PARIS (MPE-Média) - 370 professionnels du nucléaire européen et mondial participent ce jeudi 5 mars à la Convention de la Société Française d'Energie Nucléaire posant la question de la place du nucléaire dans le mix à venir et de la nature de la coopération franco-britannique dans ce contexte. Eléments.

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Les intervenants de la table ronde dédiée à la préparation de Paris COP 21 2015 (ph CJ MPE-Média)

"La préparation de la conférence de Paris sur le climat (COP 21), quelle place pour le nucléaire" est la question phare de la Convention organisée par la Sté Française d'Energie Nucléaire à la maison de la chimie de Paris ce jeudi 5 mars, en présence des experts les plus chevronnés de la spécialité. Vaste et complexe sujet, qui pose plusieurs types de questions non résolues à ce jour, telles que la possibilité de faire avancer l'Union européenne des 28 sur la piste du nucléaire de 4e génération, du traitement des déchets de l'une des rares sources d'énergie considérée par les chercheurs comme "neutre" en terme de production de gaz à effet de serre (GES).

Les interventions qualifiées de Jean-Pol Poncelet (FORATOM), de Gerassimos Thomas (Commission européenne), de Benoït Leguet (CDC Climat) montrent bien à quel point la disharmonie préétablie et ambiante rend pratiquement irréalisable d'autres projets que ceux que des pays et acteurs indépendants peuvent conclure entre eux, en respectant leurs propres programmes nationaux, quitte à devoir attendre quelques années avant de pouvoir composer à l'échelle de l'Union.

"L'idée est au moins de poser une boîte à outils, de se donner les moyens d'avancer, en engageant les états à faire du monitoring de projets, suivre leurs engagements dans le temps en vérifiant qu'on suit bien cette feuille de route. Le 2e élément sur lequel on peut avancer concerne les acteurs non étatiques, une fois que les états auront posé un prix du carbone", explique Benoît Leguet, qui ne pense pas que cela aura lieu durant COP 21 à Paris, observant que les Etats-Unis et la Chine l'ont déjà fait pour leurs propres systèmes industriels.

 

Trouver un autre mode de financement

Le même Benoît Leguet invite aussi les acteurs à se poser la question d'un autre mode de financement que le système bancaire, en créant leur propre monnaie de la même façon que les banques centrales font tourner la planche à billet!

Cette question du prix du carbone - voir nos précédents articles à ce propos et un propos récent de Mme Royal affirmant que "Paris posera un prix pour le carbone à 6 dollars la tonne" - demeure au centre des débats sur l'énergie, aussi bien parmi les acteurs du nucléaire que parmi les autres industriels : le Président d'EUROFER devait réagir ce jeudi à Bruxelles sur le risque que fait courir l'actuel système des "emissions trading system (ETS)" aux producteurs d'acier européen qui disent se retrouver en situation de non compétitivité face à leurs concurrents globaux, à cause du coût de l'énergie, des ETS et donc du prix de carbone et/ou de la décarbonation.

Le représentant de la Commission européenne déclare quant à lui que 2015 sera une année occupée par la résolution des sujets posés par EURATOM,  le rapprochement des positions des différents pays producteurs d'énergie nucléaire, dans l'axe de la lutte contre le réchauffement climatique mais aussi pour favoriser le développement d'un nucléaire compatible avec une attitude environnementale positive, compatible avec les objectifs d'un mix énergétique en ligne avec les objectifs que se fixent l'Europe et chaque gouvernement (voir vote récent du Sénat français).

La construction en cours de plus d'une vingtaine de centrales nucléaires de type EPR en Chine en complément des centrales déjà en service, à l'opposé du choix allemand de sortir du nucléaire, met en perspective les différences d'approche et le risque de voir l'Europe perdre pied dans son rapport à l'énergie, en terme de coût comme en terme de volume, peut-on résumer en écoutant les experts présents.

"On pourrait être sur une trajectoire assez proche des 2 degrés à ne pas dépasser en mettant en oeuvre un mix incluant du nucléaire mais plus riche en renouvelable", déclare Laurent Michel (DGEC) qui pose aussi la question de la transparence des choix à l'échelle internationale. "Et la question de l'offre industrielle", renchérit-il, "en particulier pour les pays émergents nouveaux entrants dans le nucléaire et l'ensemble de sa filière, en Europe ou ailleurs, dans l'après Fukushima".

In fine, on peine à définir une "stratégie nationale et européenne bas-carbone" faute de pouvoir rapprocher à la fois les points de vue politiques, les choix industriels, les perspectives découlant des prévisions de consommation d'énergie adaptées à la réalité de la demande. Sur ce plan, la nouvelle loi sur la "Croissance verte" exposée ce jeudi à Bruxelles par la ministre en charge de l'énergie Mme Royal peut apporter des directions de travail aux autres pays, explique Laurent Michel, confronté au silence poli du public de cette Convention de la SFEN.

 

Christophe Journet

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