PARIS (MPE-Média) – Les premières séances de la Convention d’automne du Bureau International du Recyclage (BIR) réuni à Paris depuis dimanche 26 octobre concernaient les textiles - pour lesquels le BIR a créé un nouvel observatoire international composé d’experts - puis les plastiques, un secteur en pleine évolution également. Détails.

L’une des particularités du recyclage des textiles usagés est le taux élevé de récupération et de réemploi des effets collectés, avec plus de 50% de réutilisation à partir des collectes, « ce qui est exemplaire du point de vue de la hiérarchie des modes de traitement », a déclaré M. Mehdi Zerroug, le Président de la Division Textiles du BIR, PDG de FRAMINEX (France), insistant sur la nécessité de la recherche de nouvelles et meilleures pratiques de valorisation et de recyclage des textiles, tout comme sur celle du « partage d’expériences ».

La création d’un observatoire des pratiques de recyclage des textiles et des projets de R&D en cours dans le monde a été amorcée cette année lors de la précédente convention du BIR à Miami, a précisé M. Zerroug. Ce « Textile Recycling and R&D watch » inclut Eco TLC en France, l’éco organisme que préside M. Alain Claudot, l’organisme britannique WRAP et BIO-Service (Deloitte, lire plus bas).

 141027_BIR_TEXTILE

La séance de la division "Textiles" présidée par M. Zerroug, 3e en partant de la gauche (ph MPE-Média)

Recyclage des chaussures

Le recyclage des chaussures – à propos duquel M. Mathieu Hestin, consultant chez Deloitte pour BIO Intelligence Service SAS a présenté un point de vue documenté dans l’hexagone où 415 millions de paires sont consommées chaque année – a été pris comme illustration de la complexité du recyclage de produits fabriqués en utilisant plusieurs matières dont les textiles mais aussi le cuir, les plastiques, le caoutchouc, des polymatériaux de synthèse, un peu de métal aussi.

L’anglais Andrew Gilbert (WRAP) a détaillé le plan d’optimisation du caractère vert et durable du secteur textiles-habillement-chaussures associant les concepteurs, les fabricants, les commerçants, les consommateurs, les réparateurs ou réutilisateurs et les recycleurs. A l’échelle européenne, ce programme vise à sortir 90.000 tonnes par an de déchets textiles des circuits de l’enfouissement et/ou de l’incinération et plus de 500.000 tonnes par an d’ici à 2020, pour gagner 10 Mt. De CO2 par an et économiser 3,5 milliards de m3 d’eau

WRAP a engagé au Royaume-Uni une campagne de sensibilisation sur ces thèmes, en tous points comparable à celles qu’Eco TLC a lancées et conduites en France ces dernières années. Des campagnes vertueuses qui ont déjà touché les politiques et quelques décideurs, même si l’ensemble de la population n’est encore que partiellement acquise à ces comportements de préservation de nos écosystèmes.

 

Les plastiques, des situations très différentes dans le monde 

Prenant la parole pour ouvrir la séance consacrée aux plastiques recyclés par les membres du BIR dans le monde, le président belge de la division plastiques du BIR M. Surendra Borad Patawari (Gemini Corp.) a bien mis en évidence les différences d’approche et de résultats constatés pour ces pratiques dans le monde : « l’Europe ne peut exporter des déchets de plastiques que vers 74 pays sur 192 recensés sur la planète. A contrario les Etats-Unis ont exporté en 2012 pour 27 milliards de dollars vers 160 pays, note le Pdt de l’ISRI, l’institut du recyclage des déchets américain ».

Surendra Borad a noté que cette différence était surtout due à la lourdeur des procédures en vigueur en Europe, démarches qui freinent ces développements chez nous au lieu de favoriser le développement de la pratique

Grégory Cadot (FR, Veolia Propreté) a présenté le marché européen des déchets plastiques comme étant plutôt stable, suivant la même tendance qu’au premier semestre 2014, quoique marqué par une légère baisse des volumes de PP et PET disponibles pour le recyclage : « en septembre, les prix de toutes les références de produits intermédiaires plastiques ont chuté mais dans le même temps les prix des déchets plastiques sont restés stables grâce à une bonne demande et à moins de volumes disponibles sur le marché », a-t-il déclaré.

M. Steve C.K. Wong (Chine, CSPA) a ensuite dressé un tableau en deux parties de la situation du recyclage des plastiques en Chine : « juste avant de venir ici j’ai entendu parler d’une chute des prix des plastiques en Chine. L’avenir du secteur va être exigeant en Chine, où tout le monde va devoir chercher la valeur ajoutée », a précisé le délégué chinois du BIR. Là aussi, les incidences règlementaires impactent encore ces métiers, même si des directives douanières récentes sont mises en application par Pékin pour mieux réguler les importations et les exportations de matières plastiques, à compter du premier janvier 2015.

