIC), Jean-Pierre Clamadieu, Kurt Bock nouveau président et Pdt sortant du CEFIC (ph CJ MPE-Média)

"Nous avons parlé de la compétitivité de nos industries remise en question par les politiques européennes. Nous devons être sûrs que la décarbonation de nos industries en Europe ne rime pas avec la désindustrialisation, alors que nous avons besoin de plus de moyens et de plus d'emplois", a déclaré le Président sortant du CEFIC Kurt Bock au moment de ce passage de témoin.

Le nouveau Président du CEFIC Jean-Pierre Clamadieu dit ne pas avoir vu beaucoup de différence de tendances économiques depuis l'été. Evoquant le dossier du gaz de roche, M. Clamadieu estime qu'il faudra du temps avant que les conditions d'exploitation soient possibles en Europe où n'existe pas "l'incroyable alignement de points favorables à cette exploitation dont ont bénéficié les Etats-Unis. Ce n'est pas une panacée non plus pour l'Europe, ce ne serait qu'un des éléments qui pourrait améliorer la position de l'Europe sur ce terrain de l'énergie", explique-t-il.

"Il n'y aura pas de différence entre nos messages. Les priorités du CEFIC durant les deux années à venir sont les suivantes : assurer la force des industries chimiques européennes, en harmonisant nos échanges avec les institutions européennes", a déclaré le nouveau Président J.-Pierre Clamadieu. La seule chose que demandent les industriels chimistes est de pouvoir faire des expérimentations en Europe pour savoir si les réserves de gaz de roche sont exploitables dans de bonnes conditions.

Le prix du carbone

La question du prix du carbone et d'un outil de marché correct pour coter le carbone a été posée : "le système des ETS était un bon système. Certains n'aiment pas ce système qui donne un signal précis sur le prix du carbone, mais il est difficile de penser qu'on peut arriver vite à un seul prix pour l'ensemble de la planète, nous en sommes encore loin", a répondu M. Clamadieu.

"Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Le système de mise à prix des quotas peut être amélioré dans l'intérêt de tous et éventuellement étendu à d'autres régions du monde", ajoute le nouveau président du CEFIC.

L'innovation est le premier objectif

"L'innovation est le premier objectif. C'est immodeste mais je crois que nous avons tout pour être les leaders. Lorsque les PDG de la chimie parlent avec les PDG des équipementiers, ils savent trouver les solutions aux questions posées pour trouver de nouveaux matériaux plus performants, plus en adéquation avec les besoins de l'industrie, dans l'automobile comme ailleurs", a continué le nouveau Pdt du CEFIC.

Par exemple, J.-Pierre Clamadieu prend l'exemple de l'automobile "où de vraies innovations ont lieu". M. Bock renchérit en estimant que la compétition est "rude sur ce plan entre les chimistes européens, mais qu'il serait difficile de favoriser une marque ou un cas précis dans le cadre de cette conférence".

M. Clamadieu note qu'en 10 ans, l'industrie européenne a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 70%, selon un rapport récent du CEFIC, qui passe en revue l'ensemble des secteurs de la chimie qui participent à cet effort de décarbonation des procédés et pratiques de production.

L'Europe = moins de 20% des GES 

Le nouveau Pdt du CEFIC apprécie le fait que les dossiers de l'énergie et de l'industrie soient à présent confiées à la même direction de la nouvelle Commission européenne : "l'Europe doit réaliser ce que nous représentons réellement en matière d'émissions de gaz à effet de serre, moins de 20% du volume mondial des émissions. Nous ne changerons pas le monde seuls. Une fois posées les objectifs de réduction des émissions, comment règle-t-on la question du coût du carbone? La volonté de l'Europe d'être leader sur le front du changement climatique peut avoir des effets contraires à ses intérêts réels", a ajouté M. Clamadieu.

"Le CEFIC n'écrit pas les lois et règlements. Mais en discutant avec diverses organisations, nous pensons qu'il faut nous concentrer sur la description de ce que nous sommes, sur ce dont nous avons besoin pour aller là où nous voulons aller", a répondu M. Clamadieu en réponse à une question sur les directions à proposer à la nouvelle Commission européenne, ainsi qu'au Parlement européen "où de nombreux nouveaux parlementaires sont entrés récemment".

Christophe Journet

 

A propos du CEFIC - Le CEFIC rerpéente 29.000 sociétés en Europe. Il est dirigé par Hubert Mandery, chimiste et ancien chercheur de BASF passé par la direction des affaires du groupe en Afrique du sud et sub-saharienne de 2007 à 2009. Les exportations extra-européennes des membres du CEFIC ont baissé au premier semestre 2014 de 1,9 milliard d'euros, malgré une tendance à long terme de croissance de la production des chimistes européens, qui perdent toutefois des parts du marché mondial au profit des émergents mais aussi des Etats-Unis. 

 

Voir aussi sur:

www.cefic.eu

NUIT_MPE_2014_01

NUIT_MPE_2014_02

ADHEREZ A MPE-MEDIA 2014

 

Retour vers le haut

Mis à jour (Vendredi, 17 Octobre 2014 13:07)