M. Wong a précisé qu’un nouveau mode d’administration des importations par mer et par air de scraps plastiques est entré en vigueur en Chine le 22 septembre dernier, qui concerne 7 ports de la région du Guangdong dont Guangzhou, système qui sera appliqué aussi à la logistique routière à compter du début décembre 2014.

L’allemande Naemi Denz (VDMA, association professionnelle allemande spécialisée en ingéniérie) a présenté aux membres du BIR un état de l’art des technologies du recyclage des plastiques, tant sur le plan du broyage des produits, que sur celui de la séparation des impuretés, de la décontamination de lots contaminés, mais aussi sur le plan de l’efficacité énergétique, « une compétence bleue », dans le cadre du recyclage des matières plastiques qui demande beaucoup plus d’énergie que d’autres matières : « il est possible de gagner jusqu’à 30% de coûts énergétiques dans les machines d’approvisionnement forcé en matières et en utilisant de nouveaux systèmes de lavage sans produits chimiques et avec d’autres procédés thermiques.

 141027_BIR_PLASTIQUES_LOUBRY

Michel Loubry, intervenant au BIR pour PlasticsEurope (Ph CJ MPE-Média)

PlasticsEurope au BIR

« L’enfouissement des déchets plastiques est encore souvent la solution dans de nombreux pays. Ceux qui proscrivent l’enfouissement ont généralement les meilleurs taux de collecte et de recyclage des plastiques », a expliqué le Directeur général Ouest Europe de PlasticsEurope M. Michel Loubry intervenant durant la même séance.

« La valorisation énergétique est une option complémentaire au recyclage pour produire de l’électricité et de la chaleur. En Europe, nous observons une hausse des collectes, une hausse du recyclage davantage que de la valorisation énergétique. C’est la raison pour laquelle PlasticsEurope promeut le zéro déchet plastique en décharge d’ici à 2020. Depuis 1995, le progrès est exponentiel. De 2020 à 2037, nous pourrons économiser jusqu’à 80 millions de barils de pétrole en développant la collecte, le recyclage ou la valorisation énergétique des déchets plastiques », a poursuivi M. Loubry, qui note statistiques à la clé que la production d’énergie progresse moins que celle de nouvelles matières plastiques recyclées au fur et à mesure de la baisse de l’enfouissement.

« C’est possible, nous devons avancer sur ce plan simultanément dans tous les pays d’Europe : les progrès sont possibles sur le plan de la réduction des déchets chez les consommateurs (prévention), en élargissant les schémas de collecte de plastiques, en améliorant la qualité du retraitement, enfin en promouvant la restriction de l’enfouissement et en diffusant ces progrès ailleurs dans le monde, notamment auprès du World Plastics Council (WPC) qui rassemble près de 50 leaders industriels de tous les continents, l’American Chemical Council (ACC) et … PlasticsEurope. Il ne reste plus à la Division Plastiques du BIR que d’y faire son entrée.

141027_BIR_PLASTIQUES_PETITHUGUENIN

Sébastien PetitHuguenin évoquant le cas français et le développement de Paprec (ph CJ MPE-Média)

Un portrait en pied du secteur du recyclage des plastiques en France proposé par M. Sébastien Petithuguenin, directeur de la division plastiques du groupe PAPREC était édifiant pour plusieurs raisons : « seul 20% des 5 millions de tonnes utilisées par les transformateurs de plastiques, soit 1,1Mt sont recyclées à ce jour alors que la France compte 130 installations de recyclage du plastique qui génèrent à peine moins de 2.000 emplois directs », explique Sébastien Petithuguenin.

Notant les progrès à réaliser en éco-conception, sur la fin de vie des produits plastiques et des résines, « l’efficacité du recyclage à faire progresser », le DG de Paprec a souligné que l’installation de solutions compétitives de recyclage des plastiques en France demandait la consolidation d’un marché solide en aval, avec des opportunités de négoce des nouvelles matières recyclées, de l’innovation et des aides à l’investissement.

« Il y a besoin d’améliorer les collectes, d’augmenter le taux de recyclage des matières plastiques, moins volatiles que les matières premières, moins producteur de CO2 que la production primaire », a expliqué M. Petithuguenin avant de présenter quelques projets innovants de recyclage développés par son groupe avec Saint-Gobain, parmi d’autres thèmes incluant le recyclage des métaux, des DEEE, des papiers-cartons et depuis peu pour 50.000 tonnes de déchets dangereux.

 

Christophe Journet

LOGO_BIR_2012

Voir aussi sur :

www.wrap.org.uk/scap2020

www.weloveyourclothes.org.uk

http://www.vdma.org

http://www.plasticseurope.fr

www.paprec.com

141020_Nuit MPE programme

ADHEREZ A MPE-MEDIA 2014

Retour vers le haut

Mis à jour (Lundi, 27 Octobre 2014 13:05)